« Je voudrais juste vous laisser un, un document. Parce que je ne sais pas ce qui va m'arriver. »

Le 9 août 2015, quelques jours après que sa maison d'Outremont et sa maison de campagne ont fait l'objet d'une perquisition, l'ex-maire de Montréal Gérald Tremblay, en larmes, s'entretient au téléphone avec son ancienne adjointe. Il lui demande s'il peut lui confier un document. « Je ne sais pas quoi dire », rétorque-t-elle après un long silence. Ils conviennent alors qu'il apportera le document chez elle, et la remercie avant de raccrocher.

Toute cette conversation a été captée par une opération d'écoute électronique menée par l'Unité permanence anticorruption (UPAC) dans le cadre de son enquête sur les allégations de corruption à Montréal pendant le règne du maire Tremblay, a révélé ce matin le quotidien Montreal Gazette.

Ni M. Tremblay, qui a démissionné en 2012, ni son adjointe ne sont visés par des accusations criminelles.

La transcription de cette conversation se trouvait dans un affidavit destiné à obtenir un mandat de perquisition dans la maison de cette assistante en 2016. Montreal Gazette a obtenu cette semaine la levée l'interdit de publication qui visait des affidavits liés à l'enquête de l'UPAC.

L'UPAC a obtenu 38 mandats de perquisition dans le cadre du projet Fronde. Cette enquête s'est amorcée en 2009 dans la foulée du scandale des compteurs d'eau, et s'est depuis intéressée au financement d'Union Montréal, défunt parti politique de Gérald Tremblay ainsi qu'à la collusion pour financer les Championnats du monde de natation de la FINA en 2005.

Le projet Fronde a mené à l'arrestation en septembre 2017 de l'ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal Frank Zampino ainsi que de Bernard Trépanier, ex-collecteur de fonds d'Union Montréal, surnommé « Monsieur 3% ».