Les Montréalais n'ont pas peur du bac brun. Au contraire, celui-ci semble avoir réussi son entrée dans les foyers de la métropole, la vaste majorité des gens déjà desservis par la collecte des résidus alimentaires se disant satisfaite du service, malgré quelques éléments irritants. C'est ce qui se dégage d'un sondage Léger commandé par la Ville de Montréal et que La Presse a obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Le coup de sonde mené auprès de 1000 Montréalais l'automne dernier met en lumière le fort taux d'adhésion des citoyens à la dernière venue des collectes municipales, mais vient aussi souligner certains écueils que la métropole devra corriger.

Très favorables à la collecte: 86 %

La vaste majorité des répondants au sondage s'est dite favorable (57 % « très » et 29 % « plutôt ») à l'implantation de la collecte des résidus alimentaires. Le coup de sonde permet de constater que les citoyens de l'arrondissement de Rosemont=La Petite-Patrie, les jeunes, les gens plus scolarisés, ainsi que les familles avec enfants sont parmi les plus favorables à ce service. « La perception est encore plus favorable dans les secteurs déjà desservis, ce qui est une bonne nouvelle. L'implantation du service contribue donc à la sensibilisation des citoyens », peut-on lire dans un document d'analyse de la firme Léger. Et dans les secteurs qui ne sont pas encore desservis, la très grande majorité des gens pense y participer, soit 82 % des répondants. « Je suis agréablement surpris. Je m'attendais à un peu plus de résistance, comme quand le bac vert a été introduit », dit Réal Ménard, élu responsable de l'environnement à la Ville de Montréal.

Forte participation: 2 sur 3

Au moment de mener le sondage, 170 000 foyers montréalais avaient déjà commencé à être desservis par la collecte des résidus alimentaires, soit près du tiers des 536 000 foyers qui seront dotés d'un bac brun d'ici à 2018. Le coup de sonde permet de constater que près des deux tiers (63 %) des gens desservis prennent activement part à la collecte de leurs déchets organiques. La vaste majorité d'entre eux (80 %) dit mettre son bac à la rue chaque semaine.

Utilisateurs satisfaits: 9 sur 10

Le sondage met en lumière un fort taux de satisfaction du service chez ceux ayant déjà adopté le bac brun. La vaste majorité des gens utilisant la collecte s'est dite satisfaite (57 % « très » et 32 % « plutôt »). Pas moins de 90 % disent que la collecte répond à leurs attentes et 88 % que les outils distribués (bacs bruns et bacs de comptoir) étaient faciles d'utilisation. La majorité des gens satisfaits estime que le service est bien organisé et qu'il lui permet de réduire la quantité de ses déchets. À l'inverse, chez les 9 % d'insatisfaits, la majorité déplore les problèmes d'odeur, d'insectes ou d'animaux.

Les sacs compostables, principal élément irritant

Même si le taux de satisfaction est très élevé, certains éléments irritants sont perceptibles. Le principal est sans conteste les sacs compostables qui peuvent être utilisés. Le tiers des répondants a déploré leur prix élevé. Une personne sur cinq a aussi indiqué que les sacs étaient difficiles à trouver, tandis que 15 % ont déploré qu'ils se dégradent trop rapidement. Réal Ménard indique que la Ville étudie diverses solutions pour corriger les problèmes liés aux sacs compostables, mais que leur distribution gratuite n'est pas envisagée. Parmi les autres éléments négatifs, un tiers des répondants a aussi dit éprouver des problèmes d'insectes et d'odeur.

L'odeur, un frein important: 1/3

L'appréhension de problèmes d'odeur représente le principal frein à l'adoption du bac brun. Parmi les gens qui ne prévoient pas participer à la collecte des résidus alimentaires quand elle sera offerte dans leur secteur, le tiers des gens dit craindre que ceux-ci sentent trop fort. Les données indiquent d'ailleurs que 11 % des gens vivant dans un secteur déjà desservi par la collecte mais qui refusent de participer ont invoqué leurs craintes d'odeur. « On est plus dans le domaine de la perception que la réalité. Si on les ferme bien, les bacs sont hermétiques », assure Réal Ménard. Parmi les autres freins, plusieurs ne pensent pas produire suffisamment de résidus alimentaires, croient tout simplement ne pas avoir le temps de trier leurs résidus alimentaires ou disent ne pas vouloir être encombrés par un autre bac.

Éducation à faire

Malgré la forte adoption de cette nouvelle collecte, des efforts de sensibilisation restent à faire, constate le sondage. Questionnée sur les matières allant au bac brun, la moitié des répondants croit erronément que certains éléments peuvent être inclus, comme des liquides (jus ou soupe), de la poussière d'aspirateur ou de la litière d'animaux. À l'inverse, seulement une faible proportion de personnes savait qu'il est possible de mettre à la collecte des résidus ses vieux mouchoirs, des cheveux et poils d'animaux, ainsi que les emballages de nourriture souillés, comme les boîtes à pizza.

***

Chronologie du bac brun

• 2010: Les premiers bacs bruns font leur apparition à Montréal dans 7000 foyers de Rosemont - La Petite-Patrie.

• 2014: Devant les résultats des projets-pilotes, Montréal entreprend la distribution généralisée des bacs bruns.

• 2015: À l'automne 2015, 170 000 avaient reçu leur bac brun.

• 2016: À la fin de la présente année, 350 000 foyers montréalais auront reçu leur bac brun. À ce jour, deux arrondissements ont terminé la distribution, soit Rivière-des-Prairies - Pointe-aux-Trembles et Rosemont - La Petite-Patrie.

• 2018: L'ensemble des 536 000 foyers dans les immeubles de huit logements et moins aura reçu son bac brun.

- Avec William Leclerc