La Ville de Terrebonne vient de transmettre à l'Unité permanente anticorruption (UPAC) le « dossier Brady », estimant que le développement d'un quartier résidentiel sur un ancien dépotoir de pièces automobiles comporte tous les éléments pour justifier une enquête criminelle, a appris La Presse.

La nouvelle administration du maire Marc-André Plante a pris cette décision hier lors de la réunion hebdomadaire du comité exécutif. Tous les documents détenus par la municipalité concernant ce dossier et qui pourraient aider la police ont été remis à l'UPAC.

Depuis plus d'un an, Terrebonne est hantée par l'héritage politique du dossier Brady parce que des débris de voitures enfouis sont remontés à la surface dans la cour de plusieurs citoyens habitant dans le voisinage de la rue des Bernaches, dans le secteur de La Plaine. Les propriétaires des 200 maisons visées craignent que leur terrain ne soit contaminé et que cela ne fasse diminuer la valeur de leur résidence.

Un groupe de 88 propriétaires a déposé une poursuite de 2 millions contre la Ville ainsi que le promoteur immobilier de l'époque, Robert Bourgouin. À chaque assemblée du conseil municipal, des représentants des « Propriétaires solidaires » ont talonné l'administration municipale. L'un d'eux, Alain Brisebois, dénonce les « contrecoups des magouilles politiques » qu'il dit avoir subis.

DES QUESTIONS LIÉES AUX TRANSACTIONS

Au-delà de la préoccupation environnementale, le dossier Brady soulève des questions quant aux transactions ayant mené à la construction de ce quartier résidentiel. En 1994, la Ville de La Plaine, qui ne sera fusionnée à Terrebonne qu'en 2001, achète le terrain qui appartenait à Pièces d'auto Brady environ 2,2 millions. Dix ans plus tard, Terrebonne vend l'immense terrain au promoteur immobilier Robert Bourgouin quelque 114 000 $ ; tout un quartier va y naître.

À l'époque de la première transaction, le maire de La Plaine est Daniel Bélec. Avec la fusion municipale, M. Bélec deviendra le chef de cabinet du nouveau maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille.

MM. Robitaille et Bélec ainsi que l'ancien directeur général de la Ville, Luc Papillon, font l'objet d'une enquête de l'UPAC parce qu'ils sont soupçonnés d'avoir été impliqués dans un système de corruption. En contrepartie de l'attribution de contrats publics de Terrebonne à certaines entreprises, les trois hommes auraient bénéficié de pots-de-vin, selon des documents judiciaires émanant de la police.

L'enquête nommée Médiator n'a débouché sur aucune arrestation ni accusation, jusqu'à maintenant.

Photo Robert Skinner, Archives La Presse

Un groupe de 88 propriétaires a déposé une poursuite de 2 millions contre la Ville ainsi que le promoteur immobilier de l'époque, Robert Bourgouin.

Photo Robert Skinner, Archives La Presse

La Ville de Terrebonne vient de transmettre à l'UPAC le « dossier Brady », estimant que le développement d'un quartier résidentiel sur un ancien dépotoir de pièces automobiles comporte tous les éléments pour justifier une enquête criminelle.