Québec doit déclencher une enquête sur l'implication du maire Coderre dans les affaires du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), a déclaré hier l'opposition officielle à l'hôtel de ville, s'appuyant sur des allégations de la Fraternité des policiers.

Luc Ferrandez, chef intérimaire de Projet Montréal, a affirmé que certains des gestes reprochés à M. Coderre n'avaient pas été vus « depuis l'époque de Duplessis ».

Le principal intéressé nie totalement quelque ingérence que ce soit et évoque une « théorie du complot ».

C'est la Fraternité des policiers qui a mis le feu aux poudres, hier matin, en envoyant un message à tous ses membres où elle dénonce « la présence de plus en plus évidente du maire Coderre dans les affaires policières ».

« Nous avons suffisamment d'indices qui nous laissent croire que la séparation des pouvoirs est mise à mal », a ensuite plaidé M. Ferrandez lors d'un point de presse à l'hôtel de ville, hier après-midi. « Nous allons demander au gouvernement du Québec de nommer un commissaire indépendant. »

Selon lui, l'absence d'arrestations par les policiers antigangs à Montréal-Nord à la veille d'une élection partielle dans l'arrondissement et l'implication alléguée de l'hôtel de ville dans le plan de communication du SPVM suffisent pour entraîner le déclenchement d'une enquête indépendante.

La personne qui en serait chargée « procéderait à des entrevues, des enquêtes auprès des policiers pour voir si le maire de Montréal est intervenu personnellement auprès de la direction de la police de Montréal pour influence la conduite des opérations policières », a fait valoir l'élu.

Le cabinet de Martin Coiteux, ministre de la Sécurité publique et des Affaires municipales, est resté coi. « Le ministre n'a pas de commentaire à faire à ce sujet », a relayé son attachée de presse Marie-Ève Pelletier.

« KOOL-AID SYNDICAL »

Le maire Coderre, pour sa part, a rejeté toutes les allégations.

« C'est la théorie du complot, a-t-il fait valoir à Radio-Canada, hier après-midi. Tout ce qui touche les opérations de police, ce n'est pas à moi de m'en occuper. [...] Il ne faut pas boire le Kool-Aid syndical. »

Les récents changements aux communications de la police - le vétéran porte-parole Ian Lafrenière a été écarté lundi - ne sont que le fruit de changements normaux dans la vie d'une organisation, a-t-il ajouté.

« Il y a un nouveau leadership, a dit le maire. À chaque fois qu'il y a un nouveau leadership, il y a une restructuration. Il y a peut-être qu'il y a des gens qui ne sont pas contents. »

Philippe Pichet n'était pas disponible hier soir pour commenter la situation. Sur les ondes de Radio-Canada, il a fait valoir son indépendance.