Les Montréalais se montrent de plus en plus insatisfaits de l'entretien des rues, de l'état de la circulation et de la qualité du déneigement à Montréal, révèle un vaste sondage de satisfaction mené par la Ville à l'automne 2016. Signe inquiétant, les résultats permettent de constater que les entreprises se montrent encore plus critiques sur l'état des artères de la métropole.

TAUX DE SATISFACTION STABLE

En octobre 2016, la Ville de Montréal a commandé à la firme Léger un vaste sondage de satisfaction auprès de 7600 Montréalais et 800 dirigeants d'entreprise. Quelques bonnes nouvelles se dégagent de cet important coup de sonde : globalement, le taux de satisfaction est stable depuis 2014, tant chez les citoyens (82 %) que chez les entreprises (68 %). Le sondeur a même noté une amélioration significative de la part des Montréalais estimant que leurs services sont « à la hauteur des taxes payées », le taux étant passé de 52 à 60 % depuis deux ans.

MÉCONTENTEMENT PALPABLE DANS LES RUES

C'est lorsqu'on invite les citoyens à se prononcer sur des services précis que l'on voit où le bât blesse. Le sondage démontre une insatisfaction croissante par rapport à l'entretien du réseau routier, à l'état de la circulation et à la qualité du déneigement. Le taux de satisfaction pour ces éléments a reculé de 5 à 13 points depuis 2014.

« BULLETIN SATISFAISANT »

L'administration Coderre dit prendre bonne note de l'insatisfaction par rapport à son réseau routier. « On n'est pas toujours heureux des chiffres qui sortent, mais c'est correct. [...] C'est un bulletin satisfaisant, mais les Montréalais nous disent qu'on a encore du travail à faire », a réagi le bras droit du maire Pierre Desrochers. Ce dernier dit comprendre tout particulièrement l'insatisfaction au sein des entreprises, dont le succès peut dépendre de l'état des routes. Mais malgré les critiques, pas question de ralentir la cadence dans les chantiers. « On nous reproche les entraves, mais on nous reprocherait encore plus de ne pas faire ce qu'il faut faire pour améliorer nos infrastructures », estime l'élu.

UNE « GIFLE AU VISAGE » DU MAIRE

Loin de partager ce constat, Projet Montréal voit dans les résultats de ce sondage un désaveu de la part des citoyens. « Ce bilan, c'est vraiment une gifle au visage de Denis Coderre, qui ne cesse de dire que, depuis son arrivée, les Montréalais ont retrouvé le sourire. Force est de constater que la population n'est pas satisfaite des services de base », a réagi la chef de l'opposition, Valérie Plante. Elle en veut pour preuve le fait que le maire ait été absent hier lors de l'annonce des résultats du sondage.

UN PLAN POUR « SIMPLIFIER LA VIE DES MONTRÉALAIS »

Pour améliorer la satisfaction des Montréalais, la Ville dit vouloir aider les citoyens à s'y retrouver quand ils traitent avec les 22 services et 19 arrondissements de Montréal et éviter qu'ils se sentent comme dans la maison des fous des Douze travaux d'Astérix. Son plan, baptisé « simplifier la vie aux Montréalais », prévoit notamment de revoir la façon par laquelle les citoyens entrent en contact avec la métropole, ce qui mènera à une refonte complète du service du 311. En plus d'améliorer les outils informatiques de la Ville, on veut notamment mettre en place une seule centrale téléphonique pour recevoir les plaintes et requêtes plutôt que d'en avoir une vingtaine, comme c'est actuellement le cas. « C'est un changement de culture complet », résume Alain Marcoux, directeur général de Montréal.

TREIZE PRIORITÉS

Le plan de Montréal s'articule autour de 13 priorités, dont voici les principales : 

• Pour améliorer l'état des rues, la métropole compte doubler dès 2017 la quantité de rues réasphaltées. Pas moins de 400 km de chaussées devraient ainsi être refaites, puis de 500 à 600 km en 2018.

• La Ville prévoit aussi d'acheter quatre appareils pour colmater automatiquement les nids-de-poule dans les rues locales, moins bien entretenues que les grandes artères.

• Pour réduire les maux de tête des automobilistes circulant et cherchant à se garer à Montréal, on prévoit simplifier la signalisation dans les rues.

• Pour améliorer l'état des trottoirs l'hiver, faire de l'épandage préventif d'abrasif sur les trottoirs avant que de la pluie verglaçante ne tombe.

DES « RÉPARATIONS QUI NE TIENNENT PAS LA ROUTE »

Le plan pour améliorer la qualité des rues déçoit cependant Projet Montréal. L'opposition déplore que l'administration Coderre fasse fausse route en misant sur des travaux de pavage plutôt que des reconstructions en profondeur. Valérie Plante a cité en exemple les travaux de la rue Notre-Dame faits en 2013 et qui, quatre ans plus tard, sont à refaire. « Il y a des craques majeures et des nids-de-poule importants partout. Les réparations doivent durer entre 7 et 12 ans, et c'est déjà dans cet état », s'est-elle désolée. Quant aux problèmes de circulation, la chef de Projet Montréal continue à dénoncer le manque de planification des chantiers. « On devrait pouvoir réparer des rues sans que la population ait à faire de grands détours et à naviguer à travers des cônes orange. »

DES RÉSULTATS PLUS PRÉCIS... MAIS PAS DISPONIBLES

Alors qu'elle avait sondé 1900 Montréalais en 2014, la Ville a décidé d'élargir son enquête de satisfaction en 2016 pour obtenir des résultats plus précis. Ce sont ainsi 7600 Montréalais et 800 entreprises qui ont été sondés. Ce coup de sonde a ainsi permis de sonder 400 personnes dans chacun des arrondissements, ce qui permet d'obtenir une vue beaucoup plus précise de la satisfaction des citoyens dans chaque secteur de la ville. Malheureusement, Montréal n'avait pas rendu publics ces résultats par arrondissement au moment d'écrire ces lignes.