La saison des contraventions s'ouvre officiellement aujourd'hui à Montréal alors que les interdictions de stationnement pour l'entretien des rues entrent à nouveau en vigueur dans la majorité des arrondissements. De loin l'infraction la plus fréquente dans les rues de la métropole, ces amendes représentent à elles seules près du tiers de toutes les contraventions émises par les agents. Ce phénomène est pourtant pratiquement inexistant dans d'autres villes comme Toronto ou Québec.

Bond dans les amendes

Année après année, le nombre de contraventions émises par les agents de stationnement de la métropole bondit entre en avril pour retomber brusquement en décembre. Leur patron, Sylvain Sauvageau, le reconnaît, cette augmentation « a un lien direct » avec l'interdiction de stationnement pour l'entretien des rues qui entre en vigueur le 1er avril et prend fin au 1er décembre. Durant cette période, Montréal interdit aux automobilistes de se garer une heure par semaine d'un côté de la rue, puis une autre heure de l'autre côté de la rue le surlendemain. Cette heure sert au passage des balais mécaniques nettoyant les rues. Pendant cette période, les agents distribuent en moyenne 116 000 amendes chaque mois, contre 66 000 seulement durant la saison froide.

Une sur trois

Cette interdiction en alternance donne bien des maux de tête aux automobilistes. À preuve, cette seule infraction représente près du tiers (31 %) de tous les billets rédigés par les agents de stationnement de Montréal. En comparaison, les contraventions pour les parcomètres impayés représentent moins du quart (23 %). Toutes les autres infractions combinées représentent le reste des infractions aux règlements de stationnement. À 53 $ chacune, ces amendes permettent de récolter de 18 à 20 millions par année. « C'est une réglementation pour laquelle il y a un fort taux de délinquance », explique Sylvain Sauvageau, le chef de section à l'application des règlements du stationnement, qui relève du SPVM.

Encore plus d'agents

Signe de l'importance accordée à ces contraventions, Montréal embauche chaque année une soixantaine d'agents de stationnement du 1er avril au 1er décembre pour veiller spécifiquement au respect - ou plutôt, au manque de respect - de l'interdiction de stationnement pour l'entretien des rues. Ces employés saisonniers viennent ainsi s'ajouter aux quelque 130 agents de stationnement travaillant à longueur d'année. À noter, quelques arrondissements ont des dates différentes de début et de fin de cette période d'interdiction.

Important pour l'entretien des rues

Si Montréal surveille autant cette interdiction, c'est qu'il en va de la propreté des rues, dit le patron des agents de stationnement, Sylvain Sauvageau. « Il n'y a rien d'agréable à recevoir une contravention, j'en suis conscient. Mais il faut voir l'importance du respect de la signalisation. Si les Montréalais veulent vivre dans une ville propre, une clé est le respect de l'interdiction du stationnement pour l'entretien des rues. Si les agents ne passent pas, les gens comprennent vite qu'ils n'ont pas d'obligation pour le passage des balais ou des employés, alors le réseau routier devient sale assez rapidement. On reçoit des plaintes sur l'entretien des rues assez vite. »

Pas un problème à Toronto ou à Québec

Si l'interdiction de stationnement pour l'entretien des rues représente la principale source de contraventions à Montréal, celle-ci ne représente pratiquement pas un problème dans d'autres villes, comme Toronto ou Québec. La différence? Le système de Toronto est nettement plus simple. Du 1er au 14 de chaque mois, le stationnement est permis seulement d'un côté de la majorité des rues secondaires. Et du 15 à la fin du mois, les automobilistes doivent se garer de l'autre côté. Et au lieu d'être saisonnière, cette interdiction est en vigueur à longueur d'année. À Québec, le nettoyage des rues se fait lors d'opérations spéciales - comme lors du nettoyage du printemps - lors desquelles de la signalisation temporaire est utilisée pour informer les citoyens d'une interdiction de stationnement.

Pas de solution de rechange recherchée

Questionnée par La Presse, la Ville de Montréal a indiqué ne pas chercher de système de rechange pour tenter de réduire le nombre de ces contraventions de stationnement. « Le Service de la concertation des arrondissements n'a pas étudié le lien entre une hausse du nombre de constats émis et l'interdiction de stationnement du 1er avril au mois de décembre. En conséquence, nous ne disposons d'aucune donnée fiable permettant d'établir qu'une méthode différente que celle préconisée aurait pour effet de diminuer le nombre de constats émis durant la période du 1er avril au 1er décembre », indique un porte-parole de Montréal, Philippe Sabourin.

Révision des règles de stationnement

Reste que Montréal reconnaît que comprendre les règles de stationnement dans l'île peut être passablement difficile. Ainsi, la métropole mène présentement une consultation publique sur sa politique de stationnement. L'un des objectifs est notamment de simplifier les panneaux, souvent difficiles à déchiffrer. Montréal a recensé en moyenne 1,3 panneau par poteau, mais certains peuvent en afficher jusqu'à 6. La Ville reconnaît que « la grande quantité d'informations affichée sur les panneaux complique leur lisibilité ». Déterminée à en réduire le nombre, Montréal s'est engagée à simplifier ses panneaux.

Avis aux touristes

Se garer dans la métropole pouvant être extrêmement compliqué, Tourisme Montréal dédie une page internet aux automobilistes visitant la métropole afin de les conseiller pour éviter une contravention de stationnement. « Faites attention à l'alternance quotidienne et saisonnière du côté de stationnement dans certaines rues », note le site. On ajoute que « du 1er avril au 1er décembre, certaines restrictions de se stationner en bordure de rue sont appliquées pour le passage des balais mécaniques ».