La ministre fédérale de l'Environnement sortante, Leona Aglukkaq, vient de prolonger jusqu'au 9 novembre son arrêté ministériel pour stopper le déversement d'eaux usées dans le Saint-Laurent. Cet arrêté devait se terminer ce soir à minuit.

Techniquement, la ministre conservatrice reste en poste jusqu'à mercredi, à l'heure où le nouveau gouvernement libéral sera nommé par le premier ministre Justin Trudeau. Son arrêté, sera-t-il cassé par le nouveau ministre de l'Environnement ? Le porte-parole du Parti libéral n'a pas répondu à nos questions aujourd'hui.

« La décision permettra à Environnement Canada d'étudier de façon approfondie les conclusions de l'examen scientifique indépendant », a écrit un porte-parole d'Environnement Canada, Mark Johnson, dans un courriel.

À la mi-octobre, la ministre de l'Environnement conservatrice, Leona Aglukkaq, a décrété un «arrêt provisoire» du rejet de 8 milliards de litres d'eaux usées dans le Saint-Laurent. Au même moment, elle a retiré l'examen scientifique du dossier des mains des fonctionnaires d'Environnement Canada pour le confier à un groupe de trois experts indépendants.

Le comité a rendu son analyse vendredi. «Ce qu'on souhaite maintenant, c'est avoir copie du rapport des experts indépendants. On veut en prendre connaissance nous aussi dans les plus brefs délais. Est-ce que le rapport posera certaines conditions de mitigation ? On verra», a déclaré cet après-midi le président du comité exécutif Pierre Desrochers, qui commente le dossier à la place du maire Denis Coderre, qui est en mission commerciale en Chine cette semaine.

Rappel de la crise

Initialement, Montréal souhaitait procéder au déversement d'eaux usées du 18 au 25 octobre. Le ministère de l'Environnement du Québec a cependant donné son autorisation pour le déversement pour la période couvrant le 15 octobre au 15 novembre. Si Environnement Canada décidait de ne pas s'opposer au déversement en vertu de la Loi sur les pêches, Montréal pourrait encore procéder jusqu'au 8 novembre.

Chose certaine, si le déversement va de l'avant, il devra se produire avant la première bordée de neige, affirme la Ville.

La crise du «flushgate» a éclaté il y a un peu plus d'un mois lorsque l'administration Coderre a indiqué qu'elle était contrainte de procéder à la purge complète d'un intercepteur de 30 kilomètres compris entre les arrondissements de LaSalle et de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles. Cette immense conduite, qui recueille le tiers des eaux usées de Montréal, sert à diriger ces eaux vers la station d'épuration de la métropole.

Il faudra sept jours pour complètement vider le tuyau. La Ville pourra ensuite retirer quatre systèmes de soutènement vétustes qui menacent de se détacher dans l'intercepteur et d'endommager les convoyeurs et les pompes de la station d'épuration.

Les autres chutes à neige situées sur l'intercepteur fonctionnent déjà au maximum de leurs capacités, tandis que les dépôts à neige sont situés loin du centre-ville. Si une tempête devait survenir durant la vidange de l'eau, les opérations de déneigement seraient grandement perturbées au centre-ville.

- Avec la collaboration de Pierre-André Normandin