Montréal continue à augmenter la cadence pour réparer ses infrastructures vieillissantes. La métropole a dévoilé ce matin un plan prévoyant pour 5,2 milliards de travaux pour les trois prochaines années, soit une hausse de 15% par rapport au précédent exercice.

La Ville de Montréal a dévoilé ce matin son programme triennal d'immobilisations (PTI) 2016-2018. Cet exercice imposé par Québec prévoit ainsi pour 1,6 milliard de travaux seulement en 2016. Un peu plus des trois quarts de ces investissements serviront à la réfection d'infrastructures existantes. Le reste ira à développer de nouveaux projets.

La métropole dit avoir considérablement amélioré sa capacité à réaliser des travaux. Ainsi, alors qu'elle réalisait en moyenne pour 730 millions de travaux par année jusqu'en 2013, Montréal dit en avoir fait pour 840 millions en 2014. Et au rythme où vont les choses, le total pourrait frôler les 900 millions d'ici la fin de 2015.

Aux automobilistes qui n'en peuvent plus des bouchons provoqués par la multiplication des travaux, le maire Coderre répond que ceux-ci sont nécessaires. «Il y a des choses qui ne se font pas par gaîté de coeur, mais qui sont nécessaires. C'est sur qu'en même temps tu as le pont Champlain et Turcot qui se font en même temps, c'est un peu désagréable. Mais je dis aux gens : ça va être un peu de sacrifices, mais ça va être tellement superbe.»

«Il va y avoir du monde qui chialent parce qu'il ne se passer rien, il va y avoir du monde qui chiale parce qu'il se passe quelque chose. Moi je privilégie que s'il y a du monde qui chiale, c'est parce qu'il se passe quelque chose. Et savez-vous quoi ? La vaste majorité des gens constatent que la métropole est en ébullition. Il y a de l'investissement massif», a poursuivi le maire.

Réaménagement: quelles artères?

Au cours des prochaines années, plus de la moitié des investissements de la Ville seront consacrés aux infrastructures routières et souterraines.

Le projet de réfection routier qui remporte la part du lion est lié au développement du complexe Turcot. Montréal veut investir 30,9 millions au cours des trois prochaines années pour assurer la coordination des liens entre le réseau routier municipal et le réseau autoroutier. Une place publique sera aménagée de part et d'autre du canal de Lachine pour favoriser l'intégration de cette mégastructure dans le paysage urbain.

La Plaza Saint-Hubert subira également une cure de jouvence qui coûtera 25,8 millions d'ici trois ans. Cette artère commerciale située entre les rues Bellechasse et Jean-Talon a plus de 100 ans. Elle est surtout célèbre pour sa marquise de verre, installée en 1984. Son avenir est toutefois incertain. « Une réflexion sera effectuée quant à la marquise. Son état actuel, sa durée de vie, son impact sur l'ambiance générale de la rue, notamment, seront analysés et pris en considération lors du développement du concept d'aménagement », peut-on lire dans les documents rendus publics ce matin.

La Ville ramène aussi un projet qui est dans les cartes depuis plus d'une décennie: le raccordement du boulevard Cavendish. Elle veut investir 68,5 millions dans cette aventure. Elle devra d'abord négocier avec le CN et le CP pour acheter les terrains conditionnels à la réalisation du projet. L'administration Coderre affirme qu'elle a entamé des négociations avec les compagnies ferroviaires pour y parvenir.

L'administration Coderre a aussi l'intention d'investir 25,7 millions pour réaménager l'avenue Papineau entre de Louvain Est et Crémazie.

Parmi les autres projets, le PTI prévoit d'importants investissements dans le cadre du 375e anniversaire de la fondation de Montréal. La Ville prévoit ainsi dépenser 329 millions au cours des prochaines années pour ces legs. Plusieurs projets ne seront toutefois pas complétés en 2017 et verront le jour dans les années suivant l'anniversaire.

Plus d'argent pour les arrondissements

L'administration Coderre dit avoir augmenté les fonds disponibles pour les arrondissements. Leurs projets pour les trois prochaines années se chiffrent à 459 millions, soit une hausse de près de 50% depuis deux ans.

Cet argent permettra d'améliorer l'état des rues locales (225 millions) ou encore poursuivre la réfection des arénas (77 millions).

Quant au développement de ses pistes cyclables, Montréal maintient la cadence en disant vouloir allonger son réseau de 50km par année.

Hausse de la dette

Le gros de ces investissements de 5,2 milliards sera payé grâce à des emprunts. Montréal prévoit ainsi emprunter 3 milliards, soit 58%. Près d'un milliard sera payé «comptant», soit à même le budget, ce qui représente 19%.

L'augmentation des investissements continuera ainsi à faire croître la dette de Montréal. La dette brute, qui s'établissait à 8 milliards en 2015, en incluant la STM), devrait atteindre 9,4 milliards dans trois ans.

Sans surprise, le coût du remboursement de la dette ira aussi en augmentant. Cette dépense, qui représentait 678 millions dans le budget 2015 de Montréal, s'élèvera à 787 millions en 2018.

Réaction de l'opposition

Projet Montréal a dénoncé le manque de personnel entraîné par les compressions de l'administration Coderre. «La Ville nous demande de réduire notre main d'oeuvre, mais pour faire des travaux, il faut concevoir le projet, faire les plans et devis, aller en appel d'offres, faire la surveillance des chantiers... Pour faire tout ça, il faut du personnel dans les arrondissements et on est un peu à la limite. Si en plus on nous demande de couper, c'est impossible. Le message que la Ville tente de nous envoyer de manière pas très subtile c'est : vous voulez continuer à faire les travaux? Pas de problème, vous avez de l'argent, allez à l'externe», a déploré Émilie Thuiller, Leader de l'opposition officielle, Projet Montréal.

Même son de cloche du côté de Benoit Dorais, chef de Coalition Montréal et maire du Sud-Ouest. «Les carnets de commandes, on veut qu'ils soient pleins, mais ce qui est plein en ce moment c'est le travail dans les bureaux techniques des arrondissements. Ça ne sort pas, on n'a pas le personnel nécessaire pour surveiller les chantiers et lorsque la surveillance relève de la ville centre, elle est déficiente. On a beaucoup de problèmes et pas juste dans les arrondissements où siègent des élus de Coalition Montréal.»

EN BREF

Le Programme triennal d'immobilisations en bref

Le PTI est un exercice imposé depuis 35 ans par le ministère des Affaires municipales aux villes qui doivent annoncer les projets majeurs qu'elles comptent mener au cours des trois prochaines années. La Ville de Montréal a décidé de pousser l'exercice plus loin en se doter d'un plan sur dix ans. Cette planification prévoit ainsi faire passer les investissements annuels de 1,3 milliard en 2014 à 2,1 milliards par an en 2024.

Le Programme triennal d'immobilisations en bref

Le PTI est un exercice imposé depuis 35 ans par le ministère des Affaires municipales aux villes qui doivent annoncer les projets majeurs qu'elles comptent mener au cours des trois prochaines années. La Ville de Montréal a décidé de pousser l'exercice plus loin en se doter d'un plan sur dix ans. Cette planification prévoit ainsi faire passer les investissements annuels de 1,3 milliard en 2014 à 2,1 milliards par an en 2024.