Excédé d'entendre les entrepreneurs se plaindre des longs délais dans la délivrance des permis à Montréal, Denis Coderre a annoncé une révision complète de la façon dont la métropole traite avec les gens d'affaires. Finis les délais de 160 jours pour simplement rappeler un entrepreneur, le maire veut que les fonctionnaires fournissent des réponses « immédiatement ».

Le maire de Montréal a livré un discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain pour présenter son plan de développement économique pour les trois prochaines années. Parmi les enjeux auxquels il souhaite s'attaquer, Denis Coderre a indiqué souvent entendre des investisseurs se plaindre des difficultés de traiter avec certains arrondissements. Cette semaine, l'ombudsman de Montréal a d'ailleurs révélé dans son rapport annuel qu'un service municipal délivrant des permis avait pour politique de prévoir jusqu'à 160 jours pour rappeler ses interlocuteurs.

Pour aplanir ces difficultés, son administration compte présenter sous peu une nouvelle façon de faire. « On ne veut pas 19 politiques de permis, on en veut une », a-t-il martelé lors d'un discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Entre autres objectifs, il affirme vouloir « enlever la maudite paperasse ».

« Comment peut-on travailler ensemble pour éviter de perdre une occasion d'affaires parce que le permis est arrivé cinq mois en retard ? » 

Afin d'emprunter le virage de la ville intelligente, Montréal développe en ce moment une plateforme internet qui servira de guichet unique pour les investisseurs. L'objectif est de répondre sur-le-champ aux questions des entrepreneurs afin de « délivrer les permis dans des délais extrêmement rapides ». « Il n'y aura pas de "votre appel est important pour nous" avec la petite musique », a-t-il lancé à la blague aux membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Anticipant déjà les critiques de certains arrondissements, Denis Coderre assure qu'il ne s'agit pas là d'un exercice de centralisation. « Ce n'est pas de la centralisation, on parle plutôt d'harmonisation, exactement comme avec notre politique de déneigement », a-t-il dit. Son administration s'affaire en effet à implanter une nouvelle façon de faire pour assurer l'uniformité entre les arrondissements dans l'enlèvement de la neige.

L'opposition ne cache pas son scepticisme, estimant que l'administration Coderre retire des pouvoirs aux arrondissements pour les concentrer à la ville centre. « Je n'ai pas l'impression qu'il y a un problème particulier dans la délivrance des permis. Je ne pense pas que l'uniformisation va régler quoi que ce soit », dit la conseillère de Projet Montréal Laurence Lavigne Lalonde.

L'uniformisation du traitement en matière de délivrance des permis risque d'être difficile à réaliser, prévient l'élue. Ceux-ci sont accordés en fonction des règles d'urbanisme de chaque arrondissement, ce qui peut expliquer selon elle les disparités dans le traitement dans les différents secteurs de Montréal.

«Discrimination positive» pour les PME innovantes

Afin de stimuler la création d'entreprises, le maire Coderre dit vouloir favoriser les « start-up » - ou jeunes PME innovantes - dans certains appels d'offres, sorte de politique de « discrimination positive ». « Si vous voulez avoir de l'expérience, montrer votre savoir-faire, il faut un partenariat », a expliqué Denis Coderre lors de son discours devant la Chambre de commerce. Un changement aux règles d'appels d'offres est présentement en discussion dans le cadre des négociations sur le statut de métropole, a-t-il précisé. Dix pour cent des appels d'offres en approvisionnement pourraient éventuellement être destinés aux jeunes PME innovantes afin d'encourager leur développement.

Montréal veut promouvoir les régions à l'international



Montréal entend faire la promotion du développement économique des régions du Québec à l'international. L'administration Coderre compte inaugurer en 2017 une « Maison des régions » afin d'aider les entreprises loin de la métropole à se développer. Le maire assure que Montréal « ne cherche pas à vider les régions, on veut être le miroir des régions ». L'opposition doute que Montréal soit bien placé pour dire aux régions comment assurer leur développement. « Quand on regarde l'emploi à temps plein et le chômage, on voit que Montréal perd des emplois tandis que toutes les régions en créent, dit Laurence Lavigne Lalonde. Est-ce que ce ne serait pas plutôt aux régions de nous dire comment garder nos emplois ? Ce sont peut-être les régions qui devraient ouvrir une Maison de Montréal. »

Mission économique en Chine

Denis Coderre a indiqué qu'il mènerait une mission économique en Chine à l'automne, donnant toutefois peu de détails sur le déroulement de l'opération. Cette mission survient alors qu'Air China offrira à partir de septembre trois vols directs par semaine entre Montréal et Pékin. Le maire a d'ailleurs invité les gens d'affaires à adopter ce nouveau vol, plutôt qu'à continuer de transiter par l'aéroport de Toronto.