Les rues des arrondissements centraux de Montréal sont nettement plus en mauvais état que celles des anciennes banlieues, révèle une vaste campagne d'auscultation des chaussées de la métropole. C'est notamment dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve que l'on retrouve le plus de rues en triste état, tandis que Saint-Laurent peut se targuer d'offrir les meilleures surfaces aux automobilistes.

Les résultats de la plus récente auscultation des rues de la métropole permet de constater à quel point les besoins de réfection sont importants dans les secteurs issus de l'ancienne Ville de Montréal. À l'exception de Ville-Marie, plus de la moitié des chaussées des secteurs centraux est considérée en mauvais ou très mauvais état.

« Les infrastructures dans les arrondissements centraux sont plus âgées. Il y a aussi une question d'achalandage. Les rues où il y a plus de circulation, c'est certain que la désuétude arrive plus rapidement », explique Lionel Perez, élu responsable des infrastructures à Montréal.

L'administration Coderre assure être bien au fait des besoins et souligne avoir considérablement augmenté les investissements pour retaper les rues de la métropole.

En témoigne l'omniprésence des cônes sur l'île. « C'est quelque chose que tout le monde reconnaît. La condition de nos routes doit être améliorée. C'est pour ça qu'on met tellement d'argent », dit Lionel Perez.

Après une année record de travaux en 2016, Montréal a prévu en faire davantage encore cette année. En fait, les automobilistes devront prendre leur mal en patience puisqu'« on va continuer la cadence », prévient le responsable des infrastructures. « On a mis en branle programme très ambitieux pour rattraper cet énorme déficit d'entretien », dit-il.

Le quart des rues refait

M. Perez est bien placé pour le savoir. L'arrondissement où il siège, Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG) se classe bon deuxième dans le palmarès des rues en mauvais état. L'élu dit que son secteur a toutefois mis les bouchées doubles depuis quatre ans pour rattraper le retard. Depuis novembre 2013, pas moins du quart des rues locales a été refait.

« C'est énorme et ça démontre notre volonté », dit-il. En plus des budgets d'investissement de l'arrondissement, Lionel Perez dit que les arrondissements peuvent bénéficier de l'appui de la ville-centre qui a notamment débloqué 60 millions par an pour la mise à niveau de leurs rues.

Devant la désuétude avancée de ses rues, la Ville de Montréal entend suivre de plus près leur dégradation. Plutôt qu'ausculter ses chaussées tous les cinq ans, comme c'était le cas auparavant, l'opération aura désormais lieu tous les deux ans, dit Lionel Perez. En 2018, environ la moitié des 4050 km de rues de Montréal sera auscultée, tandis que l'autre moitié sera réalisée en 2019.

« Ça va nous permettre de mieux évaluer les besoins », explique l'élu.

Coderre fait fausse route

L'opposition à l'hôtel de ville estime que l'administration Coderre a raison d'investir massivement dans la réfection des rues de la métropole. Mais Projet Montréal juge toutefois qu'elle fait fausse route en misant autant sur le pavage de surface dans l'ensemble des arrondissements.

« Ce que ces données nous démontrent, c'est que tartiner partout de manière superficielle n'est pas la bonne solution », réagit le conseiller François Limoges.

Selon lui, Montréal devrait se concentrer dans les arrondissements centraux, où les besoins sont clairement plus importants, plutôt que « faire du pavage cosmétique dans des endroits où on n'en a pas vraiment besoin, ce qu'on appelle de l'asphalte électoral », poursuit le conseiller d'opposition.