Disant être inondé de plaintes sur la qualité du déneigement depuis le début de l'hiver, le maire d'Anjou Luis Miranda accuse l'administration Coderre de favoriser l'enlèvement de la neige dans les arrondissements des élus de son parti, ce que dément fermement le cabinet du maire.

« Il y a du favoritisme et il y a un manque de coordination », accuse le maire d'arrondissement. Luis Miranda déplore l'état des rues d'Anjou à l'issue de la dernière opération de déneigement, y voyant l'effet pervers de la centralisation de ce service. Depuis 2016, la Ville de Montréal a centralisé la gestion du déneigement. Les opérations sont toujours réalisées par le personnel des arrondissements, mais c'est la ville centre qui décide du déclenchement des opérations et des priorités à respecter.

Cette nouvelle façon de faire a considérablement fait augmenter le nombre de plaintes à Anjou, affirme Luis Miranda. « Juste le fait d'avoir des plaintes, pour nous, c'est exceptionnel », assure l'élu.

Les conditions ont été particulièrement difficiles durant les vacances des Fêtes, puisqu'un cocktail de neige, de pluie verglaçante et de pluie s'est abattu sur Montréal. Déjà deux opérations d'enlèvement de la neige ont eu lieu, mais Luis Miranda estimait qu'une troisième s'imposait à la suite de la dernière bordée reçue.

Mais voilà, il dit que sa demande a été refusée. Le maire d'arrondissement comprend d'autant plus mal cette décision qu'elle a été autorisée dans quatre autres secteurs, soit Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension (VSMPE), Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT), Verdun et LaSalle.

Luis Miranda note que trois de ces quatre arrondissements sont dirigés par des membres de l'administration Coderre, dont Anie Samson (Villeray), grande responsable du déneigement.

« Comment se fait-il qu'on leur donne cette autorisation, mais pas aux autres ? Le fait d'être [dans] le comité exécutif donne peut-être des privilèges, ce qui ne devrait pas être le cas », dénonce Luis Miranda, qui dirige l'un des nombreux partis d'arrondissement ayant apparu aux dernières élections.

OPÉRATION PROLONGÉE

L'administration Coderre a vivement démenti tout favoritisme. Au contraire, trois bordées de neige s'étant succédé durant la dernière opération d'enlèvement de la neige, le cabinet du maire dit avoir autorisé les arrondissements à prolonger le travail pour refaire certaines rues.

Se fiant aux données compilées par les GPS qui équipent désormais la machinerie, l'élu responsable de la ville intelligente, Harout Chitilian, affirme ainsi que 140 % du territoire d'Anjou a été déneigé lors de la dernière opération. Bref, deux rues sur cinq ont été déneigées à deux reprises durant l'opération.

« Les données le contredisent. Alors soit les données ont tort, ce dont je doute, soit [Luis Miranda] essaie de créer une crise de toutes pièces », dit Harout Chitilian, élu responsable de la ville intelligente.

Passant à l'offensive, Harout Chitilian a ainsi accusé le maire Miranda de tenter de politiser le déneigement à l'aube des élections de novembre prochain. « Je trouve désolant qu'il essaie de récupérer ce sujet pour faire sa campagne électorale, déjà en janvier. »

ÉCHEC DE LA CENTRALISATION

L'opposition à l'hôtel de ville croit que les difficultés rencontrées cet hiver dans le déneigement illustrent les limites de la centralisation de ce service. « On alléguait que la centralisation des opérations de déneigement allait mettre fin à l'improvisation, allait améliorer le déneigement, mais ce qu'on constate, c'est qu'il n'y a pas de différence », a réagi François Croteau, maire de Rosemont-La Petite-Patrie.

L'élu de Projet Montréal estime plutôt que la nouvelle politique de déneigement a privé les arrondissements de la marge de manoeuvre nécessaire pour réagir aux aléas de dame Nature. 

« Montréal est un gros territoire et les conditions ne sont pas identiques partout. Il peut y avoir du verglas à un endroit et pas à un autre », dit François Croteau, maire de Rosemont-La Petite-Patrie.

Or, un arrondissement qui déciderait de faire plus de déneigement que ce qui a été décrété par la ville centre devrait le faire à ses frais.

« Lorsqu'on adopte une politique de mur à mur dans une ville comme Montréal, où il y a tant de différences dans la configuration des quartiers et des routes, c'est certain que ça devient du nivellement par le bas », poursuit M. Croteau. Le maire de Rosemont ne va toutefois pas jusqu'à accuser l'administration Coderre de faire preuve de favoritisme dans ce dossier.