Des compensations lors des chantiers, des taxes moins élevées, un allègement de la bureaucratie. Un comité mis en place pour conseiller Montréal dans la relance de ses artères commerciales formule 23 recommandations pour mettre fin à la prolifération des locaux vacants. L'administration Plante promet de répondre à la majorité des demandes mercredi alors qu'elle dévoilera son plan commerce.

« Tempête parfaite »

Les temps sont durs pour les commerces de la métropole. « Il y a une tempête parfaite pour les commerçants de Montréal », constate le PDG de Desjardins, Guy Cormier, qui présidait le comité consultatif mis en place par l'administration Plante il y a deux mois. Parmi les difficultés s'abattant simultanément, le groupe de réflexion a notamment identifié le virage numérique du commerce de détail, les hausses de taxes constantes, les habitudes de vie changeantes des consommateurs, la popularité de l'économie du partage et la multiplication des chantiers de construction.

Compensations lors des chantiers

Sujet récurrent de plaintes, la multiplication des chantiers frappe de plein fouet les artères commerciales. Le comité recommande ainsi de mettre en place un système de compensations, une mesure maintes fois promise, mais qui se fait toujours attendre. Pour être efficace, un tel système devra demeurer simple et offrir des dédommagements rapides, dit Guy Cormier. « Ça ne donne rien de verser des sommes quatre ans après la fin des travaux. » Soulignant que la mise en place de compensations est suggérée à Montréal depuis plus de 10 ans, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, met au défi l'administration Plante de le mettre en place d'ici septembre. « Il y a urgence d'agir. Le défi, ce serait que, dès septembre, il y ait un mécanisme de compensation qui fonctionne », lance M. Leblanc.

Réponse rapide

Ayant le rapport en main depuis le 25 mai, l'administration Plante a dit vouloir répondre rapidement à la majorité des recommandations. À commencer par la question des compensations. « On veut agir rapidement », assure Robert Beaudry, élu responsable du développement économique. Demain, Montréal dévoilera ainsi son « plan commerce » qui détaillera notamment comment la Ville entend dédommager les commerçants affectés par les chantiers. « Notre plan devrait répondre à plusieurs des recommandations », dit Robert Beaudry.

Allègement des taxes

Au-delà des compensations durant les chantiers, les 23 recommandations formulées dans le rapport reprennent des thèmes bien connus. Ainsi, le groupe propose d'alléger le compte de taxes des commerçants, estimant qu'il est trop élevé. Ses membres souhaitent que Montréal réduise l'écart dans le taux de taxation entre le secteur résidentiel et le commercial, ce dernier étant quatre fois plus élevé. Guy Cormier estime que cette baisse ne devrait pas nécessairement entraîner une hausse de taxes pour les citoyens, des économies étant certainement possibles dans le budget de 5,5 milliards de la Ville, dit-il. « Je suis loin d'être convaincu que d'alléger le fardeau des commerçants va se répliquer par une hausse pour le résidentiel. »

« Cruel rappel »

Cette recommandation du comité représente « un cruel rappel pour l'administration qu'elle est allée dans une mauvaise direction avec son dernier budget », estime André Boisclair, PDG de l'Institut de développement urbain du Québec. Celui-ci appelle Projet Montréal à réduire les hausses des taxes commerciales afin de réduire l'écart avec le secteur résidentiel. M. Boisclair rappelle que l'administration Coderre avait décidé de freiner la hausse de taxes des commerçants, mais cette pratique a été mise de côté par l'équipe de Valérie Plante. « Le non-résidentiel représente 26 % de la valeur des actifs, mais contribue pour 56 % des revenus. Il y a déséquilibre », déplore le PDG de l'IDU.

Ne pas pénaliser l'entretien

Parmi les autres mesures pour alléger le fardeau de taxes des commerçants, le comité recommande de réduire dès 2019 le taux de taxes pour la première tranche de 500 000 $ des bâtiments commerciaux. Poussant plus loin, le groupe suggère même de hausser ce seuil à 750 000 $ en 2020 et 1 million en 2021. Cette mesure pourrait particulièrement favoriser les petits commerçants, estime-t-on. Et pour éviter de pénaliser les propriétaires rénovant ou agrandissant leur bâtiment, le comité propose que la Ville étale la hausse de valeur que ces travaux entraîneront sur plusieurs années pour éviter de les pénaliser. Le groupe propose aussi de permettre aux commerçants de payer en six versements leurs taxes plutôt qu'en deux, pour alléger l'impact de la réception du compte de taxes.

Miser sur l'hiver

Enfin, recommandation plus inusitée, le comité propose à Montréal de mettre en place une stratégie hivernale pour aider les commerçants à traverser cette période creuse. « Il y a de la neige quatre ou cinq mois par année. Et parfois, ça peut ne pas être agréable de venir commercer sur certaines artères de janvier à avril. Mais on le sait qu'il y aura de la neige en 2020 et en 2025, alors est-ce qu'on pourrait y réfléchir ? », évoque Guy Cormier. Pour rendre les artères attrayantes, le PDG de Desjardins estime que Montréal pourrait mieux planifier le déneigement, que les rues pourraient être animées et l'éclairage ainsi que l'ambiance musicale pourraient être soignés afin d'améliorer l'expérience hivernale. Guy Cormier suggère de s'inspirer du secteur de la place des Festivals qui offre une bonne expérience été comme hiver.