L'administration Plante devra verser jusqu'à 29,2 millions pour éviter que son centre de tri ferme et que les matières recyclables prennent le chemin du dépotoir. Devant la crise du recyclage frappant l'ensemble du Québec, les villes québécoises demandent l'aide de Recyc-Québec pour trouver de nouveaux débouchés, a appris La Presse.

Principal importateur de matières recyclables du monde, la Chine a sévèrement resserré, au début de l'année, ses critères concernant ce qu'elle acceptait de recevoir. Ce changement a eu d'importantes répercussions sur le Québec qui y envoyait la quasi-totalité de son papier et de son carton recyclés, lesquels n'y sont plus acceptés. Leur prix sur les marchés ayant chuté, les divers centres de tri doivent depuis composer avec de grandes quantités de matières recyclables pour lesquelles ils ne trouvent pas preneur, en plus de vivre d'importantes difficultés financières.

L'impact est majeur pour Montréal. Jusqu'à récemment, la vente du papier et du carton recyclables générait des profits, la métropole ayant encaissé 5,8 millions au cours des 10 dernières années. 

Or, pour maintenir son centre de tri ouvert jusqu'à la fin de 2019, la Ville évalue désormais qu'elle devra débourser jusqu'à 29,2 millions pour maintenir leur traitement, révèle un document remis mercredi à l'administration Plante que La Presse a aussi obtenu.

Montréal a en effet accepté de renégocier les contrats de l'entreprise Rebuts solides canadiens, qui gère le centre de tri. Celle-ci avait avisé la métropole qu'elle s'apprêtait à mettre fin au tri des 153 000 tonnes de matières recyclables récoltées dans l'île chaque année en raison de la chute de leur prix sur les marchés. Pour éviter cela, la métropole a accepté de revoir le partage des risques.

La Ville estime ne pas avoir d'autre option, l'entreprise étant la seule en mesure de traiter autant de matières pour le moment. Si elle devait fermer, «la cessation des activités du centre de tri aurait pour conséquence que les matières recyclables devraient être redirigées vers les lieux d'enfouissement», souligne le document soumis à l'administration Plante.

La métropole fait construire actuellement un nouveau centre de tri à Lachine, mais celui-ci n'ouvrira pas ses portes avant la deuxième moitié de 2019. Il pourra traiter 100 000 tonnes de matières par année. Montréal prévoit attribuer un nouveau contrat à un centre de tri privé à partir de 2020 pour traiter le reste des matières, pour environ 65 000 tonnes par an.

L'UMQ s'en mêle

La question a rebondi aux assises annuelles de l'Union des municipalités du Québec, alors que plusieurs villes voient leur centre de tri éprouver des difficultés financières. À l'initiative de la mairesse Valérie Plante, la direction de l'organisation a décidé de demander la formation d'un comité avec Recyc-Québec afin de revoir le modèle d'affaires du recyclage dans la province. 

On souhaite que ce groupe étudie tant la qualité des matières recyclables que les débouchés possibles et les mesures financières.