De nouveaux arrivants ont élu domicile sur l'herbe du parc du Pélican, dans l'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie, à Montréal. Et ils sont plutôt chaudement habillés pour la période estivale.

Les résidants du quartier ont pu rencontrer, samedi, les six brebis et deux agneaux qui assumeront la responsabilité, durant un mois, de la tonte du gazon.

L'initiative d'écopâturage fait partie du projet pilote d'agriculture urbaine Biquette à Montréal.

Le broutage de l'herbe par des animaux a des avantages écologiques et contribue à l'aménagement paysager, a fait valoir l'une des instigatrices du projet, Marie-Ève Julien-Denis.

«Les excréments des moutons vont nourrir le sol et ça va contribuer à la biodiversité urbaine, parce que les insectes et les oiseaux ne seront plus dérangés par le bruit des tondeuses», a-t-elle expliqué.

Le recours aux brebis et aux chèvres dans les places publiques et les parcs existe en Europe depuis des siècles.

L'idée semble germer au Canada. La ville de Calgary, en Alberta, a fait appel à 106 chèvres pour éliminer le chardon et d'autres plantes indésirables d'un parc urbain.

Les moutons brouteurs du parc du Pélican, venus de la ferme gastronomique Chez Anouk, à Mont-Laurier, ont vite mis la main à la pâte. Ils semblaient d'ailleurs peu incommodés, samedi, par les quelques dizaines de curieux qui avaient bravé la pluie battante pour leur souhaiter la bienvenue.

Les Montréalais auront toutefois d'autres occasions de faire plus ample connaissance avec ces animaux. Des pique-niques et même des séances de yoga sont prévus à l'horaire des brouteurs.

Le projet Biquette à Montréal comporte aussi un volet éducatif. Les citoyens pourront notamment en apprendre davantage sur la fabrication du fromage et les vertus de la laine. Des ateliers sur l'agriculture urbaine et sur la provenance des aliments auront également lieu.

«Il y a beaucoup de citoyens qui n'ont pas nécessairement l'occasion d'aller à la campagne pour visiter des fermes», souligne Marie-Ève Julien-Denis, et c'est entre autres ce public que le projet cherche à rejoindre.

Le nouveau terrain de jeu des huit locataires temporaires du parc du Pélican sera supervisé 24 heures sur 24 par deux bergers. Un petit bâtiment a été érigé pour faire office de bergerie.

Le maire de l'arrondissement, François Croteau, a rappelé que le projet n'est pas le premier en matière d'agriculture urbaine. Un poulailler communautaire a été ouvert il y a quelques années.

«Nous voulons faire la démonstration qu'il est possible de réintégrer l'agriculture dans la vie des Montréalais», a-t-il lancé.

Les moutons rentreront au bercail dans un mois, mais les organisateurs du projet espèrent que d'autres parcs emboîteront le pas.

Le rêve le plus cher de Marie-Ève Julien-Denis est qu'un premier fromage issu des brebis montréalaises puisse être offert l'an prochain, juste à temps pour le 375e anniversaire de Montréal.