Un drone léger qui volait dans le ciel du Vieux-Montréal s'est écrasé en plein boulevard Saint-Laurent, mardi après-midi, à quelques mètres des bureaux de La Presse et du palais de justice.

L'appareil, un DJI Phantom d'une valeur d'environ 1000 $, s'est fracassé au sol à moins de deux mètres du chroniqueur Yves Boisvert. «J'ai vu cet objet qui est tombé du ciel entre deux voitures stationnées. Je pensais au départ que c'était un enjoliveur de roues qui a roulé jusque là, mais j'ai vite compris que c'était autre chose. Ça arrivait de haut», a-t-il raconté.

L'appareil s'est disloqué en plusieurs morceaux et ses hélices se sont brisées à la suite de l'impact. La fiche technique officielle du fabricant précise qu'il pèse 1,2 kg et peut voler à des températures allant de 0 à 40 degrés Celsius. Le thermomètre affichait un mercure inférieur à zéro hier après-midi.

«Le centre-ville, avec les piétons qui circulent et les bâtiments en hauteur, est vraiment un mauvais endroit pour faire cette activité. N'importe quel opérateur sérieux ferait barrer les rues pour faire voler un drone de façon sécuritaire», souligne Jean Laroche, directeur de la recherche et du développement au Centre québécois de formation aéronautique.

Le propriétaire de l'appareil n'est pas venu le réclamer. Aucune image vidéo ne semble avoir été enregistrée par la caméra embarquée du véhicule sans pilote. 

«Si ça avait été un vol commercial, autorisé par Transports Canada, il y aurait eu des gens avec des vestes orange et des cônes pour faire comprendre aux passants qu'il y a une activité aérienne en cours», affirme Jean Laroche.

À défaut d'avoir obtenu un Permis d'opérations aériennes spécialisées (COAS) obligatoire, le propriétaire se serait exposé à une amende allant jusqu'à 25 000 $.

Mais si le propriétaire est un simple hobbyiste, qui faisait voler son drone à des fins récréatives, rien dans la loi actuelle ne l'obligeait à obtenir un permis de vol de Transports Canada. «Pour les utilisateurs récréatifs, ce qu'on dit, c'est qu'ils doivent faire voler leur appareil de façon sécuritaire. Ce n'est pas aussi prescriptif que pour les utilisateurs commerciaux», indique Natasha Gauthier, porte-parole de Transports Canada.

«Nous offrons des conseils, comme éviter d'utiliser son drone au-dessus d'une foule, se tenir loin des personnes et des édifices, par exemple. Utiliser son drone en plein centre-ville de Montréal, ce ne serait pas considéré comme une utilisation sécuritaire d'un drone, mais ce sont des lignes directrices», précise la porte-parole.

Vers un resserrement de la loi

Aux États-Unis, la réglementation est considérablement plus contraignante pour l'utilisation de drones à des fins récréatives. Depuis le 21 décembre 2015, tout appareil pesant entre 0,55 et 55 lb survolant le territoire américain doit obligatoirement être enregistré auprès de la Federal Aviation Administration (FAA). Les propriétaires doivent obligatoirement apposer le numéro d'identification de leur drone bien en vue sur l'appareil s'ils veulent l'utiliser à l'extérieur, faute de quoi ils s'exposent à des amendes allant jusqu'à 27 500 $ en cas de poursuite civile, et jusqu'à 250 000 $ et trois ans de prison pour une poursuite criminelle.

Rien de tel n'existe pour l'instant au Canada, mais le ministère des Transports entend proposer une réforme de la réglementation sous peu, qui forcera l'enregistrement des drones légers par les amateurs au pays. Selon des documents obtenus en octobre par CBC, le ministère des Transports songe aussi à obliger l'ensemble des propriétaires de drone à passer un test de connaissances et à détenir une assurance responsabilité en cas de poursuite.