Engrangeant des surplus depuis plusieurs années, voilà que la Ville de Montréal se dirige vers un déficit de 46,5 millions en 2017. C'est du moins ce qu'appréhende la métropole à la lumière des résultats financiers au 31 mars.

Montréal a présenté ce matin ses projections au terme du premier trimestre. Ce déficit anticipé s'explique en grande partie par des revenus inférieurs de 28 millions aux prévisions.

Encore une fois, les contraventions distribuées par les policiers et agents de stationnement continuent à être nettement en deçà des prévisions (-20 millions). Les transferts en provenance de Québec et Ottawa sont aussi moins importants que prévu (-11 millions) puisque les subventions de projets majeurs comme l'échangeur Turcot et le pont Champlain ont été étalées sur plusieurs années.

Les dépenses de Montréal s'annoncent aussi de 18 millions supérieures au budget. La rémunération est de 28 millions, notamment en raison du temps supplémentaire et des départs à la retraite moins nombreux que prévu. L'hiver ayant été particulièrement rigoureux, le déneigement des rues s'annonce aussi coûteux. La Ville évalue que ses contrats de neige lui coûteront 11,7 millions de plus que prévu.

Ces résultats représentent une contre-performance puisqu'à pareille date l'an dernier, Montréal se dirigeait déjà vers un surplus de près de 10 millions. La métropole avait finalement terminé l'année 2016 avec un surplus de 139 millions. Soulignons que le gouvernement interdit par une loi aux villes de terminer un exercice financier par un déficit. Un tel scénario s'est toutefois produit en 2013, une correction des états financiers de cette année s'étant soldée par un manque à gagner de 50 millions à l'époque.

Le président du comité exécutif de Montréal, Pierre Desrochers, s'est montré rassurant. « Il n'y a aucun danger qu'on déclare un déficit. De toute façon, la Loi nous l'empêche », a-t-il dit. Soulignant que ce manque à gagner représente moins d'1% du budget de 5 milliards de la métropole, l'élu affirme que « des actions seront entreprises pour que ce déficit soit résorbé ».

L'opposition à l'hôtel de ville a déploré ces résultats. « Est-ce que Denis Coderre a perdu le contrôle des dépenses en cette année du 375e anniversaire de Montréal? » a réagi la conseillère Laurence Lavigne Lalonde.

Devant la hausse des coûts de la rémunération, alors que Montréal s'est pourtant engagée à réduire la masse salariale, Projet Montréal y voit une conséquence de la « gestion chaotique des ressources par le maire de Montréal ».

Le parti estime également que la Ville prévoit des cibles irréalistes dans l'émission des contraventions, ce qui favorise la mise en place de « trappe à tickets ». Laurence Lavigne Lalonde estime que Montréal devrait chercher à « accroitre la sécurité du public au lieu de renflouer les coffres de la Ville ».

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Surplus (déficit) de Montréal


• 2012:    109,1 M$

• 2013:    -47,9 M$

• 2014:    213,9 M$

• 2015:    145,8M$

• 2016:    139,1 M$

• 2017*:  -46,5 M$

*Selon les projections faites selon les résultats au 31 mars