La Société de transport de Montréal (STM) pourra compter sur 300 autobus hybrides de plus pour assurer les services de son réseau de surface à compter de 2020 en vertu d'un accord annoncé mardi par la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec.

Ces autobus seront acquis dans le cadre d'un achat groupé de l'ensemble des sociétés de transport de la province. Le contrat, qui sera attribué à la suite d'un appel d'offres public, pourrait représenter jusqu'à 1525 autobus hybrides de 12 mètres, si toutes les options prévues sont exercées par les transporteurs. Dans la vaste majorité des cas, sauf pour les 300 autobus additionnels de la STM, ces véhicules ne constitueront toutefois pas des ajouts aux parcs des sociétés de transport, mais des remplacements d'autobus arrivés en fin de vie utile.

Le nombre potentiel de véhicules prévus fait quand même de cet appel d'offres le plus important contrat d'acquisition d'autobus urbains jamais entrepris au Québec.

Le ministre des Transports du Québec, André Fortin, a parlé mardi d'une nouvelle « qui aura assurément un impact important sur la qualité du transport en commun à Montréal », en assurant la Ville du soutien financier du gouvernement du Québec. Le montage financier et les modalités du partage de la facture entre Québec, la Ville de Montréal et la STM n'ont toutefois pas été finalisés, selon M. Fortin.

Promesse remplie

Deux mois à peine après son élection et son entrée en fonction, la nouvelle mairesse de Montréal, Valérie Plante, réalise ainsi une de ses promesses phares de la dernière campagne électorale. Cet engagement fera passer le parc d'autobus de la STM de 1807 à 2107 véhicules d'ici la fin de 2020.

« Nous avions la volonté politique d'y parvenir, a déclaré la mairesse Plante, et nous avons trouvé chez notre partenaire provincial cette même volonté de trouver des solutions aux problèmes de mobilité bien concrets que vivent les gens au quotidien. »

Le président de la STM, Philippe Schnobb, a affirmé pour sa part qu'il est « indéniable que ces nouveaux bus vont avoir des retombées significatives sur le service. Plus de bus, ça veut dire plus de fréquence, moins d'entassement, mais aussi plus de confort, puisque les bus seront climatisés. Ils compteront deux espaces pour les clients à mobilité réduite, des ports USB pour recharger les appareils électroniques, bref, une excellente nouvelle pour l'ensemble de nos clients ».

Plus cher qu'annoncé

Les véhicules supplémentaires pourraient toutefois coûter beaucoup plus cher que les 225 millions prévus au programme électoral de Vision Montréal.

Les responsables politiques de la Ville de Montréal et du gouvernement du Québec n'ont pas voulu s'avancer sur le coût possible de ces autobus, en raison de l'appel d'offres public à venir.

Les acquisitions récentes de bus hybrides du Réseau de transport de Longueuil et les sommes indiquées par la STM pour les achats de véhicules déjà prévus dans son plan d'immobilisations permettent toutefois de croire que les nouveaux autobus pourraient coûter entre 900 000 $ et 1 million par véhicule.

À ces coûts de base, il faut ajouter des équipements particuliers à chaque société de transport, dont les compteurs, caméras et appareils de soutien à l'exploitation, comme le système iBus pour les véhicules de la STM. Le coût global des nouveaux véhicules pourrait donc s'élever jusqu'à près de 400 millions.

Achat précipité

Tout en se réjouissant des investissements promis dans les services de la STM, qui permettent aux Montréalais et aux banlieusards d'effectuer quotidiennement près de 1,2 million de déplacements en bus et en métro, le chef de l'opposition au conseil municipal, Lionel Perez, a parlé mardi d'une annonce précipitée.

M. Perez a souligné que le programme de la mairesse Plante parlait de 225 millions, mais qu'on ne connaît pas actuellement le coût réel de ces autobus, ni de quelle manière ils seront financés, pas plus que la formule de partage prévue entre les gouvernements et la Ville.

De plus, affirme-t-il, la mise en service de ces autobus entraînera des coûts d'exploitation additionnels d'environ 75 millions par année, à partir de 2020, sans qu'on sache comment on assumera ces dépenses. « On va aller le chercher où, cet argent-là ?, a-t-il demandé. En augmentant les tarifs ? »

Il a aussi reproché à la STM de n'avoir aucune réponse claire quant à la disponibilité d'espaces de garage pour les autobus additionnels. Avec la fermeture prochaine du centre de transport Saint-Denis, dit-il, « il y a déjà un manque à gagner de 300 à 400 autobus pour les prochaines années ».

Il estime ainsi que la STM aurait dû inclure dans ce programme d'acquisition le coût d'un nouveau centre de transport pour accueillir les 300 bus hybrides qui gonfleront le parc de véhicules de la société de plus de 15 % dès 2020.

À titre indicatif, le centre de transport Stinson, où avait lieu l'annonce de mardi, a coûté 155 millions à construire. Inauguré en 2014, il peut accueillir... 300 autobus.

600 chauffeurs de plus

L'ajout d'autobus dans le réseau de surface de la STM nécessitera enfin l'embauche d'environ 600 chauffeurs supplémentaires, selon Philippe Schnobb, président de la société. Ces embauches additionnelles ne devraient pas représenter un problème pour la STM, qui recrute chaque année entre 250 et 300 nouveaux chauffeurs, a-t-il assuré.

Le président du Syndicat des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro de la STM, Renato Carlone, a d'ailleurs accueilli la nouvelle avec enthousiasme, mardi. Dans un entretien avec La Presse, il a assuré la direction de la STM de l'entière collaboration du syndicat pour la formation et l'intégration de ces nouveaux employés. Il a souligné que ces 600 nouvelles embauches s'ajouteront aux 250 à 300 postes qui doivent déjà être pourvus chaque année, en raison notamment des départs à la retraite.

« On est très, très contents, a dit M. Carlone. Par contre, nous aurions été encore plus contents si nous avions appris cette nouvelle avec un peu d'avance. On l'a appris en même temps que vous, et nous trouvons que cela dénote un peu un manque de respect envers des chauffeurs qui travaillent fort depuis des années dans des conditions qui ne sont pas toujours faciles en raison du manque d'autobus actuel. »

La convention collective des 4500 membres actuels du syndicat, dont environ 3700 chauffeurs d'autobus, a expiré par le plus pur des hasards dans la nuit de lundi à mardi.