Le bureau de projet du Réseau express métropolitain (REM) présentera à la fin d'avril le calendrier des perturbations à prévoir cette année dans les transports en commun pour l'ensemble de la région de Montréal.

L'opposition officielle à Québec redoute les impacts du début des travaux du REM et dénonce la détérioration de la qualité du service à venir, même lorsque le REM sera en fonction. Le projet du REM de la Caisse de dépôt est sous le feu des critiques depuis quelque temps, en raison des monopoles qu'il a obtenus, mais aussi du manque de transparence et des risques d'explosion des coûts pour les municipalités.

L'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a fait connaître mercredi les mesures d'atténuation qui allaient être mises en place sur la ligne de train de banlieue Montréal-Deux-Montagnes et aussi sur la ligne Montréal-Mascouche.

Le service sera en effet interrompu à compter du 27 avril les fins de semaine pour les travaux préparatoires, ce qui toucherait plus de 4500 usagers. Mais ce n'est que le début. Des interruptions en semaine seront à prévoir ultérieurement.

À compter du vendredi soir 27 avril donc, les passagers devront transiter par autobus des gares de Deux-Montagnes et Grand-Moulin jusqu'à la station de métro Montmorency à Laval. Le service reprendra le lundi matin.

D'autres mesures seront annoncées prochainement, laisse entendre le communiqué diffusé mercredi après-midi.

«C'est le début, on va avoir une présentation à la fin d'avril du calendrier consolidé pour l'année 2018», a expliqué Jean-Vincent Lacroix, du bureau de projet du REM, en entrevue avec La Presse canadienne.

«On va avoir la planification annuelle des travaux, chaque année, et la présentation des diverses interventions requises. (...) Ce sera un événement de (l'organisme) Mobilité Montréal.»

Ce sont les consortiums choisis qui vont faire connaître leurs échéanciers, notamment pour l'électrification, la réfection du tunnel du mont Royal, etc.

«Amortir le choc»

Le chef péquiste Jean-François Lisée a dénoncé en Chambre mercredi le fait que les usagers du service soient tenus dans l'ignorance des perturbations à venir.

«Je demande au premier ministre, qui suit ça de près, c'est son bébé, le REM: est-ce qu'il peut confirmer aujourd'hui qu'il n'y a pas d'entente entre la Société de transport de Montréal (STM) et la Caisse, trois semaines avant l'interruption du service, pour savoir comment on va amortir le choc?»

Le premier ministre Philippe Couillard a dit qu'il y aura une entente quand les travaux vont commencer et que l'entente ne sera «pas aujourd'hui».

Il a ajouté que le Parti québécois «a pris une décision à l'envers de l'histoire de s'opposer au plus grand projet de transport collectif».

L'opposition officielle s'objecte à ce que le REM démantèle la ligne de train de banlieue actuelle Montréal-Deux-Montagnes pour mettre en place son propre réseau.

Le PQ a même présenté sa propre solution pour remplacer le REM, appelé le «Grand Déblocage», censé répondre aux besoins de toute la région métropolitaine, notamment l'est de l'île et la Rive-Sud qu'il juge mal servis par le projet de la Caisse de dépôt.

Moins de confort

L'opposition péquiste fait notamment remarquer que le service offert par le REM sera moins confortable que le service actuel sur la ligne Deux-Montagnes, selon le rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

«Le réseau électrique métropolitain (l'ancien nom du REM) ne serait pas conforme à la norme de confort utilisée par l'Agence métropolitaine de transport. Cette norme définit la limite du confort à deux personnes debout par mètre carré pendant un maximum de 20 minutes.»

Or, le BAPE déplore que le nombre de places assises dans le REM soit inférieur à celui des trains de banlieue. «En période de fort achalandage, une voiture de REM remplie au maximum de sa capacité contiendrait de 30 à 35 personnes assises et de 115 à 120 personnes debout, peut-on lire. Cette quantité correspondrait à un ratio de 4 personnes par mètre carré dans les voitures.»

Selon les estimations fournies par l'opposition, à l'heure de pointe, de 6 h à 9 h le matin, le train actuel offre 9000 places assises, alors que le REM en offrirait 5880, tandis qu'un gouvernement péquiste veut en offrir 20 000 avec son scénario.

La Presse canadienne rapportait en début de semaine que les grandes villes de banlieue, comme Laval et Longueuil, s'insurgeaient contre le REM, en raison des vastes zones de monopole qu'il a obtenues, des territoires de rabattage imposés, ainsi qu'une tarification à l'avantage de la Caisse.

Le REM est un projet de train de banlieue de 6,3 milliards mené par la Caisse de dépôt, mais également financé par le Québec, le gouvernement fédéral et Hydro-Québec.

Il comprend une grande ligne qui va de la couronne nord (Deux-Montagnes) à la Rive-Sud (Brossard) en passant par l'île de Montréal, ainsi que deux segments vers l'ouest de l'île, pour un total de 26 stations. Les travaux doivent se terminer en 2021.

Le Parti québécois a proposé la semaine dernière l'abandon du REM pour réorienter l'argent vers un vaste réseau de bus rapides, de tramways et une bonification majeure des services de trains de banlieue pour desservir l'ensemble de la grande région métropolitaine.

Évalué à un peu plus de 7 milliards, le plan du PQ prévoit neuf circuits de bus rapide dans l'est et l'ouest de Montréal, sur la Rive-Sud et sur la couronne nord, cinq lignes de tramways électriques dont quatre sur l'île desservant le secteur de l'hippodrome, l'aéroport international Montréal-Trudeau, l'est de Montréal jusqu'à son extrémité et le boulevard Saint-Laurent.