Dix ans après le fiasco financier des Championnats du monde de natation, Montréal doit à nouveau sortir son carnet de chèques pour assurer le sauvetage d'un événement de la FINA. L'administration Coderre accepte d'allonger 500 000 $ aux créanciers qui attendaient d'être payés depuis l'été dernier.

Montréal avait été choisi en 2012 pour la tenue des Championnats du monde des maîtres tenus en juillet 2014. À l'origine, la contribution financière de la Ville devait se limiter à 286 000 $ pour couvrir les frais de location de certaines installations. Un problème majeur s'est toutefois manifesté un an avant le début de la compétition : aucune entente n'avait été signée avec le Parc olympique qui avait alors entrepris une réfection majeure de ses piscines. Bref, impossible d'y tenir une compétition.

Pour éviter que Montréal ne perde cet événement d'envergure internationale, les organisateurs ont proposé d'aménager un bassin temporaire au parc Jean-Drapeau afin d'y tenir une partie des compétitions. Montréal a approuvé l'idée en janvier 2014, majorant son aide financière de 2,5 millions pour acheter et installer le bassin.

À l'époque, la Ville disait qu'elle « ne soutiendra aucune autre demande d'aide financière reliée à ces Championnats de quelque nature que ce soit et n'assumera aucun déficit éventuel ou dépassement de coûts lié à ces Championnats ».

Mais un an après la tenue du Championnat, Montréal doit à nouveau se résoudre à sortir le chéquier pour allonger un autre 500 000 $. L'événement s'est en effet soldé par un déficit en raison des revenus et des contributions des gouvernements moins importants que prévu, explique Jim Beis, élu responsable des sports au sein de l'administration Coderre.

Ce versement permettra à la Ville de Montréal de récupérer le bassin temporaire. Celui-ci doit être installé dans l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, au parc Hans-Selye afin de servir de piscine. L'entrepreneur général responsable de l'aménagement de la piscine refusait jusqu'à présent de le rendre, n'ayant pas été entièrement payé pour son travail.

« Une fois de trop »

Finalement, la Ville aura ainsi investi près de 3,3 millions dans le Championnat de 2014, soit 10 fois plus que prévu au départ. Ces difficultés ne sont pas sans rappeler les problèmes survenus en 2005 lors de l'organisation d'une autre compétition de la FINA. L'événement s'était clôturé sur un déficit de 4 millions que la Ville de Montréal avait dû éponger.

Malgré le déficit à éponger, Jim Beis estime que le Championnat de 2014 n'a pas été un échec, ayant attiré 9000 participants et généré des retombées évaluées à 60 millions. Ce bilan reste néanmoins inférieur aux 30 000 participants anticipés et aux retombées initialement chiffrées à 100 millions.

« Montréal accueille plus d'une cinquantaine d'événements sportifs chaque année et presque la totalité des organisateurs affiche des bilans positifs. Mais c'est sûr qu'une fois sur 50, c'est tout de même une fois de trop », a reconnu l'élu. Celui-ci précise que Montréal est à revoir les mécanismes entourant l'organisation des événements sportifs pour éviter d'avoir à éponger ainsi d'autres déficits imprévus.