L'organisation derrière le circuit de Formule E réclame 33 millions à la Ville de Montréal pour avoir rompu le contrat qui prévoyait deux autres éditions de la course controversée.

Valérie Plante avait annoncé peu après son arrivée à l'hôtel de ville qu'elle mettait fin à l'aventure Formule E, après une édition 2017 peu populaire et très critiquée. Son adversaire et prédécesseur, Denis Coderre, s'était fait le porte-étendard de ce projet, auquel plusieurs analystes ont attribué sa défaite aux dernières élections municipales.

En annonçant de façon abrupte qu'il n'y aurait pas d'autre édition de la course, Mme Plante et la Ville ont agi «de manière impulsive, arbitraire, abusive et préjudiciable», allègue Formula E Operations Limited (FEO), la compagnie anglaise qui gère le circuit, dans une poursuite lancée avec le syndic de faillite de Montréal c'est électrique (MCE), l'organisateur local. Montréal et sa mairesse «ont violé leur devoir d'agir de façon raisonnable et de bonne foi. [...] Ils ont causé préjudice à MCE et à FEO en toute connaissance de cause.»

Le projet «a été initié, mené et supporté par la Ville», assurent les poursuivants, ajoutant que la Ville avait gardé «un contrôle complet» sur l'événement. «La Ville ne pouvait pas, dans ces circonstances, simplement mettre une croix sur ses obligations et mettre fin au ePrix de Montréal sans porter attention aux conséquences.»

La procédure a été déposée au palais de justice de Montréal, jeudi après-midi.

Le cabinet de la mairesse a réagi par écrit en soirée. «Nous rejetons les prétentions de la Formule E et entendons contester celles-ci», indique-t-il dans une déclaration. «Nous ne commenterons pas davantage pour le moment puisque cet enjeu est judiciarisé.»

L'hôtel de ville passe ensuite à l'offensive en évoquant les circonstances de la signature du contrat répudié.

«Depuis le rapport du Bureau de l'inspecteur général (BIG), les Montréalais en ont appris davantage sur les dessous de l'organisation de cet événement, continue la déclaration. Nous sommes persuadés que nous avons pris la bonne décision pour les contribuables montréalais, après l'échéance des contrats.»

La cabinet de Valérie Plante fait référence au rapport accablant déposé le mois dernier qui épingle Denis Coderre pour avoir contourné les règles d'attribution de contrats afin de confier l'organisation de la course de Formule E à evenko, par l'entremise d'un organisme à but non lucratif, soit MCE. Résultat: le cabinet Coderre a gardé le contrôle sur l'événement qu'il savait largement déficitaire et n'a respecté ni l'indépendance ni l'autonomie de l'organisme.

Dans leur poursuite, le circuit et le syndic de faillite de MCE mentionnent continuer d'étudier ce rapport.

Ils soulèvent aussi des propos tenus publiquement pendant la campagne électorale dans lesquels Valérie Plante semble admettre que l'événement «est ici pour au moins trois ans».

En annonçant abruptement la fin de l'événement, Valérie Plante «avait l'intention d'empêcher - et a effectivement empêché - toute possibilité que FEO et MCE trouvent des alternatives», continue la poursuite. Elle ajoute que la mairesse ne pouvait pas prendre elle-même cette décision.