Boucler le budget 2018 sera difficile, mais pas question de toucher aux services aux citoyens ou de refiler la facture aux arrondissements, dit la nouvelle mairesse Valérie Plante. L'opposition, désormais regroupée sous la gouverne de Lionel Perez, accuse Projet Montréal de tenter de se défiler de ses promesses en blâmant l'administration Coderre.

«Ce n'est pas ce que je souhaitais découvrir en prenant la tête de Montréal. Un trou de 358 millions, c'est énorme», a-t-elle commenté en marge d'une visite dans une jeune startup du quartier MileEnd, SmartHalo.

Reconnaissant que son début de mandat s'est trouvé considérablement compliqué, elle assure qu'il n'est pas question sabrer pour équilibrer le budget. «Les services aux citoyens, on ne veut pas leur toucher», a-t-elle dit. Un comité d'urgence a été mis en place avec la direction générale afin de trouver des solutions.

Montréal pourrait-elle demander aux arrondissements de se serrer la ceinture? «Les arrondissements ont beaucoup donné ces dernières années, déjà qu'on a coupé dans leurs budgets avec la réforme des arrondissements faite par l'administration Coderre. Alors de leur refiler la facture, ça ne serait pas l'avenue privilégiée», a-t-elle dit.

Valérie Plante a également tenu à se faire rassurante: pas question de refiler la facture aux Montréalais. «Nous n'allons pas augmenter les taxes [au-delà de l'inflation]. On va trouver des solutions.»

La nouvelle mairesse assure que cette «mauvaise surprise» ne remet pas en question les engagements centraux de sa campagne. Ainsi, elle maintient son intention de commander 300 nouveaux autobus hybrides et d'entreprendre les démarches pour l'aménagement d'une nouvelle ligne de métro. «Je vais continuer mes négociations en ce sens»

Des promesses, comme une amélioration de la transparence et une meilleure reddition de compte.

«Vieux truc»

Sonnée dimanche soir, l'opposition à l'hôtel de ville a commencé à s'organiser. Les membres d'Équipe Coderre ont décidé de nommer l'élu Lionel Perez à leur tête pour un intérim d'un an. «Mon rôle est d'assurer la transition et de maintenir la cohésion, a-t-il résumé. Oui, les Montréalais voulaient du changement, mais ils voulaient aussi une opposition forte.»

Déjà, celui-ci a défendu le bilan de l'administration Coderre, en expliquant que le manque à gagner de 358 millions était attribuable aux demandes des services et non à une mauvaise gestion. Il revient à l'administration de trancher. «Gouverner, c'est assumer et ils vont devoir le faire», dit Lionel Perez.

Le chef de l'opposition par intérim voit dans la réaction de l'administration Plante un signe que la nouvelle mairesse risque de reculer sur des promesses. «On voit déjà que Projet Montréal essaie de se dédouaner, essaie d'éviter d'avoir à respecter ses engagements. On croyait qu'ils étaient pour le changement, mais ils ont utilisé le plus vieux truc en politique que de blâmer l'administration précédente», s'est désolé Perez.

Denis Coderre ayant quitté définitivement la politique municipale, Équipe Coderre a entrepris le processus pour changer de nom. Une nouvelle appellation devrait être adoptée d'ici quelques semaines.

Pas de place pour Richard Bergeron

Valérie Plante a également commenté les nombreuses sorties publiques de Richard Bergeron, fondateur de Projet Montréal qui avait fait défection chez Équipe Coderre. Sans lui fermer catégoriquement la porte, la mairesse prévient que celui-ci ne doit pas trop compter là-dessus.

«Pas en ce moment. Mais qui sait? J'ai toujours dit que j'aime m'entourer de gens qui veulent relancer la ville. Mais pour l'instant M. Bergeron n'est pas dans le haut de ma liste de priorité. [...] J'ai tellement pas la tête à suivre les changements de caps de M. Bergeron. Mes priorités sont ailleurs.»