Grand Prix. FrancoFolies. Festival Mural. Alors que la saison des festivals prend son envol en fin de semaine, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) assure qu'aucune menace terroriste spécifique ne plane sur la métropole. Ailleurs au Québec, la Sûreté du Québec a été mandatée pour épauler les corps policiers afin de sécuriser les festivals.

«Il n'y a pas de menace directe ou indirecte, que ce soit sur le territoire canadien ou montréalais. Ça demeure inchangé pour le Grand Prix, les FrancoFolies et les autres. Évidemment, tout cela peut changer d'heure en heure, de jour en jour. Tout ce qu'on met en place peut être réévalué et réajusté en temps réel. Mais à ce moment-ci, rien ne nous porte à croire que c'est plus préoccupant, malgré les événements internationaux», dit Mathieu Bastien, commandant de la section de l'antiterrorisme et des mesures d'urgence au SPVM.



Dans la foulée des attentats de Manchester et de Londres au Royaume-Uni, le corps policier montréalais n'a donc pas rehaussé les mesures de sécurité prévues pour la saison estivale, estimant que celles qui sont en vigueur à la suite des événements de 2014 sont suffisantes. C'est en effet à la suite des attentats de Saint-Jean-sur-Richelieu et d'Ottawa que le Canada a augmenté le niveau national de la menace terroriste à «modéré». «Des mesures supplémentaires ont été mises en place alors», dit le commandant Bastien.



Depuis, les corps policiers disent suivre attentivement l'évolution des tactiques utilisées lors des attentats, ce qui peut mener à des «réajustements ponctuels». Le SPVM participe ainsi à la Structure de gestion policière contre le terrorisme, avec la SQ et la Gendarmerie royale du Canada. Les corps policiers échangent sur une base quotidienne des informations afin d'évaluer les menaces, mais aussi les mesures à prendre.



«Comme je dis chaque fois, le risque zéro n'existe pas. Ça ne nous met pas à l'abri d'un éventuel attentat, mais il faut atteindre un équilibre entre la sécurité de la population et le libre mouvement des festivaliers», affirme M. Bastien.

Appel du ministère de la sécurité publique

Québec, de son côté, a communiqué avec les corps policiers au lendemain de l'attentat de Londres pour s'assurer que les mesures de sécurité lors des festivals sont suffisantes. «La première chose qui a été faite par le ministère de la Sécurité publique [MSP] a été de communiquer avec les principaux corps de police impliqués dans la tenue de grands événements pour s'assurer que les mesures de sécurité requises soient mises en place, de concert avec les organisateurs d'événements», résume une porte-parole, Louise Quinton.



Plusieurs corps policiers ont alors répondu avoir déjà augmenté le niveau de sécurité depuis l'attentat de Nice, en juillet 2016. Un terroriste au volant d'un camion-bélier avait alors foncé sur la foule réunie pour la fête nationale française, tuant 86 personnes et faisant plus de 450 blessés. Depuis, plusieurs attaques similaires ont eu lieu dans le monde, que ce soit à Berlin en Allemagne, à Stockholm en Suède ou à Londres au Royaume-Uni.



Afin de parer à toute éventualité au Québec, «le MSP a demandé à la Sûreté du Québec d'appuyer les corps de police municipaux qui auraient des besoins pour la sécurité de grands événements sur leur territoire», ajoute Louise Quinton.



Prudence, sans panique



Le professeur Houchang Hassan-Yari souligne qu'aucun pays n'est à l'abri des attaques terroristes. «Ces gens frappent de façon indiscriminée. Ils sont prêts à tuer tous ceux qui n'entrent pas dans leur optique religieuse... alors on parle de quelques milliards de personnes», souligne ce professeur émérite au Collège militaire royal du Canada.



«Dans le contexte post-11-Septembre, des invasions américaines en Afghanistan et en Irak, ainsi que la situation en Syrie et au Yémen, il faut toujours rester prudent. Mais en même temps, il ne faut pas penser que la menace est imminente», poursuit M. Hassan-Yari.



Quant au niveau de menace, le professeur souligne que le Canada «est relativement isolé». Contrairement à l'Europe où des gens mal intentionnés peuvent s'infiltrer parmi les vagues de réfugiés, l'accueil des déplacés «est plus ordonné au Canada, alors c'est plus difficile pour un terroriste de s'infiltrer».



La principale menace vient donc de l'intérieur, comme l'ont démontré les attentats de Saint-Jean-sur-Richelieu et d'Ottawa, dit M. Hassan-Yari. Une importante partie de la radicalisation de ces gens se faisant en ligne, les services de renseignement doivent ainsi garder à l'oeil les réseaux sociaux.

Mais les récentes attaques à Téhéran, survenues cette semaine en Iran, montrent les limites de la surveillance. «Tout le monde pensait que c'était un pays très gardé, contrôlé, et pourtant, ces gens seraient des Iraniens endoctrinés par internet, note Houchang Hassan-Yari. D'où l'importance de demeurer prudent, sans sombrer dans la folie.»