Les Montréalais pourront enfin apercevoir les nouvelles voitures de métro dans les tunnels et les stations du réseau, au cours des prochains mois, alors que la Société de transport de Montréal (STM) entreprend une nouvelle phase de tests et d'essais, sans passagers, qui se poursuivront au moins jusqu'en décembre.

Deux rames complètes comptant chacune neuf de ces nouvelles voitures nommées Azur seront mises en circulation de façon continue sur les lignes orange et bleue du métro, hors des périodes de pointe, pour tester des dizaines de composantes mécaniques, électriques et électroniques de ces magnifiques joujoux, dont la livraison accuse à ce jour au moins 21 mois de retard.

Cette phase de tests permettra d'éprouver, notamment, le confort de roulement des voitures, le système de communication interne à l'intention des voyageurs, les composantes de traction et les essais d'échauffement des ponts moteurs. La mise au point de la conduite automatique des voitures, une des composantes du logiciel de contrôle des trains, est aussi au programme des essais de la STM prévus dans les prochains mois.

Les trains Azur seront «insérés» sur les rails entre deux rames de métro existantes, de jour, hors des périodes de pointe, afin de mettre à l'épreuve leur performance dans leur «véritable contexte d'opération», soit dans les tunnels où ils sont appelés à rouler et en présence des voitures de métro actuelles. En cas de pépin, d'arrêts inopinés ou de panne, cette phase de tests pourrait donc entraîner des retards de services pour les usagers si jamais on devait, par exemple, remorquer une rame Azur immobilisée en station ou en tunnel.

Logiciel manquant

Jusqu'à récemment, la STM ne pouvait procéder à des tests en présence des voitures actuelles, les MR-63 ou MR-73, parce que les nouvelles rames n'étaient pas encore dotées du logiciel de contrôle des trains qui sert notamment à «reconnaître» les autres voitures sur le réseau et à prévenir tout risque de conflit ou de collision entre les rames.

Le retard dans la mise au point de ce logiciel, attribuable à la firme Ansaldo, un sous-traitant de la firme Alstom, a entraîné en janvier dernier un arrêt temporaire de production des nouvelles voitures qui s'ajoutait à une longue série d'imprévus et qui a profondément irrité la STM.

Le contrat de fabrication et de livraison de 468 nouvelles voitures a été signé en octobre 2010 par le gouvernement du Québec, la STM et un consortium formé par les deux multinationales du transport, Bombardier et Alstom, après cinq ans de longues discussions marquées ici et là de poursuites judiciaires.

Cette commande prévoyait la livraison d'un premier train prototype en juillet 2013. Il a été livré en avril 2014. Puis, en janvier 2015, après des essais infructueux, le consortium confirmait un retard important dans la mise au point du logiciel de contrôle. Ce logiciel est essentiel pour assurer la sécurité des déplacements sur le réseau.

Lors d'une séance de breffage, à la station de métro Henri-Bourassa, où le train Azur a effectué mardi une première sortie publique, le chef du groupe d'ingénierie mécanique pour la STM, Christophe Lhomel, a indiqué qu'une nouvelle version de ce logiciel, livrée au début de juillet après avoir été testée en usine et dans les ateliers de la STM, «permet de rouler en sécurité, de jour, [parmi] les autres trains sur le réseau».

Presque deux ans de retard

La mise au point du système d'automatisation, qui permet notamment d'assurer les arrêts automatiques en station, reste toutefois à faire.

«On parle du système qui doit gérer un train qui pèse 230 tonnes, ses accélérations et ses freinages, dans des configurations qui ne sont pas toujours les mêmes d'une station à l'autre, a dit M. Lhomel. Il faut qu'on en arrive à une grande précision d'arrêt. Le train doit toujours s'arrêter à la bonne place, en station. Il y a beaucoup de mises au point à faire sur ce système-là.»

Selon le contrat de 2010, un premier train Azur devait accueillir ses premiers clients en mars 2014.