Les cas d'hameçonnage par messagerie texte ont pratiquement doublé en 2017 au Canada. Les Montréalais doivent d'ailleurs faire preuve de prudence, alors que des arnaqueurs tentent de se faire passer pour la Ville de Montréal afin de leur soutirer des centaines de dollars.

L'écran du cellulaire s'allume, affichant un message intrigant : un texto indique que la Ville de Montréal a finalement décidé de rembourser un constat d'infraction payé récemment. Un lien apparaît, indiquant mener au site transactionnel d'Interac, où un montant de 128,67 $ est disponible.

Voilà, si le message ne comporte aucune faute d'orthographe et reproduit avec fidélité le site d'Interac - deux drapeaux rouges habituels pour détecter les tentatives d'hameçonnage -, un fait majeur saute aux yeux : la Ville de Montréal ne rembourse jamais de constat d'infraction.

« Des fraudeurs envoient des textos qui laissent entendre que la Ville de Montréal désire leur rembourser un constat d'infraction qu'ils viennent de payer. NE CLIQUEZ SUR CES LIENS SOUS AUCUN PRÉTEXTE », prévient un avertissement envoyé récemment par la métropole sur les réseaux sociaux.

En effet, payer une contravention revient à admettre sa culpabilité. À l'inverse, une personne contestant une contravention n'aura pas à payer tant qu'elle ne sera pas reconnue coupable par un juge municipal.

Le Service de police de la Ville de Montréal confirme avoir reçu tout récemment deux plaintes de Montréalais tombés dans le panneau tendu par les fraudeurs. À noter, le remboursement de 128 $ promis correspond au montant moyen des contraventions dressées par les policiers de Montréal. Impossible de savoir s'il s'agit d'un simple hasard ou de la preuve que les fraudeurs sont bien informés.

Nos demandes d'entrevue avec la Ville de Montréal et le SPVM au sujet des tentatives d'hameçonnage ont été refusées, mais, par courriel, un porte-parole municipal a assuré que rien n'indiquait que des pirates informatiques avaient mis la main sur une liste de citoyens ayant reçu une contravention. « Il n'y a pas de lien direct avec les systèmes de la Ville de Montréal, puisque des personnes n'ayant pas reçu de contravention auraient fait l'objet de ces tentatives d'hameçonnage », indique Frédéric Amiand.

PHÉNOMÈNE EN CROISSANCE

Bien que le courriel demeure l'outil de prédilection pour les tentatives d'hameçonnage, les fraudes par texto sont en pleine croissance. La Ville de Montréal est loin d'être la seule à vivre ce problème ; les arnaqueurs se font fréquemment passer pour l'Agence du revenu du Canada, des câblodistributeurs ou des banques.

Le Centre antifraude du Canada dit avoir reçu plus de 3500 plaintes à ce sujet depuis le début de l'année, soit près de 400 par mois. C'est nettement plus que les 2700 plaintes formulées tout au long de 2016 (230 par mois). Les fraudeurs auraient ainsi soutiré pour 850 000 $ à leurs 1266 victimes depuis le début de l'année.

Les cas sont d'ailleurs en forte hausse à Montréal. Alors qu'on a recensé 66 plaintes dans la métropole en 2016, on en compte déjà 107 cette année.

La métropole québécoise n'est pas la seule à connaître un tel fléau. Toronto aussi a vu le nombre de cas exploser.

L'hiver dernier, des milliers de Torontois ont reçu un avis de contravention indiquant qu'ils devaient payer une contravention de stationnement.

Image tirée de Facebook

La Ville de Montréal a récemment envoyé un avertissement contre les tentatives d'hameçonnage sur les réseaux sociaux.

IMAGE TIRÉE DE FACEBOOK

Le message des fraudeurs ne comporte aucune faute d'orthographe et reproduit avec fidélité le site d'Interac.