Les pouvoirs de l'inspecteur général de Montréal devraient être élargis pour lui permettre de mener des enquêtes criminelles et de se pencher sur les transactions immobilières de la métropole, estime le maire Denis Coderre.

Lors d'un point de presse ce matin, le maire de Montréal a salué la création du Bureau d'intégrité professionnelle et administrative (BIPA) à la Ville de Saint-Jérôme. Satisfait de voir que Jacques Duchesneau deviendra le deuxième inspecteur général de la province, Denis Coderre estime que ce type de bureau devrait être étendu à d'autres villes, mais aussi aux gouvernements du Québec et du Canada.

Lui-même a reconnu vouloir élargir les pouvoirs conférés à Me Denis Gallant, limité pour le moment à des enquêtes administratives sur l'octroi des contrats. «C'est sûr qu'éventuellement, on va élargir [les pouvoirs de l'inspecteur général], maintenant qu'on a une vitesse de croisière», a indiqué Denis Coderre. Celui-ci a évoqué la possibilité d'imiter New York qui a confié à son inspecteur général de l'autorité portuaire le pouvoir de faire des enquêtes criminelles et déposer des accusations.

Le maire a indiqué que le projet de Loi sur la métropole, lorsqu'il sera adopté, inclura un «réflexe Montréal» qui permettra à la ville de demander plus facilement des changements aux Lois. Le maire compte ainsi en profiter pour élargir les pouvoirs du BIG.

Les partis d'opposition à l'hôtel de ville ont tenu à souligner que l'idée d'élargir les pouvoirs de l'inspecteur général avait été soumise en octobre par la chef de Vrai changement, Justine McIntyre. Sa proposition a été soumise à la Commission sur l'inspecteur général, qui doit remettre sous peu ses recommandations. «Il s'approprie l'idée: ça vient de l'opposition», s'est indigné Alex Norris, de Projet Montréal.

Coderre estime qu'il n'avait pas à intervenir

Par ailleurs, le maire a réagi à un reportage de Radio-Canada indiquant qu'il n'avait pas agi après avoir reçu en mars 2014 une lettre de l'ex-policier Mario Lambert dénonçant les pratiques des affaires internes du SPVM. Denis Coderre estime qu'il n'avait pas à intervenir, qu'il avait simplement été mis en copie conforme de cette lettre aussi transmise à l'inspecteur général de Montréal, Me Denis Gallant.

«On ne s'immisce pas dans les affaires internes, on ne s'immisce pas dans les opérations policières», a-t-il maintenu.

Denis Coderre rejette de plus l'idée de confier le mandat au groupe d'élus montréalais chargé de veiller aux activités du SPVM le mandat d'enquêter sur les affaires internes du corps policier. «La Commission de la sécurité publique n'est pas là pour remplacer ceux qui font des enquêtes»

Le maire a par ailleurs jugé paradoxal d'être blâmé pour ne pas être intervenu alors que d'autres lui reproche de trop se mêler des affaires policières, notamment dans l'affaire ayant men à l'espionnage du journaliste Patrick Lagacé. «D'un côté vous faites les nouvelles en disant qu'il y a trop de proximité entre le bureau du maire [et le SPVM] et de l'autre que je ne m'en suis pas occupé», a-t-il dit.

Alex Norris rétorque que le maire fait fausse route en ne voyant pas la nuance. «On lui reproche son incohérence, soit d'être intervenu quand il ne fallait pas le faire, mais de ne pas être intervenu quand il devait faire un suivi», dit le conseiller. Projet Montréal estime que le maire aurait dû effectuer un suivi auprès du ministère de la Sécurité publique puisque la lettre de Mario Lambert soulevait d'importantes questions sur l'intégrité du SPVM.