La Ville de Montréal anticipe un surplus de 86,5 millions en 2015, selon les plus récents résultats financiers. La métropole note une forte hausse des heures supplémentaires chez les policiers, mais dit avoir fait d'importantes économies dans le reste de la masse salariale.

En date du 30 septembre, les revenus de la Ville de Montréal étaient de 16,2 millions inférieurs aux prévisions. Ce manque à gagner s'explique principalement par une baisse marquée des contraventions de circulation et de stationnement (-25,4 millions), des amendes en vertu des règlements municipaux (-4,9 millions) et des constats d'infraction émis lors des inspections par les pompiers (-3,3 millions). Certains revenus ont toutefois été en hausse, comme ceux sur les droits de mutation (23 millions).

Ces revenus moins importants ont toutefois été contrebalancés par des économies de 113,7 millions dans les dépenses de la Ville. Montréal a réalisé pour 55,9 millions en économies dans sa masse salariale. La métropole a aussi économisé 10,2 millions grâce aux faibles taux d'intérêts payés. Montréal a toutefois observé une hausse de 14,7 millions dans les heures supplémentaires chez les policiers, fort sollicités par la surveillance des nombreux chantiers routiers et les manifestations.

Le surplus qui en résulte, de 86,5 millions est «fragile», a toutefois noté le président du comité exécutif, Pierre Desrochers. «Ça peut sembler beaucoup, mais ça ne représente que 1,7% du budget, ce qui est fragile. Une forte tempête de neige d'ici la fin de l'année pourrait faire fondre rapidement ce surplus», a-t-il illustré.

Policiers sous la loupe

La baisse des revenus tirés des contraventions émises par les policiers et la hausse des coûts en heures supplémentaires chez ces mêmes agents inquiètent l'administration Coderre. «Ensemble, c'est 35,6 millions de moins dans les coffres de la Ville. Et il me semble que c'est année après année qu'on fait ces découvertes», s'est désolé l'élu Richard Bergeron.

Le président du comité exécutif, Pierre Desrochers, a reconnu que des «actions doivent être prises» pour «corriger ces anomalies qui se produisent d'année en année». Rappelons que Montréal réclame des millions à la Fraternité des policiers pour le manque à gagner depuis la soudaine baisse des contraventions à la suite du projet de loi sur le partage des coûts des régimes de retraite, mais le syndicat dément avoir donné tout mot d'ordre dans ce dossier. «Ces moyens de pression ne modifieront rien à la Loi et pourraient même mettre à risque à la sécurité des gens. On espère que la situation va se résorber» a indiqué Pierre Desrochers.

La Fraternité réplique en soulignant que «les heures supplémentaires sont générées par les demandes de la Ville elle-même et par ses baisses d'effectifs planifiées», 250 postes de policiers devant disparaître. Quant à la baisse des contraventions, le syndicat rappelle que la Ville a été déboutée par la Commission des relations de travail. On ajoute que les revenus générés par les contraventions sont basés sur «un système de quotas n'ayant rien à voir avec la sécurité publique».