Le conseiller municipal Marvin Rotrand demande à Montréal de se départir de tous les investissements dans l'industrie du tabac que détiennent les régimes de retraite de la Ville.

M. Rotrand en fait une question de principe. « C'est inacceptable que la Ville adopte une position qui montre sa préoccupation concernant la santé publique et qu'en même temps, nos fonds de retraite investissent dans l'industrie du tabac. C'est une contradiction », a-t-il dénoncé en conférence de presse hier. Ce dernier présentera une motion à l'assemblée du conseil municipal lundi prochain.

Arguant que le taux de tabagisme s'élève à 19,6 % au Québec et que les coûts en soins de santé attribuable au tabac seraient de quelque 2 milliards, Marvin Rotrand propose que les administrateurs des régimes de retraite s'engagent à ne pas investir dans l'industrie du tabac.

« Il faut même désinvestir », croit la conseillère municipale Justine McIntyre. Elle rappelle d'ailleurs que les élus montréalais ont adopté trois motions visant à réduire le tabagisme, l'an dernier.

DES « ENTITÉS DISTINCTES »

À M. Rotrand qui lui a fait part de ses préoccupations, le président du comité exécutif, Pierre Desrochers, a rappelé dans une lettre datée d'août dernier que les comités de retraite étaient des « entités distinctes » de la Ville et que leurs investissements étaient de nature privée. M. Desrochers souligne également qu'ils sont préoccupés par « les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance ».

En comparaison, la Caisse de dépôt et placement du Québec détient des actions dans toutes les grandes sociétés de tabac, dont 59,2 millions dans Imperial Tobacco et 120,3 millions dans Philip Morris International. Selon Mme McIntyre, « la Caisse agit contre l'intérêt public ».

M. Rotrand a fait parvenir une lettre à la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, l'incitant à envoyer un signal clair à la Caisse de se retirer de tels investissements. Pour le conseiller municipal, « le gouvernement doit agir par souci de cohérence » alors qu'il vient de lancer un programme de prévention des méfaits du tabagisme.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Le conseiller Marvin Rotrand propose que les administrateurs des régimes de retraite de Montréal s'engagent à ne pas investir dans l'industrie du tabac.