La Ville de Montréal a été mise à l'amende pour avoir tardé à corriger des problèmes de moisissures dans l'un de ses immeubles... occupé par le Directeur de santé publique. Et trois ans après la découverte de champignons dans ce bâtiment, des travaux correctifs restent encore à faire.

En janvier 2014, une importante infiltration d'eau s'est produite dans la toiture d'un immeuble du parc La Fontaine situé au 1301, rue Sherbrooke Est. L'effondrement du plafond a révélé un important problème de moisissures, qui remonterait à la crise du verglas de 1998, selon la Fédération des professionnels, dont les membres travaillaient dans l'immeuble.

Déplorant la mauvaise qualité de l'air et disant en ressentir des conséquences sur leur santé, certains des 500 employés travaillant dans le bâtiment ont porté plainte à la CSST, devenue depuis la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

DATE LIMITE DÉPASSÉE

Dans un rapport daté d'octobre 2014, l'organisation avait donné jusqu'en mars 2015 pour régler une panoplie de problèmes de moisissures découverts. Mais à la date limite, Montréal n'avait toujours pas effectué plusieurs des correctifs demandés. La CNESST a ainsi envoyé huit constats d'infraction à la Ville de Montréal pour son retard à régler des problèmes identifiés.

La CNESST reproche à la métropole d'avoir tardé à remplacer des fenêtres et appuis de fenêtres touchés par les moisissures. La Ville avait aussi négligé d'enlever le revêtement de sol en linoléum et de décontaminer les structures touchées par les moisissures sous celui-ci.

Un document obtenu par La Presse indique que Montréal s'apprête à plaider coupable à quatre des constats, alors que les quatre autres ont été abandonnés. D'une valeur de 2030 $ chacun, ces quatre constats coûteront ainsi 8120 $.

TRAVAUX À VENIR

Trois ans après la découverte des moisissures, le dossier n'est pas entièrement clos puisque la Ville doit encore faire réaliser certains travaux. Deux chantiers estimés à 5,7 millions ont été réalisés, mais il reste encore à faire la réfection des douches situées au sous-sol, ainsi que des vestiaires. Ceux-ci sont en mauvais état en raison de fuites dans la tuyauterie, qui ont entraîné une contamination fongique. Toute la plomberie des douches doit être refaite et les murs, reconstruits.

L'administration Coderre a attribué mercredi un contrat de 250 000 $ à Ardec Construction pour réaliser ces travaux. L'entrepreneur a 135 jours pour terminer le chantier, soit d'ici la fin juin. La Ville dit que le temps presse, voulant éviter de nouvelles amendes.

Le coût de ce contrat est 24 % en deçà de l'estimation de la Ville. Montréal explique l'écart par le nombre élevé d'entreprises ayant présenté une soumission - neuf - et par le fait qu'Ardec Construction demande beaucoup moins pour décontaminer l'endroit que ce qui était attendu.

Le 1301, rue Sherbrooke Est a été construit en 1951. La Ville de Montréal en est propriétaire depuis 1990. La métropole, qui loue l'édifice au Directeur de santé publique, admet que l'immeuble accuse un important manque d'entretien.