Le chien de garde de l'embauche à la Ville de Montréal se verra retirer plusieurs de ses pouvoirs. La Commission de la fonction publique, qui a maintes fois dénoncé le favoritisme apparent dans les nominations aux postes de cadres de la métropole, sera réduite au traitement des plaintes d'employés se sentant lésés, un changement vivement dénoncé par l'opposition.

Aujourd'hui, les élus du conseil municipal de Montréal seront appelés à voter sur une réforme de la Commission de la fonction publique, un héritage de l'ancienne Ville de Montréal. À la suite des fusions, son rôle avait été élargi pour vérifier l'impartialité des processus d'embauche des différents services de la Ville.

Mais depuis 2012, Montréal a centralisé la dotation en personnel au sein de son service des ressources humaines. C'est désormais ce service que la Ville considère comme le « gardien corporatif des valeurs de dotation enchâssées dans la politique, telles que l'équité, la transparence, la compétence et l'efficience ».

L'administration propose donc de réduire les pouvoirs de la Commission pour éviter la « duplication des activités et parfois des divergences de vues sur les pratiques à adopter qui n'ont souvent aucune incidence sur l'impartialité et l'équité des processus de dotation ». L'organisation serait ainsi uniquement responsable de traiter les plaintes des employés sur l'impartialité et l'équité des processus de dotation. 

L'opposition à l'hôtel de ville dénonce cette décision. « C'est un autre exemple du climat de confrontation qui règne avec les employés. On devrait montrer aux employés qu'on est derrière eux et non affaiblir leurs recours », indique Craig Sauvé, élu de Projet Montréal.

CIRCULATION DES INFORMATIONS

Autre changement, ses avis et recommandations devront être remis uniquement au service des ressources humaines. La Commission sera également tenue « de partager avec l'unité responsable du processus de dotation visée par la plainte, toutes les informations relatives à la plainte ».

Craig Sauvé estime que cette mesure vise à éviter que des informations n'embarrassent Montréal, comme ce fut le cas dans le passé. « On essaie d'empêcher que de l'information sorte en public », déplore le conseiller.

Rappelons que certains rapports de la Commission rendus publics ces dernières années avaient fait grand bruit. En 2013, l'organisation avait dénoncé le favoritisme apparent dans les nominations de cadres. À l'époque, le directeur du capital humain de Montréal avait vivement réagi en accusant publiquement la Commission de « tentative de salissage ».

Un rapport de suivi publié en 2014 avait établi que, loin de s'améliorer, la situation s'était dégradée.

Malgré ces changements, Montréal juge que les employés ne perdront pas au change puisque leur convention collective prévoit des mesures. « Ils peuvent également se référer au Contrôleur général qui veille au respect des comportements éthiques et des valeurs de l'organisation. » Montréal avance que cette décision entraînera des gains de coûts, mais ceux-ci ne sont pas chiffrés ou détaillés.

COMMISSION PARALYSÉE

Ce changement survient alors que la Commission est paralysée depuis plusieurs semaines. Le poste de président est vacant depuis le 25 octobre et un vice-président a démissionné au début du mois de mars.

Inquiète de la situation, la Commission a écrit une lettre en mars au président du conseil municipal pour souligner l'« urgence de régulariser cette situation afin qu'elle puisse poursuivre sa mission ».

Photo David Boily, archives La Presse

Aujourd’hui, les élus du conseil municipal de Montréal seront appelés à voter sur une réforme de la Commission de la fonction publique visant à lui retirer plusieurs de ses pouvoirs.