La cure minceur au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne nuira pas à la sécurité des Montréalais, assure le chef intérimaire Martin Prud'homme. Celui-ci a présenté mardi aux élus montréalais son plan pour réorganiser le corps policier afin de le sortir de sa crise de confiance, mais aussi d'en réduire les coûts.

STRUCTURE LOURDE

Nommé par Québec en décembre pour sortir le SPVM de sa crise de confiance, Martin Prud'homme a présenté mardi après-midi son plan de réorganisation du corps policier à un groupe d'élus. Le chef de police par intérim a d'abord confirmé avoir constaté une lourdeur dans la gestion du service, notant des chevauchements et un important déséquilibre dans le rôle de plusieurs cadres. « La structure actuelle est complexe et très administrative, donc moins efficace lors d'opérations. [...] La structure est trop lourde, elle est composée de trop de paliers de gestion », a-t-il résumé.

ABOLITION D'UN PALIER DE CADRES

Pour régler cette lourdeur, Martin Prud'homme a décidé d'abolir une catégorie de cadres, soit le grade d'assistant-directeur. « C'est un palier de gestion qui est éliminé », a-t-il indiqué. La haute direction du SPVM passera ainsi de 11 à 4 personnes. Les cadres restants chapeauteront les quatre directions qui composeront le corps policier, soit les enquêtes criminelles, la gendarmerie, les services corporatifs et les normes professionnelles. Cette dernière direction regroupera tant les affaires internes qu'un service de l'intégrité du processus de promotions et de la formation.

DES COMPRESSIONS, MAIS PAS DE COMPROMIS

Parallèlement à cette réorganisation du SPVM, Martin Prud'homme compte revoir chacune des activités pour « respecter la capacité de payer des Montréalais ». « Nous allons passer unité par unité, mandat par mandat, pour nous assurer que nous sommes alignés sur notre mission première », a indiqué le directeur par intérim. Confirmant que des compressions de 20 à 30 millions sont attendues du SPVM, Martin Prud'homme a tenu à assurer qu'il n'est pas question de « mettre en péril la sécurité des Montréalais ».

NOMINATION D'UN NOUVEAU CHEF

Martin Prud'homme s'est montré avare de commentaires sur le profil du futur chef de police qui sera appelé à prendre la barre du SPVM après son intérim d'un an. L'administration Plante a dit ne pas être pressée de le remplacer, se déclarant satisfaite de son travail pour redresser la barre du SPVM. « M. Prud'homme a toute notre confiance pour la réorganisation », a indiqué Nathalie Goulet, élue responsable de la sécurité publique au sein du comité exécutif.

DÉPOLITISER LE CHEF DE POLICE

Alors que le nom de l'inspecteur général Denis Gallant a circulé dans les médias pour prendre la barre du corps policier, l'élu Alex Norris, qui préside la Commission de la sécurité publique, a invité les médias à la prudence. « Il faut cesser ces commérages. Ce serait prématuré de nommer des noms. On n'a même pas terminé la réflexion sur le processus pour choisir le prochain chef de police ou même le profil qu'on veut », a-t-il dit. Il a insisté sur l'importance de dépolitiser cette nomination. « Lors du dernier mandat, l'ancien maire n'hésitait pas à prendre le téléphone pour régler des affaires personnelles. Nous mettons fin à cette culture. »

LE REMÈDE DE LA TRANSPARENCE

Le passage de Martin Prud'homme devant la Commission de la sécurité publique a marqué une première mardi alors que ce groupe de neuf élus se réunissait traditionnellement à huis clos. Son président, Alex Norris, a dit voir ce virage comme un remède à la crise de confiance ayant ébranlé le SPVM. « On est en train de révolutionner le processus de reddition de comptes du service de police de Montréal. Ça fait des années que c'est entouré d'une culture du secret, ce qui a nui à la culture du SPVM, à notre avis. Ça a contribué à la situation que vit actuellement le SPVM. En ouvrant les portes de la Commission, nous allons améliorer la situation », a estimé M. Norris.

SUJETS DÉLICATS

En ouvrant les portes de la Commission de la sécurité publique, Alex Norris prévient qu'il ne limitera pas les citoyens dans leurs questions au SPVM. À chaque séance, les participants seront libres d'aborder les sujets de leur choix et pas uniquement le thème du jour. « Je veux aborder tous les sujets, même s'ils sont difficiles. Il en va de la confiance de la population », a-t-il dit. On en a d'ailleurs eu un bon aperçu mardi alors que la majorité des questions ont porté sur les armes intermédiaires - comme les balles de plastique et grenades assourdissantes - plutôt que sur la réorganisation du SPVM. Même si une séance de la Commission portera précisément sur leur utilisation, le chef Prud'homme a indiqué qu'il estimait que « ces armes sont utiles pour protéger la vie des citoyens ».

MESSAGE RASSURANT

Par ailleurs, Martin Prud'homme a de nouveau insisté dans son témoignage pour assurer que, près de trois mois après avoir pris la direction du SPVM, il n'a rien découvert remettant en question la qualité du service. « Vous avez un très bon service de police à Montréal, un des meilleurs en Amérique du Nord. Les policiers sont au rendez-vous, professionnels, compétents. Ce n'est pas parce qu'il y a eu ces dernières années des problèmes dans la gestion qu'il n'y a pas un bon service. »