Miroirs et pare-chocs arrachés, portières bosselées, vélos désarticulés : des citoyens en ont assez des cowboys du déneigement. Une importante partie des déneigeurs ayant changé cette année, la Ville de Montréal invite les citoyens à rapporter les incidents dont ils sont victimes pour que des correctifs soient apportés.

Nombre de Montréalais n'ont pas été surpris, lundi dernier, de voir les images d'une chenillette qui détruit un vélo faire le tour de l'internet. Richard Dolbec, lui, a vu sa voiture être victime deux fois d'une chenillette. La première fois, un miroir de celle-ci a été arraché. Mais il y a une semaine, les dommages ont été beaucoup plus lourds : son pare-chocs arrière a été arraché, et tout le côté de sa voiture a été bosselé. « J'en ai pour 4000 $ de dommages », évalue ce résidant de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville.

Devant l'étendue des dégâts, l'opérateur de la chenillette a laissé une note sur le pare-brise de son automobile pour l'inviter à communiquer avec son entreprise. « Ils voulaient que je leur amène ma voiture pour qu'ils l'arrangent, mais je n'ai pas voulu », dit le Montréalais. Il a préféré appeler son assureur et porter plainte à la Ville de Montréal.

Résidant du Sud-Ouest, Pascal Montplaisir a lui aussi récemment été victime de l'empressement d'un déneigeur. Son vélo, qu'il avait verrouillé comme à son habitude sur la clôture devant son logement, a carrément été arraché et traîné sur environ 5 mètres. « La roue est tordue et la fourche est croche : la bicyclette est finie », se désole-t-il.

La chenillette, qui filait à vive allure, avait pourtant amplement d'espace pour passer, s'indigne Pascal Montplaisir. Et même si sa monture se trouvait légèrement sur son chemin, il ne voit pas ce qui autorisait le déneigeur à emporter son vélo dans son empressement.

« Si ma voiture était mal stationnée dans la rue, ça te donnerait le droit de rentrer dedans ? »

NOUVEAUX ACTEURS

L'élue responsable des services aux citoyens, Anie Samson, invite les Montréalais à rapporter tous les incidents dont ils sont victimes et à présenter une réclamation au Bureau des réclamations (514 872-2977). Et mieux vaut faire vite, puisque les gens ont 15 jours pour présenter une demande de dédommagement.

« On a besoin de ce retour, d'être informés, parce que s'il y a un problème dans un secteur, on doit le savoir. Si les citoyens ne font pas de démarches, c'est difficile de trouver le coupable ou des solutions. »

Rapporter les incidents est d'autant plus important cette année qu'une grande partie des entrepreneurs responsables du déneigement a changé. En effet, le tiers des contrats ont été renouvelés cet hiver. Et le resserrement des règles à la suite d'une enquête du Bureau de l'inspecteur général ayant démontré la présence de collusion et de partage de territoires a fait en sorte que plusieurs nouveaux acteurs ont décroché ces mandats. « Ç'a changé la dynamique », reconnaît Anie Samson.

L'élue souligne qu'environ la moitié de Montréal est déneigée par des cols bleus, tandis que l'autre moitié relève d'entreprises privées. Mais peu importe qui déblaie les rues des arrondissements, les réclamations doivent être transmises à la Ville de Montréal. Anie Samson souligne qu'on n'a pas besoin d'un témoin pour présenter une réclamation. Il suffit de démontrer qu'il y a bel et bien eu opération de déneigement au moment où sa voiture ou son vélo a été endommagé. Soulignons que l'application Info-Neige permet d'ailleurs de suivre le déroulement des opérations.

Richard Dolbec estime que les incidents sont plus nombreux depuis que son arrondissement a confié au privé le mandat de déneiger ses rues. Alors que l'hiver commence à peine, il dit avoir déjà vu trois autres voitures endommagées par des chenillettes dans son quartier. Le Montréalais affirme avoir dénoncé la situation à l'entrepreneur et avoir été renversé par sa réponse. « Il m'a dit que ce n'est pas son véhicule qui était trop large, mais le trottoir qui est trop étroit », relate-t-il.

Les opérations de déneigement n'ont pas seulement endommagé sa voiture, mais aussi son terrain. Excédé de voir une partie de son aménagement paysager se faire arracher pendant l'hiver, Richard Dolbec a décidé d'installer une clôture de bois. « Mais ils ont réussi à l'arracher », s'étonne-t-il encore.

photo fournie par Pascal Montplaisir

Résidant du Sud-Ouest, Pascal Montplaisir a récemment été victime de l'empressement d'un déneigeur. Son vélo, qu'il avait verrouillé comme à son habitude sur la clôture devant son logement, a carrément été arraché et traîné sur environ 5 mètres.