L'avenir du chef de police de Montréal, Philippe Pichet, sera connu mercredi après-midi lors d'un point de presse du ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux et de la mairesse de la métropole Valérie Plante. Le ministre devrait alors désigner qui prendra la relève au SPVM.

Enquêtes bâclées, infractions criminelles sans suite, informations dissimulées : c'était la pagaille à la division des enquêtes internes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Et depuis sa nomination, le patron Philippe Pichet n'a pas été capable de corriger la situation.


C'est le constat dévastateur que fait l'ancien sous-ministre de la Justice, Michel Bouchard, dans le rapport qu'il a remis la semaine dernière au ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux. Ce dernier rendra publiques ces conclusions mercredi après-midi, à Montréal, en désignant du même coup qui prendra la relève au SPVM.


Le ministre invoquera les pouvoirs que lui confère la Loi de police, dont l'article 275 qui prévoit que « si, à la suite d'une inspection faite en vertu du présent chapitre ou de la production d'un rapport (...), le ministre estime qu'il existe, au sein du corps de police, une situation qui met en péril son bon fonctionnement, il peut nommer, pour la période qu'il détermine, un administrateur chargé de redresser la situation. »


« Si le ministre est d'avis que l'intérêt public, la sécurité publique ou la saine administration de la justice l'exige, il peut également ordonner que le directeur du corps de police ou l'autorité dont relève le constable spécial soit suspendu pour la période qu'il fixe ; l'employeur détermine les conditions de suspension du directeur », indique également la loi.


Le ministre de la Sécurité publique compte discuter de la suite des choses au conseil des ministres, qui a lieu en fin de matinée, mercredi, à l'Assemblée nationale. M. Coiteux a déjà une proposition qu'il présentera à ses collègues quant à l'administrateur qu'il souhaite mettre en place.


Le rapport de Me Michel Bouchard dévoile également une longue liste de bavures inacceptables dans la division des enquêtes internes du corps de police. On constate que des gestes qui auraient dû enclencher des poursuites judiciaires n'ont jamais eu de suite. Il observe aussi que certaines personnes auraient eu un traitement préférentiel sans justification. Au surplus, des informations importantes ont été volontairement mises de côté dans les enquêtes. 


Sur la gouvernance de M. Pichet, le rapport observe que depuis sa nomination, il y a deux ans, la nouvelle gestion n'a pas été capable de corriger la situation.

Valérie Plante veut « régler la crise de confiance » au SPVM 


La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a profité d'une rencontre de son comité exécutif pour aborder le dossier du rapport sur les pratiques internes au SPVM. À sa lecture, elle a dit que « mon souhait, notre souhait, est de régler la crise de confiance qui a miné le SPVM ».


L'élue dit avoir eu de sérieuses discussions avec le ministre Coiteux, qui dispose du pouvoir de démettre le chef de police de ses fonctions. Elle-même ne dispose pas d'un tel pouvoir, bien que le corps policier relève de Montréal. « Nous partageons les mêmes objectifs, soit de s'assurer que la police ait la confiance des Montréalais », a-t-elle ajouté.


Lors de leur point de presse commun, mercredi après-midi, Coiteux et Plante dévoileront les « mesures nécessaires, importantes » qui s'imposent à la suite du rapport du commissaire Michel Bouchard.


Bien que la direction du SPVM se trouve ébranlée, Valérie Plante a tenu à assurer les agents du corps policier de son soutien. « Nos policiers et policières ont toute ma confiance. Ils font travail exceptionnel sur le terrain », a-t-elle dit.

L'opposition parle de « culture d'impunité »  


Dans les corridors de l'Assemblée nationale, avant leurs réunions de caucus, mercredi, les partis de l'opposition se sont montrés prudents tout en évoquant une « culture d'impunité » au SPVM.


« Il y a une culture d'impunité et de lutte de pouvoir au SPVM depuis des années, ce qui n'a jamais été véritablement réglé. Le test de leadership, aujourd'hui, c'est pour le gouvernement. M. Pichet va attendre davantage une décision du ministre que de la mairesse de Montréal. (...) Si le rapport est aussi complet qu'on l'indique, c'est une bonne chose pour la Ville de Montréal et son corps de police », a dit le péquiste Pascal Bérubé, leader parlementaire de l'opposition officielle.


« Il faut avoir confiance en nos institutions, il faut avoir confiance en la police. C'est un des trois bras de notre démocratie, on a besoin des policiers. Il faut tout faire pour que, s'il y a des pommes pourries, [on s'en] débarrasse », a affirmé Nathalie Roy, présidente du caucus de la Coalition avenir Québec.  


« De toute évidence, M. Pichet n'est pas l'homme de la situation », a pour sa part affirmé Amir Khadir de Québec solidaire, souhaitant du même souffle qu'un civil - et non un policier - soit nommé de façon intérimaire à la direction du SPVM afin de mettre fin à la guerre des clans qui y sévirait.