Montréal ne couvrira finalement pas le chantier de la rue Sainte-Catherine d'une immense structure gonflable. L'administration Plante a décidé d'abandonner cette mesure prise pour mitiger les impacts des travaux, estimant qu'elle risquait de causer plus de problèmes qu'en régler.

«On a pris la décision de ne pas aller de l'avant avec les structures gonflables», a confirmé l'élu responsable du dossier, Robert Beaudry.

Après une longue consultation et un concours de design en 2016, la Ville de Montréal avait annoncé son intention de couvrir le chantier de la rue Sainte-Catherine d'un long couloir gonflable sous lequel la machinerie aurait opéré durant les travaux. Le plan a toutefois finalement été jugé irréaliste, si bien qu'il avait été décidé de déplacer les structures gonflables à l'entrée et la sortie du chantier pour rendre l'artère attrayante malgré tout.

Après analyse, la nouvelle administration montréalaise a conclu que le jeu n'en valait tout simplement plus la chandelle. «Nos services n'étaient pas capables de nous prouver que ça n'aurait pas d'impact sur l'échéancier des travaux. Il y avait trop d'incertitudes», a précisé M. Beaudry. Les structures gonflables devant être déplacées avec la progression des travaux, des retards dans le déroulement des travaux étaient appréhendés.

L'opposition a déploré cette décision, estimant que la présence de structures gonflables aurait attiré l'attention des visiteurs et assuré un achalandage sur l'artère malgré les travaux. «On aurait pu démontrer à la population qu'il y avait une opportunité de venir au centre-ville, de fréquenter les commerces», a dit le chef de l'opposition, Lionel Perez.

Pour Robert Beaudry, l'important n'était toutefois pas de rendre le chantier attrayant que l'aménagement à l'issue des travaux. «Ce n'est pas au chantier d'être audacieux, c'est au concept d'aménagement de la rue de l'être. On parle d'une des artères les plus importantes à Montréal et au Canada. Son chantier doit être propre, accessible et se faire dans les temps, mais n'a pas à être audacieux. Ce qui a à être audacieux, c'est la signature qu'on donne à la rue Sainte-Catherine», dit-il.

Et justement, l'administration Plante juge que le projet proposé jusqu'à présent manquait de panache. «Le projet de la précédente administration n'avait pas cette audace. On veut une artère signature», dit Robert Beaudry.

Il a donc été décidé de revoir le concept de fond en comble. La nouvelle proposition doit être dévoilée à la fin de février ou début mars.

Robert Beaudry indique qu'une décision n'a pas encore été prise sur la présence ou non de trottoirs chauffants. Les chances sont toutefois minces selon nos informations puisque leur aménagement serait plus coûteux qu'anticipé.

L'opposition juge préoccupant que l'administration en soit encore à prévoir l'aménagement de la rue alors que les travaux ont débuté. «C'est préoccupant qu'ils ne sachent pas où il s'en vont», a dénoncé Lionel Perez. Celui-ci s'attend à ce que les travaux accusent du retard, ce qui accentuera les désagréments pour les commerçants du secteur. «C'est difficile à croire que l'échéancier ne va pas être retardé. En fait, c'est pratiquement impossible qu'il n'y ait pas de retard», estime le chef de l'opposition.

Robert Beaudry assure qu'il n'est pas trop tard. «C'est comme si on parlait de la construction d'une maison. On travaille sur les fondations, la tuyauterie, mais vous me demandez la couleur des murs et les rideaux qu'on va mettre. On a encore le temps parce que ça vient en dernier.»

Le projet de réfection de la rue Sainte-Catherine doit coûter 140 millions.