Après un «hiver exceptionnel» où la facture du déneigement a explosé de 22 millions, l'administration Plante compte doter Montréal d'une réserve neige pour limiter l'impact des soubresauts de Dame Nature. La Ville est également à revoir ses pratiques alors que la centralisation des opérations a grandement contribué à alourdir la facture.

«Depuis que les activités de déneigement ont été centralisées [en 2016], nous sommes dans le trou année après année. Et cette année, c'est exceptionnellement un gros trou», a déploré Benoit Dorais, responsable des finances au sein de l'administration Plante.

Lors de la séance du conseil municipal, les élus ont ainsi été appelés à voter une augmentation de 22 millions du budget neige, soit une hausse de 15%. Le déneigement devrait ainsi coûter 176 millions en 2018.

Cette augmentation du budget neige a été jugée nécessaire puisque les fonds accordés aux déneigeurs avaient entièrement été épuisés alors que certaines ententes sont pourtant valides pour deux hivers encore. L'administration Plante a ainsi déploré le fait que la Ville de Montréal ne dispose d'aucun coussin pour faire face aux aléas de la météo.

Tournée des arrondissements

L'élu responsable du déneigement, Jean-François Parenteau, a fait une tournée des 19 arrondissements pour évaluer les pratiques. Celui-ci a indiqué qu'il compte présenter sous peu des propositions pour revoir la politique de déneigement.

Rappelons que l'administration Coderre avait décidé en 2016 de centraliser la gestion du déneigement afin d'harmoniser les pratiques. Le personnel des arrondissements continue à faire le travail, mais c'est la ville-centre qui décrète le début des opérations et qui paie la facture.

La Ville a profité de cette réforme pour changer la façon dont elle rémunère les déneigeurs. Auparavant, leurs contrats étaient payés selon le nombre de centimètres de neige tombés. Les nouveaux les rémunèrent plutôt selon la quantité de neige ramassée.

20 millions de mètres cubes

Les précipitations ont été particulièrement importantes cet hiver. Montréal évalue à 20 millions de mètres cubes la quantité de neige ramassée en 2018, alors que la moyenne est de 12 millions.

Une analyse des différents contrats démontre ainsi que ceux accordés depuis la centralisation ont augmenté davantage que ceux accordés auparavant. Les anciens contrats de déneigement toujours en vigueur ont ainsi augmenté de 9%, passant de 42 à 46 millions, alors que les nouveaux ont grimpé de 14%, passant de 58 à 66 millions.

L'augmentation pour les contrats de transport de la neige est encore plus frappante. Les anciens ont augmenté de 13% tandis que les nouveaux ont explosé de 48%.

Parmi les autres facteurs qui ont contribué à faire augmenter la facture, Montréal a dû louer davantage de machinerie. Les sites d'élimination de la neige ont aussi coûté plus cher.

Vers des surplus?

L'opposition a accepté d'appuyer la hausse du budget neige, mais a estimé que ce montant avait été artificiellement gonflé. «L'administration est-elle en train de se fabriquer des fonds de tiroir ou des surplus en estimant à la hausse le coût des contrats de neige pour les prochains hivers? On sait très bien que si ces sommes ne sont pas utilisées pour ces contrats, elles vont se transformer en surplus budgétaires. L'administration pourra se taper dans les mains et se dire bonne gestionnaire», a dénoncé Richard Guay.

Benoit Dorais a assuré que cette hausse était nécessaire, puisque les fonds de plusieurs contrats encore valides pour deux hivers étaient déjà épuisés. «Les chutes exceptionnelles de neige sont venues gruger les autorisations de dépense de cette année, mais aussi des années ultérieures», a-t-il dit.