Perché sur une échelle avec son appareil photo à la main et un balayeur d'ondes branché sur la fréquence radio de la tour de contrôle à ses pieds, Jean-Charles Hubert ne manque pas grand-chose des activités de l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau.

Chaque semaine, qu'il pleuve ou qu'il fasse beau, l'homme âgé de 41 ans peut être aperçu aux abords de l'aéroport en compagnie d'autres «spotteurs», un groupe de passionnés d'aviation qui adorent photographier les avions.

«C'est un peu comme une drogue, a concédé M. Hubert, coiffé d'une casquette bleue portant le nom du groupe, «55e Avenue», qui fait référence à l'une des rues passant près de l'aéroport. Je n'arrête pas de me dire que je ne viendrai pas, mais je finis toujours par me retrouver ici.»

La présence de ces amateurs constitue même un avantage sur le plan de la sécurité pour la direction de l'aéroport.

Jean-Charles Hubert a en effet affirmé que les autres spotteurs et lui-même n'hésitaient pas à signaler aux autorités aéroportuaires tout fait suspect allant du trou dans une clôture à un comportement humain douteux.

Certains membres du groupe ont même vu cette fonction être officialisée en 2009 par la direction de l'aéroport avec la création d'un programme de surveillance similaire à ceux qui déjà en vigueur à Ottawa et Toronto.

Christiane Beaulieu, la vice-présidente aux affaires publiques et communications d'Aéroports de Montréal, a précisé qu'une formation de base, un uniforme et un numéro de téléphone spécial avaient été fournis aux 46 participants du programme.

«Ils savent d'où les avions viennent et où ils s'en vont, ils savent combien de personnes sont présentes à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit», a-t-elle indiqué.

Mme Beaulieu n'a pas voulu révéler combien d'incidents le groupe avait rapportés, mais a assuré que l'équipe de sécurité de l'aéroport était «très satisfaite» de cette entente.

Lors d'un récent dimanche après-midi, la plupart des quelque 30 spotteurs présents à un populaire site d'observation semblaient toutefois n'être là que pour le plaisir de regarder les avions voler à basse altitude au-dessus de leur tête.

Parmi eux figuraient des familles avec des jeunes enfants, des couples assis dans des chaises de jardin et, bien sûr, des photographes.

Même si des groupes semblables existent aussi dans d'autres villes canadiennes, dont Vancouver, Toronto et Ottawa, M. Hubert a dit croire que celui de Montréal, qui compte plusieurs dizaines de photographes et 3600 membres sur Facebook, était probablement le plus actif.

Selon lui, cela est en partie attribuable aux nombreux endroits où il est possible d'observer les avions autour de l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau et aussi au soutien accordé aux spotteurs par la direction de l'installation.

En 2012, l'aéroport a même ouvert un parc public consacré à l'observation des avions comprenant des estrades, un banc surélevé pour aider les spotteurs à voir par-dessus la clôture et des affiches permettant aux gens de reconnaître les différents modèles d'appareil. Un lieu qui serait unique en son genre au Canada.

Pas que Jean-Charles Hubert ait besoin d'aide, lui qui observe les avions depuis l'âge de 13 ans et qui peut identifier la majorité d'entre eux lorsqu'ils ne sont encore qu'un simple point à l'horizon.

Si les premiers spotteurs avaient davantage une approche de collectionneurs, tentant de voir le plus d'avions différents possible, ceux du groupe 55e Avenue sont plus artistiques, leur principal objectif étant de capter les appareils selon un angle nouveau ou de réaliser des clichés spectaculaires.

«Mon but, c'est que quelqu'un qui ne connaît rien aux avions regarde la photo et dise: "Wow!"» a conclu M. Hubert.