Le jeu Pokémon Go a été sans contredit le phénomène social et ludique de l'été. À Montréal, des centaines de chasseurs de Pokémon se sont régulièrement réunis à la tombée de la nuit dans des lieux publics de la ville pour attraper les perles rares du jeu. La police montréalaise a ainsi jugé bon d'établir un plan pour intervenir auprès de ces foules aux « mouvements spontanés et imprévisibles », a appris La Presse.

LE BUT DES RASSEMBLEMENTS

Au plus fort de la frénésie Pokémon Go, il était quasi impossible de marcher en ville sans croiser un joueur en train de capturer un Pokémon à partir de son téléphone cellulaire. Or, même si ces petits animaux imaginaires peuvent se trouver n'importe où - même dans votre cuisine -, les plus rares d'entre eux se cachent dans quelques lieux publics pris d'assaut par les joueurs. « Le but recherché des rassemblements est d'amplifier la puissance du signal collectivement afin d'augmenter les chances de capturer des Pokémon rares et prisés par les fans », explique un document du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) obtenu par la Loi sur l'accès à l'information.

« 12 LIEUX PROPICES AUX APPARITIONS »

Le SPVM dresse la liste des « 12 lieux propices aux apparitions de Pokémon rares » dans la région de Montréal, des endroits bien connus des joueurs expérimentés, comme le parc Baldwin, le square Dorchester, le Vieux-Port de Montréal ou le parc La Fontaine. Un seul commerce s'y retrouve, soit la crèmerie La Diperie, sur l'avenue des Pins. Joint au téléphone, le copropriétaire de l'établissement, Sam Arif, était surpris d'apparaître sur cette liste, puisqu'il n'a pas observé de rassemblements de joueurs au cours de l'été. Tout le contraire à l'oratoire Saint-Joseph, explique la porte-parole Danielle Decelles. « C'était difficile de le manquer ! Pendant les premières semaines, des gens venaient, mais ils restaient à l'extérieur du sanctuaire. Ils étaient respectueux », dit-elle. Les joueurs se font toutefois rares actuellement, précise-t-elle.

« MOUVEMENTS SPONTANÉS ET IMPRÉVISIBLES »

Les policiers du poste de quartier 12, dans l'ouest du centre-ville (Wesmount, Ville-Marie Ouest), sont intervenus pour la première fois le 16 juillet dernier dans un rassemblement spontané de joueurs de Pokémon Go. Au cours de la semaine suivante, trois grandes mobilisations ont eu lieu au square Cabot, en face de la station de métro Atwater et de l'ancien Forum. Le 20 juillet, à 23 h 52, une foule d'environ 2000 personnes y a même été observée par les policiers. « Il s'agit de foule pacifique et coopérative, mais dont les mouvements spontanés et imprévisibles se font de façon insouciante et même dangereuse », prévient-on dans le document « Service d'ordre, Plan de visibilité - Regroupements Pokémon », rédigé le 27 juillet pour le commandant du poste.

« ACTION RAPIDE SI NÉCESSAIRE »

L'auteur évoque dans le document l'importance pour les policiers d'être visibles sur les lieux des rassemblements afin d'en « influencer le bon déroulement » et d'assurer la « sécurité des participants ». Il recommande également de mener une « action rapide si nécessaire sur les éléments perturbateurs, susceptibles de causer des désordres et/ou troubler la paix ». L'application de la règlementation municipale et du Code de la sécurité routière est aussi recommandée. À la fin du mois de juillet, le SPVM n'avait obtenu « aucune information en lien avec de possibles perturbations ou menaces envers ces rassemblements », indique-t-on dans le document.

UNE SÉRIE D'« IMPACTS »

Le SPVM énumère dans le document de sept pages une série d'« impacts » causés par ces rassemblements impromptus de joueurs.

• Véhicules enclavés par la foule qui se déplace ;

• Comportements dangereux des usagers de la route (piétons, cyclistes, automobilistes, planches à roulettes, patins, etc.) ;

• Obstruction des trottoirs, inaccessibles pour les autres usagers ;

• Bruits (chiens qui aboient, cris, klaxons) pour les résidants du secteur ;

• Déchets laissés en grand nombre ;

• Véhicules stationnés ou immobilisés illégalement ;

• Difficulté pour la STM de circuler ;

• Kiosques et tentes installés sur les terrains publics.