Vous payez deux heures de stationnement mais n'en utilisez qu'une? Vous serez remboursé. Fini le paiement selon le numéro de panneau, c'est votre plaque d'immatriculation qui fera foi de tout. Et un jour, vers 2018, vous pourrez voir sur votre téléphone intelligent quels sont les espaces de stationnement libres à Montréal. Et peut-être même en avoir un si vous êtes assez rapide.

Quatre ans après avoir lancé son application mobile, Stationnement de Montréal annoncera aujourd'hui qu'il passe à la vitesse supérieure, «le chapitre deux», indique Charles Auger, directeur général. Nouveau partenaire, nouvelle application dès le printemps, et une dizaine d'innovations à implanter d'ici cinq ans. 

Satisfaits, mais...

Depuis 2012, l'application mobile P$ Service mobile, conçue par TC Media, a été utilisée pour plus de 21 millions de transactions. «Nous sommes très satisfaits, on a dépassé les attentes», indique le directeur général. Selon un sondage CROP, 84% des utilisateurs s'en disent également satisfaits - le coût de 20 cents par transaction étant le principal motif de grogne. Même si on lui a ajouté quelques fonctionnalités comme des notifications et l'intégration des règlements municipaux, l'application a peu changé.

« On est rendus ailleurs. On veut aller à un autre niveau. Il faut sortir de notre carré de sable », affirme le directeur Charles Auger.

Nouvel appel d'offres, nouvel acteur

En mai dernier, un nouvel appel d'offres a permis d'attirer un acteur important, Passport, dont le choix sera officiellement annoncé ce matin. Ses services sont déjà retenus dans 20 villes nord-américaines, dont Toronto, Vancouver, Chicago et Boston.

Fait intéressant, pratiquement toutes les nouveautés qu'on annonce chez Stationnement de Montréal existent déjà, sous différentes formes, dans une autre ville cliente de Passport. «Ça ne me tente pas de réinventer la roue. Mon core business, c'est la gestion du stationnement», explique M. Auger. 

«L'intégration de technologies innovantes permet d'optimiser la gestion du stationnement et l'occupation de l'espace public», peut-on ainsi lire dans la Politique du stationnement, déposée en juin 2016.

Les premiers pas

Une nouvelle application, basée sur le modèle Passport à la sauce montréalaise, sera lancée au printemps. On la souhaite «robuste et intuitive». À court terme, on veut offrir quatre nouvelles fonctions : 

1. La localisation sur une carte géographique des espaces de stationnement publics, sur rue et hors rue ;

2. Le paiement d'autres moyens de transport (BIXI, transports en commun, voiture en libre-service) ;

3. Un remboursement offert par des commerçants, par l'application, à leurs clients qui se stationnent à proximité ;

4. Des rabais, grâce à des codes promotionnels, pour des événements spéciaux choisis par la Ville.

Moscou ou San Francisco?

Une des innovations les plus attendues, qui permettrait de voir en temps réel les espaces de stationnement libres, est actuellement testée. Elle pourrait être offerte à Montréal en 2018. On reluque deux technologies, notamment utilisées par Moscou et San Francisco. Les écueils sont nombreux, résume M. Auger. «La gadoue, le gel, les vibrations du métro et, surtout, l'autonomie des capteurs. On a plus de 18 000 places de stationnement, c'est quand même un investissement substantiel.»

Adieu borne, bonjour plaque

Comme l'ont fait plusieurs villes nord-américaines - dont Westmount en mai dernier -, Montréal pourrait bientôt permettre le «Pay by Plate». Ce n'est plus le numéro de l'espace de stationnement qui importe, mais la plaque d'immatriculation de celui qui l'occupe. Et qui peut donc le quitter pour un autre espace, sans coût supplémentaire. «Ce n'est pas pour demain, précise cependant le directeur général. On parle ici d'une orientation.»

Même «orientation» en ce qui concerne les tarifs modulés en fonction de la demande, une autre politique dont s'enorgueillit San Francisco et qu'on veut importer à Montréal. Ces nouveautés sont inscrites noir sur blanc dans l'appel d'offres lancé en mai dernier, rappelle M. Auger.

«On veut un partenaire qui va nous amener là. C'est un contrat de cinq ans. On serait déçus qu'au bout de deux ans, on n'en ait pas une bonne partie.»

Questions de sous

Bien des automobilistes ont la coûteuse habitude de payer pour du temps de stationnement qu'ils n'utiliseront pas. Stationnement de Montréal annonce dans son appel d'offres qu'elle veut adopter un mode de paiement «juste à temps», dans lequel on peut démarrer et arrêter une séance de stationnement.

Vous voulez arrondir votre facture de stationnement, par exemple de 3,75 $ à 4 $? Vous pourrez offrir la différence, un «microdon», à un organisme listé dans l'application.

Couper dans les frais

Enfin, les 20 cents par transaction dans l'application qui horripilent tant d'automobilistes seront probablement réduits. «J'espère que ce sera 10 cents», dit M. Auger. Il rappelle cependant que l'implantation de l'application mobile doit se faire à coût nul pour la Ville. À lui seul, le contrat avec Passport stipule un coût de 6 cents par transaction, pour un total prévu de 60 millions de transactions en cinq ans, soit 3,6 millions de dollars.

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LE STATIONNEMENT SUR RUE À MONTRÉAL, C'EST : 

• Environ 500 000 espaces au total

• 18 317 places de stationnement tarifées

• 1515 bornes de paiement (incluant hors rue)

• Tarif horaire de 3 $ au centre-ville

• 700 000 utilisateurs de l'application mobile

• 63 millions de revenus en 2015

Cette année, 45% des revenus tirés par Stationnement de Montréal du stationnement sur rue provenaient de l'application, une hausse de 10% en moins d'un an. «On aimerait atteindre les deux tiers», c'est une ambition réaliste, indique M. Auger.

GRAPHIQUE FOURNI PAR STATIONNEMENT DE MONTRÉAL