Près de 4000 arbres devront être abattus sur le mont Royal d'ici un an en raison de l'épidémie de l'agrile du frêne. Le nouveau responsable des parcs, Luc Ferrandez, espère que Montréal tirera les leçons de ce triste épisode et interviendra plus tôt à l'avenir pour protéger ses espaces verts.

«C'est beaucoup. Ça va paraître», dit Luc Ferrandez, responsable des grands parcs au sein de l'administration Plante. Celui-ci ajoute toutefois que cette coupe ne sera pas aussi visible que les 1000 arbres abattus au parc Jean-Drapeau pour faire place à un amphithéâtre puisque ceux-ci sont dispersés sur tout le mont Royal, où l'on compte plus de 100 000 arbres.

La coupe de ces 4000 arbres est jugée inévitable en raison des dégâts causés par l'agrile du frêne, cet insecte ravageur détecté pour la première fois à Montréal en juillet 2011. À l'été 2017, la Ville a effectué un inventaire des frênes situés dans le parc du mont Royal, en recensant 10 200. Du lot, 6300 ont été jugés suffisamment en santé pour être traités en août dernier et ainsi sauvés. Mais les autres doivent être abattus.

«Les frênes ne se qualifiant pas pour un traitement à l'insecticide doivent être abattus; il y en a près de 4000», conclut un rapport de la ville.

«L'ancienne administration n'avait pas pensé que les boisés seraient atteints. Ils sont habituellement protégés, parce que l'agrile s'attaque aux arbres isolés», affirme Luc Ferrandez.

Montréal avait donc adopté comme stratégie de traiter en priorité les arbres sur rue.

Luc Ferrandez dit espérer que la Ville retienne la leçon de cet épisode de l'agrile, d'autant que d'autres insectes ravageurs cognent à la porte de la métropole. «Il va falloir en tirer des leçons. Si on était intervenus plus tôt, peut-être qu'on aurait pu en sauver plus», dit-il.

En deux phases

L'abattage se réalisera en deux phases. D'ici le 31 mars, 1500 frênes seront abattus. Puis, entre septembre 2018 et mars 2019, les 2300 autres seront abattus. L'opération se déroule uniquement en hiver pour ne pas nuire à la période de nidification des oiseaux migrateurs qui élisent domicile au mont Royal. On veut aussi minimiser les impacts sur les sous-bois et la végétation. La faune s'en trouvera aussi moins dérangée, le couvert de neige devant protéger les habitats des rainettes et couleuvres peuplant la montagne.

L'intervention est jugée délicate puisque les arbres se trouvent en pente, au coeur d'un site patrimonial naturel et que la fréquentation est très importante.

C'est l'entreprise Arboriculture de Beauce qui a décroché ce contrat, pour un montant de 1,1 million, soit 8% de moins que l'estimation de la Ville. Le contrat est très strict avec l'entrepreneur. Celui-ci prévoit des amendes de 2000 à 3000 $ par jour de retard.

Montréal estime ne pas avoir d'autre choix que d'abattre ces arbres pour éviter que des branches mortes ne tombent sur les usagers du mont Royal ou que des troncs ne soient renversés par les vents.

De nombreux Montréalais risquant d'être surpris par cet abattage intensif, la Ville prévoit déployer une importante campagne de communication. Des panneaux explicatifs seront installés sur place pour aviser les visiteurs de l'opération en cours. Un forum doit aussi avoir lieu au début de 2018 avec les Amis de la montagne pour parler de la stratégie de la Ville face à l'agrile du frêne.

Remplacement

Les 4000 arbres qui disparaîtront seront remplacés par 40 000 plants, que la Ville prévoit faire rapidement pour éviter qu'une espèce envahissante ne prenne la place. Ce printemps, un autre contrat pour le reboisement devra être attribué. Le plan en cours d'élaboration prévoit que 40 000 arbres et arbustes seront plantés, soit un ratio de 10 végétaux par arbre abattu.

Le tout se fera sur trois ans pour profiter des conditions climatiques optimales à la survie des plants. Les essences d'arbres restent à choisir, mais la Ville précise ne plus planter de frênes depuis 2004. On compte privilégier l'érable à sucre et le chêne rouge, qui sont des espèces indigènes au mont Royal.