La multiplication des chantiers entraînant une explosion de la facture des heures supplémentaires chez les policiers, un candidat dans la course à la direction de Projet Montréal, François Limoges, propose la création d'une «police de la circulation».

L'élu, qui souhaite prendre la tête de l'opposition et affronter Denis Coderre en novembre 2017, s'inspire des «Traffic Authority» dont se sont dotées plusieurs villes américaines et canadiennes. Il s'agit en somme d'une division du corps policier local essentiellement responsable de gérer la circulation.

Même s'ils portent l'uniforme, ces agents ne sont pas des policiers en bonne et due forme, ne portant pas d'arme. À Vancouver, qui a adopté cette formule depuis longtemps, leur rémunération oscille entre 22 et 26 $ l'heure, soit la moitié de celle d'un policier.

François Limoges estime que l'utilisation de tels agents permettrait de réduire les coûts liés aux heures supplémentaires des policiers. Aux abords des chantiers, où ils se retrouvent souvent, les policiers travaillent automatiquement en heures supplémentaires, en vertu de leur convention collective.

Cette clause coûte de plus en plus cher à la Ville de Montréal avec la multiplication des chantiers. Dans ses plus récents états financiers, la métropole a dit s'attendre à payer 12,4 millions de plus que prévu en 2016 en raison des heures supplémentaires des policiers. Le candidat à la direction de Projet Montréal y voit une mauvaise utilisation des ressources du SPVM.

«La priorité des policiers doit être de contrôler les infractions routières afin d'assurer la sécurité de tous, et non d'allumer et d'éteindre des feux de circulation ou de diriger le trafic», dit François Limoges.

Plus d'employés civils

Au-delà d'une police de la circulation, François Limoges propose de recourir davantage à des civils pour des tâches non spécialisées. Une récente comparaison du nombre d'employés civils entre les principales villes canadiennes démontre que Montréal en emploie peu. La métropole québécoise compte seulement 49 employés civils au SPVM par 100 000 habitants. C'est nettement moins que les 86 de Toronto. À l'inverse, Montréal emploie beaucoup plus de policiers. La Ville compte 230 agents de la paix par 100 000 habitants, contre 193 à Toronto.

Reste toutefois à voir la réaction qu'aurait la Fraternité des policiers et policières de Montréal. Invité à commenter la proposition de M. Limoges, le syndicat a rappelé que la gestion de la circulation était une tâche réservée aux policiers en vertu de leur convention collective. La Fraternité a aussi dit qu'elle refuse de négocier à la pièce et donc que ce dossier devrait être abordé dans les négociations sur le renouvellement de la convention collective, qui piétine depuis plusieurs années.

La Ville de Toronto a étudié en 2012 la possibilité de se doter d'une telle agence de la circulation, mais a estimé qu'elle n'était pas viable en raison des pouvoirs accordés aux policiers.