Les taxes des résidants des 15 villes liées à Montréal augmenteront plus rapidement que prévu, mais n'exploseront pas à la suite de la décision de l'administration Plante-Dorais d'augmenter leur quote-part de 5,3 %. Plusieurs ont décidé de puiser dans leurs réserves pour atténuer le coup.

Mont-Royal, municipalité reconstituée la plus touchée par l'augmentation de sa quote-part, a dû trouver 4,5 millions en quelques jours pour boucler son budget. La ville de 20 000 habitants avait prévu d'augmenter ses taxes de 1 %, mais elle devra plutôt demander 2,2 % de plus en raison de la facture imprévue.

« On avait prévu d'augmenter les taxes en deçà de l'inflation, mais on a été obligés de retravailler notre budget », s'est désolé le maire de Mont-Royal, Philippe Roy.

Pour éviter des réductions de services, il a été décidé de puiser dans les réserves et surplus accumulés. 

« On a toujours des réserves au cas où il y ait une crise du verglas... ou l'arrivée d'une nouvelle administration municipale », a ironisé le maire Philippe Roy.

Beaconsfield aussi a dû refaire ses calculs à la suite de la présentation du budget de Montréal. La municipalité avait prévu d'augmenter les taxes de 1,3 % en 2018, mais les citoyens recevront plutôt une hausse de 1,7 %, ce qui demeure sous le seuil de l'inflation prévue.

Pour limiter le choc, Beaconsfield a décidé de puiser près de 1 million dans ses réserves. « Ça ne changera pas nos activités pour 2018. Par contre, ça veut dire qu'on a 930 000 $ de moins en réserve pour des projets plus à long terme », a déploré le maire Georges Bourelle.

3,09 % À WESTMOUNT

L'augmentation sera plus salée à Westmount. La municipalité affirme qu'elle a dû revoir ses taxes à la hausse à la suite du budget de Montréal. « Notre plan consistait à limiter à moins de 1 % la hausse de la taxe, qui était gelée depuis deux ans. [...] Toutefois, compte tenu de la nouvelle taxe d'agglomération annoncée le 10 janvier, l'incidence sur le compte de taxes de la maison unifamiliale se traduira par une hausse de 3,09 % », a annoncé la conseillère Kathleen Kez, lors de la présentation du budget.

L'impact ne se fera pratiquement pas sentir à Kirkland, où l'administration vient d'annoncer une hausse de taxes de 0,5 %, soit 21 $ en moyenne. Le maire Michel Gibson dit avoir malgré tout dû réaménager son budget pour arriver à une faible hausse de taxes.

Côte-Saint-Luc, qui présentera son budget ce soir, a aussi dû revoir ses plans. La municipalité prévoyait d'offrir un gel de taxes à ses citoyens en 2018, mais ce scénario se basait sur une augmentation de 2 % de sa quote-part. Montréal lui a plutôt refilé une augmentation de 3,5 %. 

« On va trouver des moyens pour avoir une augmentation inférieure à l'inflation, mais ce n'est pas facile », dit Mitchell Brownstein, maire de Côte-Saint-Luc.

D'autres villes avaient présenté leur budget en décembre, soit avant celui de Montréal. En décembre, Dollard-des-Ormeaux avait présenté un budget prévoyant une hausse de taxes de 1,5 %. Dorval a adopté une hausse de taxes de 2,5 % le 21 décembre. Il n'a pas été possible hier de savoir si ces villes envisageaient de présenter une modification à leur budget en raison de la hausse des quotes-parts.

Rappelons que les quotes-parts représentent environ la moitié des dépenses des villes liées. Celles-ci abritent 238 000 citoyens, soit le quart de la population de l'île.

À noter, les villes liées ont grandement dénoncé la hausse de 5,3 % de leur quote-part, mais la Ville de Montréal a elle-même augmenté sa propre contribution au fonctionnement de l'agglomération de 6,8 %. Alors que les 15 municipalités reconstituées doivent injecter 20 millions de plus dans l'agglomération, la Ville de Montréal ajoutera 125 millions.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, Archives La Presse

Sans aucun pouvoir pour stopper la hausse moyenne de 5,3 % de leurs quotes-parts à l'agglomération, les maires des 15 villes de banlieue de l'île de Montréal ont dénoncé le budget de l'administration Plante-Dorais.