Davantage d'argent pour les nids-de-poule. Embauche de cadets pour gérer la circulation. Aide pour l'accès à la propriété. Les hausses de taxes annoncées mercredi ont fait passer sous silence plusieurs mesures prévues dans le budget de la Ville de Montréal. Tour d'horizon.

5,4 millions pour les nids-de-poule

L'administration Plante-Dorais a décidé d'injecter 5,4 millions de plus dans le colmatage des nids-de-poule, ainsi que dans la réparation des fissures dans les rues. Les fissures font moins les manchettes, mais précèdent souvent l'apparition des nids-de-poule. La nouvelle administration prévoit par ailleurs continuer à augmenter la cadence dans la réfection des rues. Le budget prévoit la réfection de 416 km de chaussées, alors que 270 km ont été retapés en 2017. Projet Montréal mettra aussi les bouchées doubles sur la sécurisation des intersections, prévoyant le réaménagement de 145 intersections contre 82 l'an dernier. La sécurisation des 62 passages sous des viaducs, chantier entrepris à la suite du décès d'une cycliste rue Saint-Denis, devrait aussi être achevée. Montréal prévoit par ailleurs refaire 18 viaducs contre 11 en 2017.

Embauche de 100 cadets pour gérer la circulation

Le budget annonce également que le Service de police de la Ville de Montréal embauchera 100 cadets en 2018 pour gérer la circulation autour des chantiers, afin de réduire la facture en heures supplémentaires de ses policiers. La métropole en est venue à une entente l'an dernier avec la Fraternité pour permettre l'utilisation de cadets pour gérer la circulation sur les chantiers, plutôt que des agents payés en heures supplémentaires. Le budget présenté mercredi prévoit ainsi l'embauche de 100 cadets, pour une facture totale de 3,8 millions. Leur arrivée permettra de générer pour 8,1 millions en économies, principalement en heures supplémentaires épargnées. Par ailleurs, la fin des nombreuses festivités du 375e anniversaire de Montréal devrait aussi générer d'importantes économies. Le budget prévoit que la réduction de la présence policière lors de ces événements permettra d'économiser 3,6 millions.

Et la « taxe de bienvenue » ?

L'administration Plante n'a pas précisé si elle éliminerait comme promis les droits de mutation immobilière (communément appelés la taxe de bienvenue) lors de l'achat d'une première maison pour une famille avec enfant, mais une somme de 6,3 millions est toutefois prévue dans le budget de fonctionnement pour l'aide à l'acquisition d'une propriété. Les mesures de ce programme seront connues au cours des prochains mois, a précisé Valérie Plante en conférence de presse. Les droits de mutation sont basés sur la valeur la plus élevée entre l'évaluation foncière et le prix d'achat, et sont exigibles lors d'un transfert de propriété.

Première étape pour la ligne rose

Engagement phare de la campagne électorale de Valérie Plante, le projet de construction de la ligne rose - une nouvelle ligne de métro diagonale - devrait commencer à prendre forme en 2018. Le budget ne spécifie rien à cet égard, mais 32 millions en dépenses de contingence sont néanmoins prévus, a souligné le directeur général de la Ville, Alain Marcoux. « Les disponibilités financières sont là pour mettre en place rapidement le bureau de projet relatif à la ligne rose », a-t-il assuré. La mairesse Valérie Plante a martelé qu'elle fera des transports en commun sa priorité. Un exercice de persuasion politique sera enclenché auprès d'Ottawa et de Québec qui ont déjà montré une ouverture à un tel projet d'envergure.

Davantage d'avocats en raison de l'arrêt Jordan

Le service des affaires juridiques de la Ville de Montréal prévoit embaucher 16 nouvelles personnes, notamment pour faire face aux conséquences de l'arrêt Jordan. Cette décision de la Cour suprême prévoit en effet que les gens doivent être jugés dans un délai raisonnable, soit moins de 18 mois. Pour y arriver, Montréal créera sept postes, ce qui coûtera 880 000 $. La Ville entend également recourir moins souvent au privé pour régler les réclamations de citoyens victimes de sinistres. Quatre personnes seront embauchées pour traiter ces dossiers. La métropole ajoutera également deux autres personnes pour faire face à l'augmentation du nombre de dossiers juridiques et de leur complexité. Le service des affaires juridiques comptera ainsi sur pas moins de 494 employés.

Les automobilistes passent aussi à la caisse

Mesure passée largement inaperçue, la Ville de Montréal augmente les frais d'immatriculation des automobilistes de 5 $ pour financer les transports en commun. Depuis 2001, les automobilistes habitant dans l'île de Montréal paient l'immatriculation de leur véhicule plus cher qu'en banlieue. Ils supportent une taxe spéciale de 45 $ pour financer les transports collectifs. Cette taxe passera à 50 $, le 1er juillet prochain, avec l'adoption du premier budget de la mairesse Plante. La hausse de 5 $ par véhicule se traduit par des revenus additionnels de 2 millions pour l'agglomération, somme qui sera remise à l'Autorité régionale de transport métropolitain. « On prend encore pour cible les automobilistes qui contribuent déjà beaucoup, déplore Annie Gauthier, porte-parole du CAA-Québec. On remet sur ses épaules le fardeau de financer les transports en commun alors que c'est un bien collectif. Le financement devrait être mieux réparti », soutient-elle.

Début de l'étude du budget

À compter de ce matin, le budget de Montréal ainsi que celui des sociétés paramunicipales feront l'objet d'une étude publique, à l'hôtel de ville. Chacun des dirigeants de services ou de sociétés fera une présentation et devra répondre aux questions de la Commission sur les finances et l'administration composée d'élus. Une période de questions et de commentaires pour la population est également prévue. L'étude budgétaire se poursuivra jusqu'au 22 janvier. Le conseil municipal doit se prononcer sur l'adoption du budget 2018 le 24 janvier.