La proportion de femmes parmi les employés de la Ville de Montréal a diminué depuis huit ans, alors que la métropole s'était pourtant engagée à tendre vers la parité avec les hommes. Le nombre de femmes ayant obtenu un poste de cadre a augmenté, mais celles-ci continuent à gagner moins que leurs collègues masculins. Ce sont là quelques-uns des constats qui se dégagent du plus récent avis du Conseil des Montréalaises, qui sera présenté aux élus de la métropole lors de la prochaine réunion du conseil municipal.

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La proportion de femmes parmi les employés de la Ville de Montréal a diminué depuis huit ans, alors que la métropole s'était pourtant engagée à tendre vers la parité avec les hommes. Le nombre de femmes ayant obtenu un poste de cadre a augmenté, mais celles-ci continuent à gagner moins que leurs collègues masculins. Ce sont là quelques-uns des constats qui se dégagent du plus récent avis du Conseil des Montréalaises, qui sera présenté aux élus de la métropole lors de la prochaine réunion du conseil municipal.

Le nombre de femmes cadres progresse

Malgré le recul de la proportion de femmes au sein du personnel de la métropole, le Conseil des Montréalaises se réjouit de constater que leur nombre a tout de même progressé chez les cadres. En 2006, 40 % des cadres étaient des femmes, proportion qui a grimpé à 44 % en 2014 parmi les 1836 cadres de la métropole. Les femmes continuent toutefois à être sous-représentées dans les plus hauts échelons de l'appareil administratif, note le rapport. Celles-ci n'occupaient que 32 % des postes de cadre de direction, soit ceux répondant directement au directeur général. Cette proportion représente tout de même une progression par rapport à 2006, où elles étaient 24 %.

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Non seulement les femmes cadres sont encore moins nombreuses, mais elles continuent également à gagner moins que leurs collègues masculins. Une comparaison a permis au Conseil des Montréalaises de constater que leur rémunération était inférieure de 5,2 % en moyenne à celle des hommes ayant un poste de même niveau de gestion. En 2014, les femmes cadres de direction ont ainsi gagné en moyenne 135 400 $, contre 144 200 $ pour les hommes. On note tout de même une légère amélioration, puisque l'écart était de 5,7 % en 2010.

Peu de femmes cadres issues des minorités

Malgré les progrès dans le nombre de femmes cadres à la Ville, le Conseil des Montréalaises juge « alarmant[e] » la quasi-absence de femmes autochtones ou issues des minorités visibles et ethniques. Sur les 1836 cadres de la métropole, on ne compte qu'une seule femme autochtone, soit moins de 0,1 %. On en dénombre également 39 issues des minorités visibles et 23 des minorités ethniques, soit respectivement 2,1 % et 1,2 %. À titre comparatif, on compte 5 hommes cadres autochtones, 55 issus des minorités visibles et 48 des minorités ethniques.

Embauches et promotions masculines

L'atteinte de la parité hommes-femmes à la Ville de Montréal n'est pas pour bientôt, si on se fie aux données obtenues par le Conseil des Montréalaises. Son rapport permet en effet de constater que la métropole continue à embaucher principalement des hommes. En 2014, à peine un peu plus du tiers (36,6 %) des nouveaux employés étaient des femmes - la plus faible proportion depuis plusieurs années. Le rapport note que la situation est plus encourageante chez les cadres administratifs : 52 % des promotions et nominations faites en 2014 ont été accordées à des femmes. Ce n'est toutefois pas le cas parmi les plus hauts échelons de la Ville, puisque seulement 28,9 % des nouveaux cadres de direction étaient des femmes.

Les arrondissements font des efforts

Tout au long du rapport du Conseil des Montréalaises, un constat se dégage : les arrondissements font un plus grand effort que les services centraux de la Ville pour atteindre la parité. Depuis huit ans, les arrondissements ont eu tendance à embaucher pratiquement autant de femmes que d'hommes (48,4 %), alors que la proportion n'a été que de 40,6 % à la ville centre. Résultat : 41,4 % des employés des arrondissements étaient des femmes en 2014, contre 36,1 % dans les services centraux.

Absence de conciliation travail-famille

Le Conseil des Montréalaises souligne à nouveau la faiblesse des mesures de conciliation travail-famille offertes aux cadres de la métropole, ce qui avait pourtant été ciblé comme une mesure pour permettre aux femmes de briser le plafond de verre. « Le télétravail, c'est-à-dire la flexibilité du lieu de travail, n'est pas valorisé ni le travail à temps partiel choisi. Cela a pour conséquence d'éloigner durablement les femmes du marché de l'emploi lorsqu'elles prolongent leur congé parental plutôt que de récupérer leur poste avec un aménagement du temps de travail », peut-on lire dans leur bilan. Le Conseil note qu'il existe des ententes au cas par cas pour offrir des aménagements du travail, mais que ces pratiques sont « relativement rares ». Le rapport recommande - encore une fois - d'adopter une politique de conciliation travail-famille qui s'appliquerait à l'ensemble du personnel de la Ville de Montréal.

Montréal peut faire mieux

« Il faut faire plus, il faut faire mieux », a réagi à la publication du rapport Manon Gauthier, élue responsable du statut de la femme au sein de l'administration Coderre. Si elle voit d'un bon oeil la progression du nombre de femmes cadres, elle admet « qu'il reste encore énormément à faire ». De toutes les données publiées par le Conseil des Montréalaises, elle se dit particulièrement inquiète de la faible proportion de femmes autochtones ou issues des minorités. Manon Gauthier estime qu'il est temps de parler des mesures de recrutement, mais aussi de nominations préférentielles. « C'est très dérangeant de voir que depuis 2008, il n'y a pas eu de progrès et qu'on a même vu une petite diminution. Visiblement, les femmes n'arrivent pas à percer le plafond de verre à la Ville », a déploré Émilie Thuillier, leader de l'opposition à l'hôtel de ville.