Le budget 2018 de la Ville de Montréal prévoyant des hausses de taxes résidentielles de 3,3% a été adopté mercredi tel quel. Reconnaissant que l'exercice a été difficile, la mairesse Valérie Plante estime que son administration sera en meilleure posture l'an prochain pour «faire respirer les Montréalais».

Les élus montréalais ont débattu pendant plus de cinq heures mercredi avant de se prononcer sur le tout premier budget de l'administration Plante-Dorais. Celui-ci a finalement été adopté, 40 élus l'ayant appuyé, tandis que 24 se sont prononcés contre.

«Quarante élus ont voté en faveur parce qu'ils ont bien compris que c'était un budget de transition et il est responsable», a déclaré Valérie Plante, à l'issue du vote.

Outre les membres de Projet Montréal, la majorité des élus indépendants ont appuyé le budget. Seul le conseiller Marvin Rotrand a joint sa voix à l'opposition pour voter contre celui-ci.

Valérie Plante a indiqué que son administration travaillerait en 2018 à s'assurer de pouvoir tenir sa promesse de limiter les hausses de taxes à l'inflation lors de son prochain budget. «Maintenant, c'est nous qui prenons les décisions. On vote encore des contrats décidés par l'ancienne administration, mais plus ça va, plus ce sont nos décisions à part entière. Alors c'est certain qu'on va tout faire pour faire respirer les citoyens et les commerçants», a-t-elle dit.

Amendements rejetés

Afin de réduire la hausse de taxe de 3,3%, l'opposition a présenté deux amendements pour tenter de modifier le budget, mais ceux-ci ont été rejetés par l'administration. Ils consistaient notamment à rayer l'augmentation liée à la taxe de l'eau, ce qu'a catégoriquement refusé la mairesse. «La ville que je veux laisser à mes enfants et tous les Montréalais, ce n'est pas une ville endettée, une ville où les tuyaux coulent de partout. C'est une ville qui investit dans le développement économique, dans l'habitation et dans la mobilité», a-t-elle répondu.

Lionel Perez a refusé de voir dans ces refus une bataille perdue pour sa formation. «Aujourd'hui, ce sont les Montréalais qui ont perdu. Le budget va faire mal. Les taxes vont augmenter, tout comme le coût des immatriculations et les tarifs dans les complexes sportifs. La réalité, c'est que les Montréalais sortent perdants.»

Débat houleux

Le débat sur le budget a donné lieu à des échanges musclés entre la mairesse et le chef de l'opposition, Valérie Plante digérant mal de voir son vis-à-vis lui proposer de l'aider à réécrire le tout. «Arrêtez votre cinéma. Vous étiez très au courant de la situation. Votre main tendue, je n'y crois pas. Vous êtes au courant des pots cassés que votre administration nous a laissés», a-t-elle lancé à son adversaire, en référence au trou budgétaire de 358 millions dont l'administration Plante-Dorais dit avoir hérité.

Lionel Perez a rétorqué à plusieurs reprises qu'«essayer de blâmer l'ancienne administration démontre à quel point vous n'êtes pas prêts à gouverner».

Parmi ses reproches face au budget, l'opposition a principalement déploré le fait que celui-ci ait été voté avant que l'administration ne présente le programme triennal des immobilisations. Ce plan des projets que Montréal souhaite réaliser au cours des trois prochaines années permet en effet d'évaluer le poids de la dette sur les finances de la Ville et est généralement présenté avant le budget. Lionel Perez a qualifié le délai dans son dépôt - prévu la semaine prochaine - de «manque de rigueur».

Certains élus de l'opposition ont tenu des propos durs envers l'administration Plante-Dorais. «En anglais, il y a un dicton selon lequel la ligne est mince entre le courage et la stupidité. Je crois que cette ligne a été franchie avec ce budget», a lancé Alan De Sousa, maire de l'arrondissement Saint-Laurent.

La mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, a accusé l'administration de ne pas s'être tenue debout face aux demandes des fonctionnaires municipaux, ce qui explique la forte hausse des dépenses. «L'administration a suivi les yeux fermés les recommandations des services et a pris le chemin facile en pigeant dans la poche des contribuables.» L'élue qui était responsable de l'eau s'est félicitée d'avoir réussi à augmenter les investissements dans le réseau souterrain sans augmenter la taxe de l'eau.

Manifestation devant l'hôtel de ville

Plus tôt en journée, une manifestation a rassemblé une trentaine de personnes devant l'hôtel de ville pour protester contre la hausse de taxes. C'est l'homme d'affaires Peter Sergakis qui avait convié les commerçants mécontents de voir leur avis d'imposition grimper de 3% en 2018.

Soulignant qu'il restait 45 mois au mandat de Valérie Plante, Peter Sergakis a prévenu les élus qu'ils risquaient de le revoir d'ici les prochaines élections. «Je vais être là souvent, je vous le promets», a-t-il dit. Peu après, la mairesse s'est rendue dans le hall de l'hôtel de ville pour rencontrer l'homme d'affaires, avec qui elle compte avoir une rencontre pour discuter des taxes aux commerces.

Fait inusité, le long débat sur le budget s'est déroulé en présence d'un nourrisson, la conseillère Sophie Mauzerolle ayant assisté aux échanges 20 jours à peine après avoir donné naissance à son fils Victor. Deux autres conseillères sont enceintes et doivent accoucher dans les prochaines semaines.