Après des semaines de réflexion, la mairesse de Montréal Valérie Plante a décidé lundi de débrancher la Formule E.

Le programme double ne sera donc pas de retour dans les rues du centre-ville en juillet 2018 et 2019, comme elle l'avait promis en campagne électorale l'automne dernier. Mme Plante a toutefois assuré qu'elle avait tenté de sauver l'événement en le déplaçant ailleurs dans la métropole.

D'ailleurs, contrairement à ce qu'avançait l'ex-maire Denis Coderre, Mme Plante a indiqué que les dirigeants de la FE, qu'elle a rencontrés vendredi dernier, étaient prêts à déménager la course au circuit Gilles-Villeneuve - à condition que ce soit fait dès cette année. Des obstacles majeurs ont toutefois empêché la concrétisation du projet.

D'ailleurs, contrairement à ce qu'avançait l'ex-maire Denis Coderre, Mme Plante a indiqué que les dirigeants de la FE, qu'elle a rencontrés vendredi dernier, étaient prêts à déménager la course au circuit Gilles-Villeneuve - à condition que ce soit fait dès cette année. Des obstacles majeurs ont toutefois empêché la concrétisation du projet.

«Le déménagement de la course au circuit Gilles-Villeneuve était difficilement envisageable à cause des travaux de rénovation des paddocks qui se déroulent en ce moment, a-t-elle évoqué. Notre deuxième scénario consistait à ériger un circuit temporaire ailleurs en ville, ce qui aurait nécessité des investissements considérables sans régler les problèmes de financement de 2017 et sans garantie de la viabilité de l'événement à long terme.

«Enfin, la pause d'un an au calendrier devenait donc une alternative intéressante, qui nous aurait permis de retravailler le présent modèle d'affaires qui n'est pas viable tout en trouvant un site acceptable. Or, les dirigeants de la FE ont catégoriquement rejeté cette option. Le choix du site devait être confirmé d'ici au 2 février, une échéance tout à fait irréaliste», a-t-elle martelé en point de presse à l'Hôtel de Ville.

La FE a réagi à l'annonce de la décision en fin d'après-midi lundi, en émettant un gazouillis dans lequel on pouvait lire «Ouch! Ça fait mal. MontrealEPrix», assorti d'une vidéo de l'accident de Sebastian Buemi à Montréal qui lui avait éventuellement coûté le championnat la saison dernière.

Sous l'administration Coderre, Montréal avait signé une entente de trois ans avec une option pour trois années supplémentaires avec la FIA. Toutefois, en raison de la décision prise lundi de rompre le contrat avec la FIA, des pénalités considérables seront appliquées. La ville souhaite cependant les refiler à l'organisation à but non lucratif Montréal, c'est électrique (MCE).

«Des mesures judiciaires pourraient être prises, mais encore là, je le rappelle, c'est MCE le promoteur, celui qui gère l'événement, donc c'est lui qui pourra répondre aux questions. Tous les contrats ont été signés entre MCE et la Formule E. Montréal n'a aucun contrat avec MCE», a-t-elle évoqué.

Montréal a investi au moins 24 millions dans l'événement, en plus d'accorder une marge de crédit de 10 millions à MCE. Au total, selon Mme Plante, la ville a déjà investi 40 millions dans l'aventure. La semaine dernière, Radio-Canada révélait que la marge de crédit avait été complètement utilisée et que le promoteur devait encore des millions de dollars.

Un déficit qu'a confirmé MCE dans un communiqué émis en après-midi, tout en l'attribuant aux divers paliers gouvernementaux.

«MCE a livré l'événement avec succès, et à l'intérieur des budgets qui lui avaient été alloués, peut-on lire. Outre le déficit prévu, la dette de l'événement tient pour l'essentiel à des subventions de 11,55 millions qui avaient été promises par le Cabinet du maire et dont seulement 3,45 millions ont été livrés par les divers paliers de gouvernement, pour un manque à gagner d'environ 8 millions, ce qui laisse MCE avec une dette d'environ 13,55 millions. Si les subventions avaient été livrées telles que promises, le déficit aurait été de 5,55 millions.»

MCE déposera sous peu à la ville ses états financiers vérifiés et fera son bilan officiel en janvier. C'est à ce moment qu'on obtiendra un portrait plus clair de la situation.

Signes évocateurs

Déjà vendredi, en rencontre éditoriale à La Presse, la mairesse Plante évoquait que « la façon dont le projet a été géré par la précédente administration nous laisse avec des décisions difficiles à prendre ».

Durant la rencontre, Valérie Plante avait notamment critiqué la façon dont son prédécesseur, Denis Coderre, s'y était pris pour organiser l'évènement dans la métropole québécoise. Rappelons que son administration avait créé un organisme à but non lucratif, Montréal c'est électrique, mais pour lequel la Ville s'engageait à assurer les risques financiers. « C'est Montréal qui a été le promoteur. C'est très inhabituel et moi, je considère que ce n'est pas la bonne façon de faire. »

Des enquêtes du Bureau de l'inspecteur général de Montréal et du Vérificateur général de Montréal seraient aussi en cours. Le premier tenterait de vérifier si l'octroi des contrats s'est déroulé dans les règles de l'art. Le principal dirigeant a affirmé publiquement que le choix de l'entreprise evenko pour gérer la course avait été fait avant son arrivée.

Québec prend acte



Le gouvernement Couillard prend acte de la fin définitive de la Formule E sans donner ses états d'âme. Il ne reprend pas le terme « fiasco » utilisé par la mairesse. « L'administration montréalaise a pris sa décision. C'est à elle de commenter là-dessus. (...) Ce n'est pas le gouvernement qui est responsable de cet événement », a affirmé le ministre responsable de la métropole, Martin Coiteux, en marge d'une annonce à Québec.

Il a fait valoir que le gouvernement s'est limité à accorder une « subvention relativement modeste » pour assurer le démarrage du projet. Il a versé 1,5 million, alors que la demande de subvention était de quatre millions. Le gouvernement a été « prudent » selon lui, dans la mesure où il lui était impossible de connaître les retombées réelles qu'allait avoir l'événement.

« Si on nous avait présenté une deuxième demande de subvention, bien sûr qu'on aurait fait les vérifications, bien sûr qu'on aurait posé toutes les questions qu'on ne pouvait pas poser avant que l'événement soit réalisé. On n'aura pas une telle demande, c'est ce que je comprends », a-t-il affirmé.

Québec n'a aucunement l'intention d'aider Montréal à éponger le déficit ou à payer d'éventuels dédommagements liés à l'annulation de l'événement. « Nous n'avons fait que donner une subvention pour une année. Notre engagement s'est limité à ça, il se limite à ça et il se limitera à ça », a répondu Martin Coiteux.

- Avec La Presse: Pierre-André Normandin, à Montréal, et Tommy Chouinard, à Québec