Les taxes d'une rôtisserie St-Hubert sont près de 25 fois plus élevées dans le Plateau-Mont-Royal qu'à Rivière-des-Prairies. Estimant que la façon dont Montréal impose ses commerçants empêche toute relance des rues commerciales, le chef de Projet Montréal, Luc Ferrandez, demande un changement majeur dans la taxation des commerces.

Pour comprendre les difficultés vécues par plusieurs rues commerciales du coeur de l'île, l'opposition à l'hôtel de ville s'est penchée sur l'impact des taxes imposées aux commerces. Projet Montréal a ainsi comparé la facture de différents établissements de grandes chaînes, soit les rôtisseries St-Hubert, restaurants Chez Cora, cafés Starbucks et dépanneurs Couche-Tard. L'opposition a choisi ces commerces puisque chacune de ces chaînes a des établissements dans pratiquement tous les arrondissements.

Projet Montréal dit ainsi avoir découvert des variations majeures. Un restaurant St-Hubert de Rivière-des-Prairies paye ainsi en moyenne 8,80 $ de taxes par mètre carré alors qu'un autre établissement de la même chaîne situé dans le Plateau doit plutôt payer 200 $. « Pourtant la cuisse de poulet est le même prix », ironise la conseillère Magda Popeanu.

« Ça n'a pas d'allure qu'un même restaurant paie 25 fois plus de taxes dans le Plateau qu'à Rivière-des-Prairies », dit Luc Ferrandez, chef de l'opposition et maire du Plateau-Mont-Royal.

Sur papier, les 19 arrondissements imposent de façon similaire leurs commerces, le taux de taxation non résidentielle variant de 3,6 $ à 3,8 $ par tranche de 100 $ de l'évaluation d'un immeuble. Mais le compte que reçoivent les commerçants - comme tous les propriétaires - est établi en fonction de la valeur des immeubles.

Et comme la valeur des immeubles a explosé au coeur de l'île, les taxes ont augmenté beaucoup plus rapidement qu'ailleurs dans l'île.

Groupe de travail sur la taxation des commerçants

Pour régler ce problème, Projet Montréal propose que Montréal revienne au système en place avant 2003. À l'époque, les taxes étaient établies en fonction du loyer payé par les commerçants.

Ainsi, lorsque l'achalandage d'un secteur diminue, les loyers - et donc les taxes - devraient en théorie diminuer pour rendre le quartier à nouveau attrayant à de nouveaux commerçants. Or comme les taxes demeurent élevées présentement puisqu'elles sont basées sur la valeur des immeubles, Montréal se trouve à freiner la relance de ses commerces, dit Luc Ferrandez. « Avant même d'avoir à payer son loyer, un commerçant doit payer 3500 $ de taxes », souligne-t-il.

L'administration Coderre rappelle avoir mis en place la semaine dernière un groupe de travail pour revoir la taxation des commerçants. Son rapport est attendu en juin. « Notre administration s'est engagée, dès le prochain budget, à intégrer, dans la mesure du possible, certaines des recommandations qui seront faites », dit Catherine Maurice, attachée de presse du maire.

Taxes moyennes par mètre carré pour quatre grandes chaînes

• Plateau-Mont-Royal: 126,03 $

• Rosemont-Petite-Patrie: 101,92 $

• Sud-Ouest: 43,47 $

• Côte-des-Neiges- Notre-Dame-de-Grâce: 40,34 $

• Mercier-Hochelaga-Maisonneuve: 34,47 $

• Ahuntsic-Cartierville: 29,37 $

• Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension: 28,83 $

• Anjou: 22,77 $

• LaSalle: 18,39 $

• Pierrefonds-Roxboro: 18,24 $

• Saint-Laurent: 17,67 $

• Montréal-Nord: 15,68 $

• Saint-Léonard: 13,63 $

• Rivière-des-Prairies- Pointe-aux-Trembles: 8,92 $

NOTE: L'arrondissement de Ville-Marie a été écarté en raison des immeubles de bureaux qui rendent difficile le calcul des taxes. Outremont, Lachine et L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève n'apparaissent pas en raison de l'absence ou de la faible présence de ces chaînes.