Le Réseau électrique métropolitain (REM) pourrait-il dérailler avant même la première pelletée de terre ? C'est ce que devra trancher un juge de la Cour supérieure, la semaine prochaine, alors que les avocats de la Caisse de dépôt et placement et du gouvernement du Québec tenteront de faire déclarer « irrecevable » une requête déposée par des opposants au superprojet.

Comme La Presse le révélait en mars dernier, une coalition de groupes environnementaux et de citoyens s'est adressée aux tribunaux dans l'espoir de freiner le REM. Ces détracteurs estiment que les consultations publiques autour du système léger sur rail de 6,1 milliards de dollars ont été truffées d'irrégularités et que tout le processus devrait être repris depuis le début.

« Il s'agit de ramener le projet à une vraie consultation, car il faut comprendre que ce projet-là n'a fait l'objet d'aucune consultation effective », a fait valoir hier l'avocat Ricardo Hrtschan, qui représente les plaignants dans ce dossier.

Selon la Coalition Climat Montréal et un groupe de citoyens qui ont lancé la procédure judiciaire, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) a été privé de plusieurs renseignements cruciaux lorsqu'il a étudié le dossier du REM en 2016.

Les opposants dénoncent aussi la portée de la loi 137, adoptée cet automne à l'Assemblée nationale, qui donne de vastes pouvoirs à CDPQ Infra - la filiale de la Caisse qui pilote le projet. Ils soutiennent que « le projet de REM est purement commercial » et vise « principalement à favoriser les actifs immobiliers de la Caisse de dépôt », peut-on lire dans leur demande introductive pour jugement déclaratoire et en nullité.

REQUÊTE IRRECEVABLE ?

Les avocats du gouvernement québécois et de CDPQ Infra feront valoir leurs arguments devant un juge de la Cour supérieure à partir de mardi prochain. Les audiences devraient durer au moins trois jours.

Au terme de ces représentations, le magistrat pourrait déclarer irrecevable le recours entamé par les opposants au REM ou encore lui permettre de suivre son cours. Lisa Mintz, porte-parole de l'organisme Trainsparence, a dit avoir confiance de voir la Cour trancher en faveur des citoyens mécontents.

« CDPQ Infra a dépensé beaucoup de temps et de ressources pour tenter de stopper cette procédure, ce qui signifie qu'ils sont effrayés, a-t-elle affirmé. Ils n'ont presque pas de chances d'arrêter cette procédure. »

« ALLER DE L'AVANT »

CDPQ Infra n'a pas souhaité commenter cette cause puisque le recours judiciaire est toujours en cours. « Toutefois, notre intention est bien entendu de s'assurer que ce grand projet de transport collectif pour le Grand Montréal puisse continuer à aller de l'avant », a indiqué à La Presse Jean-Vincent Lacroix, directeur des relations avec les médias.

Le cabinet de la ministre de la Justice Stéphanie Vallée a lui aussi réservé ses commentaires puisque le dossier n'a pas encore été entendu par le tribunal. Le dossier relève du ministère de l'Environnement, a-t-on précisé.

Le REM, un système automatisé de 67 kilomètres, doit relier la Rive-Sud, la banlieue nord, l'Ouest-de-l'Île et l'aéroport au centre-ville de Montréal. CDPQ Infra vise toujours une entrée en service en 2020, même si le processus d'octroi des contrats affiche un certain retard. Le projet a reçu de nombreux appuis ainsi qu'un financement combiné de 2,6 milliards de Québec et d'Ottawa.