La Société de transport de Montréal (STM), maître d'oeuvre d'un projet de prolongement de la ligne bleue du métro, estimé à 3,9 milliards, a tenu hier une séance de breffage aux médias pour réfuter toute comparaison avec la construction du métro de Laval, qui a coûté cinq fois moins cher il y a 10 ans.

En 2007, le coût du prolongement du métro de Laval, qui faisait 5,2 km, s'est élevé à 745 millions, soit 143 millions par kilomètre, en dollars de 2007, selon un courriel envoyé le 10 avril dernier à La Presse par le Réseau de transport métropolitain (RTM). Le coût du prolongement de la ligne bleue du métro vers Anjou, qui fera 5,8 km, est quant à lui estimé à 3,9 milliards, soit 672 millions par kilomètre, en dollars de 2018.

Malgré la longueur comparable des deux tronçons de métro, la STM affirme que des comparaisons entre les deux projets ne sont pas possibles parce que le prolongement de la ligne bleue est un projet de plus grande ampleur, qui comprend des éléments qui n'étaient pas pris en compte dans les coûts du métro à Laval. Voici les explications de la STM.

INDEXATION DES COÛTS

293 millions

La STM estime que l'indexation des coûts entre les deux projets doit être calculée sur 20 ans parce que le métro de Laval a été construit entre 2002 et 2007, tandis que la ligne bleue sera construite entre 2021 et 2026. Selon elle, le taux d'« indexation composée » devrait donc être de 39 % par rapport au coût du métro de Laval.

Le coût du métro de Laval était de 745 millions en dollars de 2007. Selon la feuille de calcul de la Banque du Canada, le montant doit être indexé de 19,62 % (et non de 39 %) pour être converti en dollars de 2018. En dollars constants, le coût du métro de Laval serait donc de 891 millions, soit un coût indexé de 146 millions (et non 293 millions).

EXPROPRIATIONS

361 millions

Les coûts d'acquisition des terrains nécessaires à la construction de la ligne bleue seront plus élevés de 361 millions parce qu'elle sera construite dans un secteur à haute densité commerciale et résidentielle, ce qui n'était pas le cas du métro à Laval.

TUNNEL PIÉTONNIER

69 millions

Le projet de la ligne bleue comprend la construction d'un tunnel piétonnier pour relier le métro au futur SRB Pie-IX, un projet de corridor de bus express qui croisera la future ligne.

ÉTUDES PRÉLIMINAIRES

32 millions

Ces coûts sont attribuables à des études menées avant l'annonce du projet de la ligne bleue. Seules quelques études (dont le coût n'est pas connu) auraient été réalisées pour la construction du métro de Laval.

FRAIS FINANCIERS À COURT TERME

172 millions

Les coûts de financement à court terme, pour payer les intérêts sur les sommes empruntées à mesure que le projet avance, doivent maintenant être intégrés aux grands projets en vertu de politiques gouvernementales qui n'existaient pas à l'époque du métro de Laval.

FRAIS DE FINANCEMENT À LONG TERME

445 millions

Les frais de financement à long terme n'étaient également pas inclus dans le budget global d'un projet d'infrastructure à l'époque de la construction du métro de Laval.

RÉSERVE POUR RISQUES

400 millions

Le budget du prolongement de la ligne bleue intègre une réserve de 400 millions pour des imprévus. Selon la STM, le budget de la ligne de métro de Laval n'en comprenait pas. C'est inexact. Lors de la révision du budget du métro de Laval par un comité d'experts, en 2004, une marge de 50 millions a été intégrée au budget définitif du projet.

MODE DE RÉALISATION

344 millions

La STM a ajouté au budget de la ligne bleue une somme hypothétique de 344 millions qui pourrait être nécessaire en fonction du mode de réalisation qui sera choisi pour construire le projet. Une exigence de construction clé en main, par exemple, pourrait justifier que des entreprises de construction augmentent le montant de leur soumission par précaution si une partie du risque devait leur incomber, en cas de dépassements de coûts.

ENVERGURE ADDITIONNELLE

1032 millions

Un budget de plus de 1 milliard serait nécessaire pour couvrir des coûts qui ne se sont pas présentés dans le cas du métro de Laval. Ces ajouts sont les suivants : 

• 350 millions pour deux stations de plus (la ligne bleue en prévoit cinq, le métro de Laval en compte trois) ;

• 93 millions pour cinq édicules secondaires (structures d'accès) ;

• 131 millions pour 1,4 km de tunnels de service et de structures auxiliaires ;

• 257 millions pour les stationnements souterrains des rames du métro. Le stationnement de la ligne bleue accueillera 10 rames. Celui du métro de Laval en accueille seulement trois ;

• 112 millions pour un centre d'attachement ;

• 89 millions pour la relocalisation d'infrastructures souterraines sur le parcours du métro.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Les coûts d'acquisition des terrains nécessaires à la construction de la ligne bleue seront plus élevés de 361 millions parce qu'elle sera construite dans un secteur à haute densité commerciale et résidentielle.