Contrairement au son des pales fendant l'air, la nouvelle de l'implantation d'un héliport dans Verdun est passée complètement inaperçue. Tard mardi soir, le maire de l'arrondissement de Verdun, Jean-François Parenteau, a informé les membres de son conseil d'arrondissement et les quelques citoyens qui restaient qu'un projet-pilote serait mené durant la fin de semaine du Grand Prix.

Les hélicoptères ont ainsi reçu l'autorisation de se poser du 9 au 12 juin sur un terrain vague situé à l'arrière de l'école secondaire Monseigneur-Richard, un site présentement utilisé comme dépôt à neige. Ces appareils serviront à mener différents essais de décollage et d'atterrissage pour mesurer le bruit généré par une telle installation. Avec ce projet-pilote, Jean-François Parenteau dit vouloir « s'assurer que le projet est conforme à tous les dispositions et règlements en matière de nuisance par le bruit pour l'environnement et le milieu de vie ».

« S'il devait se concrétiser de façon permanente, le projet d'Héliport Montréal bénéficierait à Verdun d'un emplacement stratégique hors pair, à proximité des grandes voies rapides, du pont Champlain et de plusieurs hôpitaux. », peut-on lire dans un communiqué de l'arrondissement de Verdun.

Cet héliport serait le seul public présentement à Montréal, les trois autres étant privés. Un centre de certification pour pilotes professionnels pourrait s'ajouter, ce qui représenterait un projet de 21 millions. « Toutefois, avant de nous engager, nous allons nous assurer que le projet ne se fera pas au détriment de la qualité de vie de nos citoyens », dit M. Jean-François Parenteau.

Pour l'instant, Verdun indique que le projet-pilote lui coûtera seulement 3500 $, soit la facture pour embaucher des techniciens qui prendront des relevés sonores durant le Grand Prix.

De sérieuses réserves

Projet Montréal ne cache pas avoir de sérieuses réserves sur le projet. « Je pense que ça va causer des nuisances pour les utilisateurs du parc, pour l'école secondaire. Ça vient en contradiction avec les orientations de la Ville de valoriser les berges du fleuve », dit Marie-Andrée Mauger, conseillère d'arrondissement pour Projet Montréal.

L'élue s'interroge aussi sur les raisons ayant poussé l'arrondissement à annoncer la tenue du projet-pilote à seulement deux jours du début de celui-ci. « C'est un grand projet, je trouvais dommage que ce soit présenté de cette façon », dit Mme Mauger.

L'héliport doit servir aux déplacements d'affaires et au transport médical. L'arrondissement a tenté de se faire rassurant, indiquant que la présence de l'héliport générerait un « trafic aérien limité », soit quatre ou cinq vols par jour. Aucun appareil ne serait entreposé sur place, les arrêts devant durer seulement quelques minutes. Seulement deux corridors aériens ont été autorisés, au-dessus du fleuve.

Projet Montréal ne croit pas aux arguments sur le transport médical. « On vient de construire deux superhôpitaux. Ce besoin a dû être évalué, pourtant, on n'a pas mis de plateforme pour les hélicoptères », souligne Mme Mauger.

Rappelons que Denis Coderre avait pris tout le monde par surprise en janvier 2015 en annonçant son intention de doter Montréal d'un héliport. Il envisageait celui-ci dans le cadre de sa Stratégie centre-ville, disant qu'une telle infrastructure serait utile « quand on regarde les grands festivals, la Formule 1 ou strictement sur une base d'affaires ». L'héliport avait d'abord été envisagé dans le Sud-Ouest, mais cet arrondissement ne s'est pas montré intéressé.