Denis Coderre reconnaît avoir eu « très, très mal » lorsqu'il s'est incliné devant Valérie Plante aux dernières élections municipales, mais n'écarte pas un retour en politique.

L'ex-maire de Montréal s'est confié dimanche à Paul Arcand, dans le cadre de l'émission Conversations secrètes.

Revenant pour la première fois sur le revers qu'il a subi en novembre, Denis Coderre a admis qu'il n'était pas encore tout à fait remis de sa défaite. Après une fin de carrière politique abrupte, il s'était d'ailleurs accordé une semaine « seul avec [lui-même] » après les élections pour « décanter », a-t-il raconté à Paul Arcand.

Bien qu'il ait paru plutôt stoïque le soir de sa défaite, M. Coderre raconte à Paul Arcand avoir eu « très, très mal ». « Je ne l'ai pas vue venir », a-t-il avoué à propos de son échec, mentionnant qu'il est « un gars compétitif qui n'aime pas la défaite ». « J'aurais dû en faire plus », a-t-il ajouté, avec regret.

Les observateurs à l'époque de la campagne électorale rapportaient qu'il ne semblait pas avoir de plaisir. C'était avec raison, selon lui, car il était « sur pilote automatique », et les différentes crises qui ont frappé son administration et sa vie personnelle ont fini par prendre le dessus. « J'ai manqué de gaz, [...] j'ai frappé un mur », a-t-il conclu.

« UN MAUVAIS PÈRE »

Le fils de Denis Coderre, Alexandre, a été condamné pour fraude et méfaits en septembre 2017. C'est l'ex-maire lui-même qui avait passé l'appel aux autorités, croyant avoir été victime de fraude. Il a été conclu après une enquête qu'Alexandre Coderre était en fait celui qui avait fraudé et avait ensuite menti à son père ainsi qu'aux policiers.

Près de neuf mois plus tard, Denis Coderre, les larmes aux yeux, a raconté que cette histoire, « un des moments les plus difficiles de [sa] vie », l'avait « jeté à terre ». « Quelque chose a brisé en moi pendant ce temps-là, a-t-il reconnu. C'est venu me chercher. » 

Il dit avoir ressenti beaucoup de culpabilité lorsqu'il a compris que son fils n'avait pas avoué ses torts parce qu'il avait peur de lui. « Être un père qui a incriminé son propre fils, j'ai une boule dans la gorge à y penser, a-t-il confié à Paul Arcand. J'ai été un bon maire, mais j'ai toujours pensé que j'ai peut-être été un mauvais père. »

Il a d'ailleurs laissé entendre que cet incident, qui a beaucoup miné son moral, faisait partie des « événements difficiles » qui ont contribué au ton de sa campagne électorale et au résultat de l'élection.

UN MANDAT EMPREINT DE POLÉMIQUES

Un autre dossier éprouvant durant la fin de mandat de Denis Coderre a été la tenue du Grand Prix de Formule E dans la métropole. Le maire a beaucoup été critiqué pour sa décision d'amener l'événement à Montréal, ainsi que pour la faillite de l'initiative.

Le politicien, maintenant conseiller spécial chez Stingray et ambassadeur pour la fondation de l'Hôpital général juif, s'est ouvert sur la rocambolesque épopée qu'a été « l'affaire Formule E ». Il a reconnu avoir fait des erreurs, notamment en refusant de divulguer les chiffres des ventes après la tenue de l'événement sportif. « Mais si on l'avait dit directement, ils auraient trouvé quelque chose d'autre à dire », a-t-il toutefois ajouté, visant vraisemblablement les journalistes et ses opposants politiques.

Denis Coderre avait annoncé qu'il quittait la vie politique dans son discours du 5 novembre 2017, quelques instants après la victoire de Valérie Plante. De l'eau a coulé sous les ponts depuis, et il laisse maintenant planer une possibilité de retour. « Je ne sais pas si je vais me représenter, a-t-il avoué. Je ne dis pas non. »