Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) continuera à imposer une amende aux automobilistes qui stationnent leur voiture en oblique lors des opérations de déneigement, même si un juge a récemment annulé une telle contravention.

Le 14 décembre dernier, une dizaine de résidants de la rue Brébeuf se sont réveillés avec une bien mauvaise surprise sur leur pare-brise. Durant la nuit, des agents de stationnement de Montréal avaient donné des contraventions de 53$ aux automobiles qui étaient garées en oblique dans le banc de neige qui encombrait leur rue.

Estimant avoir été injustement mis à l'amende, l'un de ces résidants, Richard Ouellet, a décidé de contester sa contravention. Selon lui, aucune autre solution ne s'offrait à lui au lendemain d'une tempête qui avait laissé plus d'une vingtaine de centimètres de neige au sol.

Le Montréalais avait bien tenté de se garer dans un stationnement incitatif mis à sa disposition par la Ville à proximité, mais celui-ci n'avait pas encore été déneigé, si bien qu'il était inutilisable. Ainsi, plutôt que se garer en bordure de l'imposant banc de neige qui encombrait sa rue, Richard Ouellet dit avoir fait comme plusieurs de ses voisins et décidé de se garer en oblique dans la neige. La rue Brébeuf étant large à cet endroit, il estime qu'il évitait ainsi de nuire à la circulation.

Lors d'une audience tenue il y a deux semaines, un juge de la Cour municipale a d'ailleurs retenu les arguments du citoyen et décidé de «rejeter le chef d'accusation [...] d'avoir stationné un véhicule routier en oblique».

Appel à la tolérance

Satisfait de voir un juge lui donner raison, Richard Ouellet espère que la Ville de Montréal se montrera désormais davantage tolérante au lendemain des tempêtes de neige. «Je ne suis pas contre ce règlement, au contraire. Le problème, c'est le zèle. Le lendemain d'une tempête, on ne devrait pas agir comme ça, mais plutôt donner une chance aux automobilistes.»

Le Montréalais estime également que la métropole devrait rembourser ses voisins qui n'ont pas contesté leur amende et plutôt choisi de la payer pour éviter d'avoir à s'absenter du travail. «Les gens se disent: "Est-ce qu'on va se battre pour 50$ mais perdre une demi-journée de travail?" Ce n'est pas tout le monde qui en a les moyens, mais pour moi, c'était une question de principe.»

Mieux vaut pelleter

Malgré cette décision d'un juge de la Cour municipale, le SPVM prévient que ses agents continueront à appliquer le règlement interdisant de se garer en oblique. Le sergent Laurent Gingras soutient que cette pratique peut nuire à la circulation et potentiellement au passage des véhicules d'urgence, comme les camions de pompier. Les voitures risquent également d'être endommagées par d'autres véhicules qui tentent de se frayer un chemin.

Le sergent Laurent Gingras croit par ailleurs que les citoyens comme Richard Ouellet font fausse route quand ils disent ne pas avoir d'autre option que de stationner leur voiture en oblique. «L'alternative, c'est bien plate, mais c'est d'aller plus loin pour se stationner. Et si on insiste pour se garer dans sa rue, on prend sa pelle et son courage et on gratte», dit le policier.